Bigg chez l’USFP : Le rap dérape ?

17 mai 2007 - 01h56 - Maroc - Ecrit par : L.A

Bigg, alias El Khasser, a ouvert le bal lors du septième congrès national de la « chabiba Ittihadya » (Jeunesse de l’USFP) organisé à Rabat le 23 janvier dernier. Le rappeur connu par les mots osés qui marquent ses chansons, semble avoir des atomes crochus avec les socialistes.

C’est Bigg qui était, encore une fois, en vedette le 31 mars dernier dans la soirée d’ouverture du festival « Printemps de la Rose » de l’USFP. Ce soir-là, l’espace Nevada relevant du parc de la Ligue arabe à Casablanca était noir de monde, des jeunes en majorité. Il y avait près de 100.000 spectateurs, estiment les organisateurs de l’événement. Ce n’est que vers minuit passé que le rappeur est monté sur la scène qui était frappée de toutes parts d’une Rose aux couleurs de l’USFP. Ce qui n’a pas manqué d’exaspérer le public qui a failli organiser une manif sur place. Avant El Khasser, d’autres groupes étaient au programme : Nass El Ghiwane, Tagada, Ouled Ben Aguida, mais aussi le groupe de fusion Hoba Hoba Spirit...

« Cet événement a nécessité plus de huit mois de préparation. Il fait partie de la nouvelle stratégie du parti dans le cadre de son ouverture sur toutes les composantes sociales du Maroc. La décision de l’organiser a été prise en 2005, lors du 7e congrès », explique Mohamed Mrini, vice-président de l’association printemps de la rose et membre du B.P de l’USFP.

Le « Printemps de la rose » était-il un festival comme les autres ? Quel coup marque à l’occasion le parti d’El Yazghi par ce qui semble être un marketing politique inédit au Maroc ? Les réponses à ces questions divergent, au point de provoquer une vive polémique chez les sympathisants et membres de l’USFP. Au sein du parti, certains adhérents ne cachent pas leur déception de voir Bigg faire de l’ombre à Lyazghi Une controverse s’anime également entre rappeurs et aussi dans le public..
Des épines dans la Rose

« Les adolescents qui viennent applaudir El Khasser ne connaissent même pas le nom de notre chef de parti. Et même à la fin du concert organisé sous la bannière de l’USFP, ils repartent sans le connaître. Alors à quoi nous a servi tout ce tralala ? », s’indigne H.A, usfpéiste de longue date. Son jeune camarade, membre de la jeunesse du parti, confirme : « les débats politiques organisés en marge du festival n’ont pas attiré grand monde. De nombreux jeunes que je connais sont venus uniquement pour assister au spectacle. Ce n’est pas pour autant qu’ils viendront demain participer à nos réunions, à moins que celles-ci soient présidées par El Khasser ».

Ces propos confirment que le message politique n’est pas vraiment passé lors du festival. Pourtant, le premier responsable de l’USFP a anticipé en tentant de dissiper l’incompréhension que pourrait susciter le choix anticonformiste de mêler un spectacle dérangeur à la politique. Il a expliqué dès l’ouverture du Printemps de la rose : « Ce festival constitue la meilleure réponse à l’idéologie obscurantiste qui prône la haine, la violence et l’exclusion de l’autre et exploite l’Islam qui est en réalité une religion de tolérance, de paix et de progrès à des fins idéologiques ». En réponse à la philosophie du chef, nombreux sont les usfpéistes qui estiment que le rap n’est pas un programme politique pour contrer les obscurantistes. Désabusés, ils sont plutôt demandeurs d’actions concrètes de terrain à l’approche des prochaines législatives.

L’avis d’El Khasser

Pour Bigg, la question est tranchée : « je n’ai pas chanté pour l’USFP, mais juste pour mon public ». Et de préciser : « je ne cautionne personne, parce que je n’ai aucune couleur politique, aucune carte d’aucun parti et je n’en aurai pas ». Comme les jeunes de son âge, le rappeur estime qu’il ne se reconnaît dans aucun parti marocain. Ces propos ne font pas l’unanimité. Certains fans de Bigg ne lui pardonnent pas le fait d’avoir « vendu sa voix aux socialistes ». « Je n’admets pas de le voir au milieu des politiques qu’il ne cesse de critiquer », regrette Maissa, une inconditionnelle d’El Khasser.

