Soupçonnés d’avoir voulu faire chanter le roi du Maroc, Éric Laurent, 75 ans, ancien reporter de Radio France et du Figaro Magazine, par ailleurs chroniqueur à France Culture et Catherine Graciet, 48 ans, autrice de livres sur le Maghreb, tous deux auteurs en 2012 d’un ouvrage sur Mohammed VI interdit au Maroc, « Le roi prédateur », seront fixés sur leur sort demain mardi 14 mars. Lors de leur comparution en audience le 16 janvier à la 10ᵉ chambre correctionnelle de Paris, le procureur de la République avait requis des peines d’un an de prison avec sursis contre chacun des deux accusés, assorties d’une amende 15 000 euros.
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Les faits reprochés aux deux journalistes remontent à l’été 2015. Éric Laurent avait un rendez-vous avec un émissaire de la monarchie, l’avocat Hicham Naciri, après avoir contacté le secrétariat particulier du roi Mohammed VI, le 23 juillet 2015. La rencontre se tient au bar d’un palace parisien le 11 août 2015. Le journaliste lui fait part de son intention de publier un livre explosif sur le souverain. Un accord financier pour la non-publication de l’ouvrage sera proposé.
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Assis sur une chaise à la barre du tribunal, Éric Laurent raconte : « Je lui décris le contenu du livre », qui prévoit d’évoquer des tensions dans la famille royale et des accusations de malversations financières impliquant des entreprises publiques du pays. « Me Naciri me dit : ‘Tout ça, ça ne nous arrange pas’, et très vite on bascule sur une transaction. C’est lui qui propose », affirme-t-il. « C’est pas comme ça que ça s’est passé », réplique Ralph Boussier, l’un des avocats de l’État marocain, pour qui c’est bien Éric Laurent qui « évoque un arrangement ».
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À l’issue de cette première rencontre, le Maroc dépose une plainte à Paris. Celle-ci donne lieu à l’ouverture d’une enquête. 21 août 2015 : nouvelle rencontre entre les deux hommes dans le même hôtel. Statu quo. Une troisième rencontre – décisive – aura lieu le 27 août dans un autre hôtel. Catherine Graciet entre en scène. Celle-ci et Éric Laurent « signent un accord financier à hauteur de 2 millions d’euros pour retirer le projet de livre. » Par la suite, les deux journalistes seront interpellés avec deux enveloppes contenant chacune 40 000 euros en liquide. Leurs interpellations font suite à la remise par l’émissaire du souverain des enregistrements des trois rencontres. « Cet enregistrement est un faux », balaie Eric Laurent.