CAN 2008, des raisons d’y croire

13 janvier 2008 - 20h57 - Sport - Ecrit par : L.A

Il a suffi d’un bon match (amical) contre la France pour réveiller les supporters du onze national, qui se mettent à rêver d’un sacre continental. À trois semaines du début de la CAN, où en sommes-nous vraiment ?

En quatre ans, nous avons tout connu. D’abord l’euphorie d’une campagne tunisienne brillante en 2004, ensuite la cruelle désillusion de l’élimination de la Coupe du monde 2006, suivie de près par une terne virée égyptienne, puis la morne campagne éliminatoire pour la CAN 2008. Une année quasiment blanche, où les matches contre le Zimbabwe ou le Malawi n’ont jamais passionné les foules – on comprend pourquoi. Il y a également eu l’épisode tragi-comique du passage-éclair de Philippe Troussier, et le limogeage de M’hamed Fakhir, le coach qui a atteint les objectifs fixés mais à qui on a reproché de ne pas être assez “glamour”.

En tout, quatre entraîneurs en quatre ans. Aujourd’hui, une nouvelle page s’ouvre, avec le retour d’Henri Michel et une alléchante Coupe d’Afrique des nations qui débute. Un plateau de rêve, pour une compétition devenue incontournable au niveau mondial. Pour les supporters marocains, la CAN n’est plus un sous-tournoi ou une simple préparation pour la prestigieuse Coupe du monde. Non, c’est un titre majeur qu’on demande aux Lions de l’Atlas de gagner, tout simplement. En ont-ils les moyens ?

Un groupe plus mûr

Il suffit de regarder la composition de l’équipe alignée contre la France pour s’en rendre compte : il s’agit de la même ossature que celle qui nous avait fait rêver en 2004. Youssouf Hadji, Marwane Chamakh, Youssef Mokhtari, Abdeslam Ouaddou, Youssef Safri et Talal El Karkouri sont toujours là. Et même Khalid Fouhami est revenu. Autant dire que le groupe a gagné en maturité. Mieux encore, tous ces joueurs sont titulaires dans leurs clubs. Chamakh - pour ne citer que lui - a enfin digéré son transfert raté à Lyon et s’est remis au travail. Et puis, il y a les nouveaux venus dans le groupe. Ils s’appellent Soufiane Alloudi, qui ne devrait pas faire de vieux os au Qatar s’il joue à son niveau, le revenant Tarik Sektioui, titulaire au FC Porto (leader du championnat portugais et brillant en Champion’s League), et Michaël Chrétien Basser, une incontestable révélation.

Tous les techniciens accordent à cette équipe un potentiel technique plus qu’intéressant. Contre l’équipe de France, puis celle du Sénégal, on a pu apprécier un jeu vif et inspiré. Le quotidien référence, L’Equipe, a parlé “d’équipe séduisante”, et Raymond Domenech, le sélectionneur français, “d’une bonne opposition, qui a obligé le onze français à réagir et à souffrir”. Mais il ne s’agissait que de matches amicaux, bien sûr, et tenus en France, c’est-à-dire dans de bonnes conditions de jeu. Ce sera probablement aussi le cas au Ghana, où le Maroc jouera sur des terrains flambant neuf. Henri Michel - grand angoissé des conditions de jeu africaines - devrait être rassuré. Autre point positif : le tirage au sort. Certes, nous aurons à affronter le Ghana à domicile, mais il s’agira du troisième match de poule. Auparavant, les adversaires du Maroc se nomment Namibie puis Guinée. On connaît l’importance du premier match dans ce genre de compétitions. Son résultat détermine fortement la suite des événements. La Namibie ne devrait pas être un obstacle insurmontable et, en cas de victoire d’entrée, le Maroc pourra gérer sereinement les matchs suivants.

Un état d’esprit conquérant

Les joueurs du groupe ont globalement l’impression d’avoir loupé quelque chose en Tunisie. Avec Henri Michel, ils ont retrouvé le sourire. “Il nous a redonné la joie de jouer, tout simplement. Il n’a pas fait de grand discours, juste quelques mots pour nous mettre en confiance. C’est un grand coach, c’est sûr”, s’extasie Abdeslam Ouaddou. M’hamed Fakhir, lui, n’a jamais pu bénéficier de cette adhésion. Tout d’abord parce qu’il n’était pas soutenu par sa fédération, qui l’a régulièrement présenté comme un pis-aller. Ensuite parce que son arrivée à deux semaines de la CAN égyptienne a plombé son début de parcours. Henri Michel, lui, est un affectif, un homme qui donne envie aux joueurs de se défoncer pour lui, qui privilégie le spectacle. Rappelez-vous de l’épopée française de 1998 : malgré l’élimination, malgré la déculottée face au Brésil, le Maroc avait marqué cinq but brillants en trois matchs !

En route pour la joie ?

Une Coupe d’Afrique réussie, c’est la combinaison de plusieurs éléments. Un état d’esprit irréprochable, une bonne forme physique, un projet de jeu cohérent… et un peu de chance. La chance, c’est la force des grandes équipes. C’est le ballon qui frappe du bon côté du poteau, l’arbitre qui siffle quand il le faut, les blessures qui ne viennent pas tout ruiner… Bref, c’est une culture, celle de la victoire. “Je ne me bats pas pour gagner, je me bats contre l’idée de perdre”, disait Eric Cantona, le “philosophe” du football. Les Marocains sauront-ils le faire ? Chaque fois qu’ils ont été mis au pied du mur, à deux doigts d’un exploit, ils ont failli.

On se souvient de la finale de 2004, incroyablement brouillonne, malgré un tournoi réussi. On se souvient aussi du match décisif à Radès, où ils ont mené deux fois au score, avant de se retrouver éliminés de la Coupe du monde 2006. Incontestablement, nous n’avons pas eu, jusqu’à présent, une équipe de guerriers, capables de tenir un résultat. Henri Michel a déclaré que “la prochaine CAN est un objectif prioritaire, mais la cerise sur le gâteau serait de se qualifier pour la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud”. Le principal obstacle entre nous et ce fameux titre continental, c’est cette manière de privilégier la Coupe du monde et ses spotlights, aux joutes africaines, longtemps jugées obscures. Cette manière de développer un jeu séduisant face à la France et de s’ennuyer ferme face au Malawi. Surtout lorsqu’on est favori. Aux Lions de démontrer qu’ils ont changé : ils ont désormais toutes les cartes en main.

TelQuel - Réda Allali

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