H-Kayne, Darga et Fnaire boycottent les partis

De peur de fâcher leur public Fnaïre, H-Kayne et Darga ont choisi de boycotter le festival de la Rose. « Nous voulons bien inciter les jeunes à la participation politique, mais nous refusons de le faire sous une quelconque bannière politique », martèle Hicham Kabbaj, manager de H-Kayne. Ce groupe a également décliné une invitation du PSU qui voulait donner du rythme à son congrès organisé du 16 au 18 février à Bouznika. Badre Belhachmi, alias Pedro, du groupe Darga, est lui aussi intransigeant : « nous ne voulons faire le jeu d’aucun parti par respect pour notre public ». « Dans le contexte électoral actuel, nous refusons de nous donner le droit d’influer sur le choix politique de nos fans », insiste Pedro qui tient à souligner que ses propos n’engagent que sa propre personne. Et de conclure : « en plus, nous ne trouvons pas encore au Maroc une étiquette politique qui mérite d’être défendue ». La messe est dite.

PPS : Une fleur pour les Amazighs

Le 22 avril au théâtre Mohammed V à Rabat, c’était la fête pour le PPS. Le parti d’Ismaïl Alaoui a organisé une soirée chantante et dansante en hommage à la chanteuse amazighe Hadda Ouaàkki. L’humoriste Saïd Naciri et le chanteur amazighe Omar Boutamzought étaient les vedettes de la soirée. Les organisateurs disent avoir offert ce spectacle en hommage aux femmes et eux jeunes. C’est à dire, à la tranche la plus intéressante de l’électorat au Maroc. De son côté, le parti Socialiste, sorti du giron de l’USFP et du syndicat qui en était proche, la CDT, vient d’organiser un autre spectacle. C’était à l’occasion de la tenue du congrès constitutif de son département des femmes qui vient d’avoir lieu à Rabat. C’est Saïd El Maghribi qui était la tête d’affiche du parti de Abdelmagid Bouzoubaà.

Daba 2007 : Rythm and politic

A l’initiative de Daba 2007, le groupe Darga a donné un spectacle à Marrakech le samedi 5 mai devant 5000 personnes. Bien sûr, pour l’Association organisatrice de l’événement, l’objectif est clair : « inviter les jeunes à la participation active dans la vie politique nationale ». Entre deux chansons de Darga, Daba 2007 transmettait ses messages au jeune public. Les mêmes messages que ne cesse de répéter l’association de Noureddine Ayouche à travers tous les média nationaux pour que les jeunes fassent entendre leur voix. Contrairement au refus signifié pour les partis politiques par certains groupes, c’est avec un engagement marqué que les groupes de la nouvelle scène adhèrent aux clips et spectacles de Daba 2007.
Daba 2007 fait des émules

Mehdi Benslim, patron de clicagency qui est la première agence de management d’artistes au Maroc, prépare un méga projet pour l’incitation des jeunes à la participation politique. M. Benslim n’en dit pas plus, préférant réserver la surprise au public.
La chanson au service de la Moudawana

La politique et la chanson font bon ménage pour Najat Atabou. Mais, ce n’est pas tant pour parler des années de plomb, de prison... Pour cette chanteuse populaire, sa chanson sur la Moudawana (le code de la famille) est également porteuse d’un message politique. Celui de faire connaître des décisions politiques auprès de toutes les couches de la société marocaine. A travers des refrains faciles à assimiler, N. Atabou, explique les nouvelles dispositions concernant le divorce, la garde des enfants... Alors, « Wache fhamtou al moudawana oula nechraha likoum ana ? » (est-ce que vous avez compris le code de la famille ou voulez-vous que je vous l’explique ?). C’est Najat Atabou qui pose la question dans sa chanson.

Le Reporter - Mohamed Zainabi

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