Une chaîne amazighe bientôt sur les écrans

26 décembre 2007 - 16h59 - Culture - Ecrit par : L.A

En 2008, le paysage audiovisuel va accueillir un nouveau-né : une chaîne amazighe. Une date circule déjà. « Il est fort probable que l’annonce officielle de son lancement soit le 14 janvier », affirme Karim Taj, conseiller au ministère de la Communication. La Primature va d’ailleurs présider la prochaine réunion de la commission mixte qui veille sur le projet. Elle est fixée à la même date. Cette dernière parraine techniquement la création de la TV amazighe.

Le projet est quasiment mature depuis 5 mois. Presque tous les paramètres de faisabilité ont été ficelés : grille des programmes, locaux, formation...

Le principal obstacle, celui du financement, a aussi été dépassé. Une enveloppe de 150 millions de DH sera versée à la chaîne. Il est possible que « son montant soit augmenté », précise Mohammed Sallou, chercheur à l’Ircam et membre de la commission mixte.

Le volet financement a pourtant piétiné. La première option, appuyée par le ministère des Finances, a recommandé le recours au fonds audiovisuel. Mais ses recettes sont aléatoires. Pourtant, le financement d’une chaîne exige un budget « stable et durable ». Finalement, les 150 millions de DH émaneront du budget général du gouvernement. Une sorte d’« accréditation » politique à un projet audiovisuel électoralement porteur. Il ne faut pas seulement des fonds pour créer une chaîne. La définition d’une ligne éditoriale est incontournable. Elle s’est inspirée entre autres du « discours royal d’Ajdir, du dahir portant création de l’Ircam... », précise Mohammed Sallou. L’allocution royale du 17 octobre 2001 prononcée à Khenifra a mis l’accent sur une « reconnaissance intégrale de notre histoire ». Elle a évacué par la même occasion toute récupération politique de la berbérité du Maroc.

La langue a souvent été un cheval de bataille. Lorsque le Mouvement populaire revendique l’amazighité, le Parti de l’Istiqlal défend lui l’arabité. Tous les combats sont légitimes à condition que les intentions soient nobles. Du côté de l’IRCAM on insiste sur la notion de représentativité culturelle et l’apolitisme de la future chaîne. La Haca a d’ailleurs planché en septembre dernier, sur son avenant. Il sera intégré au cahier de charges de la SNRT. Car la TV Amazigh va intégrer son bouquet composé d’Al Oula et de 2M notamment.

« 70% de la programmation sera exclusivement en berbère », affirme Sallou, membre de la commission mixte. Un sous-titrage en arabe classique est prévu. Et les téléspectateurs francophones, hispanophones...? Aucune visibilité pour l’instant.

Au démarrage, une « diffusion quotidienne de 6 heures est programmée. Elle sera progressivement étendue », assure Karim Taj. C’est qu’il faudra d’abord constituer un stock d’émissions. « Un délai d’un an devrait être accordé aux maisons de production », affirme Fawsi Al Houssine. Sa société, Fawzi Vision, a produit le premier film amazighe « Imourane ». Son réalisateur Abdellah Dari a d’ailleurs été primé au festival du Caire.
La disponibilité et la qualité du contenu sont la prochaine étape... à dépasser. Sinon, attention au flop.

L’Economiste - Faiçal Faquihi

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Amazigh - Télévision - Ircam

Ces articles devraient vous intéresser :

Tourné au Maroc, « Marie » clashé par le public

Les internautes ne sont pas tendres avec le film Marie, tourné à Chefchaouen (Maroc), qui cartonne pourtant sur Netflix depuis quelques jours.

L’actrice marocaine Souad Saber met fin de sa carrière

La comédienne marocaine Souad Saber, figure emblématique du cinéma et de la télévision marocains, a annoncé son retrait de la scène artistique marocaine.

Des erreurs sur les panneaux d’autoroutes marocaines

Le député Kamal Ait Mik, membre du groupe parlementaire du Rassemblement national des indépendants (RNI) à la Chambre des conseillers, a relevé des erreurs dans l’écriture des mots amazighs sur les panneaux de signalisation routière.

Les Marocains en colère contre la chaîne Laayoune TV

Les téléspectateurs de la chaîne Laayoune TV ont été nombreux à exprimer leur colère en raison de l’usage d’un mot « grossier » par une actrice dans une scène de la série marocaine Garfaf, diffusée durant le mois de Ramadan.

"Terminal" : Jamel Debbouze et Ramzy Bedia réunis 25 ans après "H"

Canal+ a dévoilé la date de sortie de « Terminal – Bienvenue à l’aéroport », la sitcom produite, écrite, réalisée et interprétée par Jamel Debbouze. Une nouvelle collaboration entre la chaîne cryptée et l’humoriste franco-marocain 25 ans après la série...

Le Maroc va lancer de nouvelles chaînes de télévision

La Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) du Maroc vient d’autoriser la création de quatre nouvelles chaines de télévision publiques dédiées au sport.

Décès de Mustapha Zaari, le Maroc perd un grand comédien

Le monde du spectacle marocain est en deuil. Mustapha Zaari, acteur emblématique du théâtre et de la télévision, s’est éteint mardi à Casablanca à l’âge de 79 ans.

Au Maroc, un député veut éradiquer la darija francisée

Préoccupé par le phénomène de la darija marocaine francisée et son impact sur l’identité linguistique et culturelle, le député Mohamed Baddou du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) interpelle Mehdi Bensaïd, ministre de la Culture, de la Jeunesse et...

Sur Al Oula, une scène jugée humiliante pour l’homme marocain

L’actrice Sahar Seddiki essuie des critiques de la part des internautes à cause d’une scène de la série dramatique et sociale « Jarah Qadim » (“Une ancienne blessure”), diffusée sur la chaîne Al Aoula pendant le ramadan, la montrant en train de...

Mohamed El Khalfi, pionnier du théâtre marocain, est décédé

Mohamed El Khalfi, figure emblématique du théâtre et de la télévision marocaine, est décédé samedi à Casablanca, à l’âge de 87 ans. L’acteur et metteur en scène avait quitté l’hôpital la veille après plusieurs semaines d’hospitalisation.