TGV : 1500 km pour 100 milliards de DH !

20 juin 2007 - 10h02 - Maroc - Ecrit par : L.A

Evoqué pour la première fois de manière réaliste en 2003, le projet de construction de lignes ferroviaires à grande vitesse prend forme. Certes, de manière progressive, mais la lenteur du processus est normale quand on connaît l’ampleur qu’un tel projet pourrait revêtir, aussi bien sur le plan financier que technique. En effet, alors qu’en 2003 on parlait d’une seule ligne, aujourd’hui, le Maroc envisage la mise en place au cours des 20 prochaines années d’un réseau de 1 500 km. A 70 MDH en moyenne le km (prix d’aujourd’hui), le compte est vite fait : le chantier nécessitera pas moins de 100 milliards de DH d’investissements, auxquels il faudra, bien entendu, ajouter le coût des rames.

Un projet conçu autour de l’idée de la liaison Maghreb-Europe

Mais le Maroc y tient. De hauts responsables marocains ont effectué ces derniers mois des visites de consultation en France pour s’entretenir aussi bien avec leurs homologues au sein de l’administration que pour avoir le point de vue des constructeurs. Il y a quelques jours, le dossier a fait l’objet de consultations avec les responsables de la Commission européenne, lors de la présentation conjointe maroco-espagnole du projet de liaison fixe à travers le détroit de Gibraltar « et de ses prolongements pour relier les réseaux ferroviaires marocain et espagnol », lit-on dans un communiqué du ministère du transport et de l’équipement.

Le même texte conclut sur une annonce : « Dans la partie sud (de la Méditerranée : NDLR), les axes ferroviaires comportent l’axe Tanger-Casablanca-Agadir et Casablanca-Oujda, qui s’inscrivent dans le cadre du schéma directeur des lignes ferroviaires à grande vitesse planifié par le Maroc, visant à doter le pays, à l’horizon 2030, d’un réseau d’une longueur de 1 500 kilomètres ». On ne peut être plus clair. En fait, l’idée de trains à grande vitesse (TGV) ne date pas d’aujourd’hui. Déjà dans les années quatre-vingt, des études avaient été réalisées pour l’axe Marrakech-Agadir. Des études qui ont coûté beaucoup de temps et d’argent, mais qui sont restées, faute de moyens, dans les tiroirs de l’administration.

En 2003 une étude plus poussée a démontré que si de nouvelles lignes ferroviaires devaient être construites, c’est l’option TGV qui resterait la plus rentable, car c’est la plus intéressante en termes de trafic et de rentabilité financière et socio-économique. En d’autres termes, pourquoi construire des lignes ferroviaires classiques qui n’apporteraient aucun gain de temps ? C’est là que réside la pertinence du projet. Et ce sont donc les couloirs Tanger-Casablanca- Agadir, via Essaouira, et Casablanca-Oujda qui ont été retenus.

On l’aura compris, c’est la liaison entre le Maroc et l’Europe, d’une part, et entre le Maroc et les autres pays du Maghreb, de l’autre, qui préside à cette vision globale, même si les deux options restent tributaires des aléas politiques. Aujourd’hui, les voisins ibériques soutiennent bec et ongles la liaison fixe à travers le détroit, mais qu’en sera-t-il demain si la majorité politique change en Espagne ? L’Etat marocain mise sur l’avenir et entend réaliser son projet. Les études semblent bien avancées. L’étude de faisabilité pour le tronçon de la ligne Tanger-Casablanca-Agadir via Essaouira est, de source proche du ministère de l’équipement, quasiment achevée.

Cette étude est menée par un groupement dirigé par Systra qui est aussi impliqué dans les projets de tramway de Rabat et Casablanca. Les tracés qui seraient adoptés aussi bien pour cette ligne que pour Casablanca-Oujda, n’épouseraient pas les lignes existantes dont les tracés sont inadaptés aux trains à grande vitesse. Mais ce n’est pas une déperdition, car les lignes actuelles continueront d’être exploitées pour le transport de marchandises et de voyageurs pour les petites distances ou les navettes. En effet, explique un ingénieur au fait de ces dossiers, ce qui fait la différence entre un train conventionnel et un TGV, ce n’est pas la technologie qui est pratiquement la même, mais l’alignement des voies.

Les lignes TGV ne souffriraient pas de contournement d’obstacles ou de courbes, mais doivent être droites autant que possible. Par conséquent, la construction d’une voie pour TGV nécessite obligatoirement le creusement de tunnels ou l’édification de ponts dans les reliefs accidentés et, par ailleurs, une signalisation spéciale. Autrement, les matériaux de construction sont strictement les mêmes.

Autre argument qui a fait pencher la balance du côté du train à grande vitesse : la saturation en termes de trafic des lignes Rabat-Tanger, et Settat-Marrakech, notamment durant les périodes de pointe. Alors, autant passer à autre chose....

17 milliards de DH à investir dans le rail en 5 ans

L’Office national des chemins de fer (ONCF) est engagé depuis 2005 dans un ambitieux plan de développement quinquennal avec, à la clé, un investissement de 17,2 milliards de DH. Ce montant équivaut à ce qui a été investi par l’office durant plus de 20 ans. Les priorités sont le doublement des voies pour répondre à une hausse du trafic de plus en plus importante, la remise à niveau des voies existantes et certaines extensions comme Taourirt-Nador, qui est aujourd’hui réalisée à 70%.

Par ailleurs, l’office est en train d’acquérir une vingtaine de rames à double étage dont cinq déjà livrées et en circulation. De même, commande a été passée pour plusieurs wagons de marchandises, le programme de rénovation de toutes les gares va bon train, avec le même traitement pour toutes les stations qu’elles soient petites ou grandes. Le constat a été fait par les responsables de l’ONCF que la rénovation des gares a contribué à augmenter le trafic même quand le nombre de dessertes reste inchangé.

Enfin, un effort sérieux est fait pour augmenter les dessertes là où c’est nécessaire. Ainsi, à partir du 25 juin courant, il y aura entre Casablanca et El Jadida, un départ toutes les deux heures, entre
6 heures et 18 heures.

La vie éco - Mohamed Moujahid
TGV : 1500 km pour 100 milliards de DH !

Evoqué pour la première fois de manière réaliste en 2003, le projet de construction de lignes ferroviaires à grande vitesse prend forme. Certes, de manière progressive, mais la lenteur du processus est normale quand on connaît l’ampleur qu’un tel projet pourrait revêtir, aussi bien sur le plan financier que technique. En effet, alors qu’en 2003 on parlait d’une seule ligne, aujourd’hui, le Maroc envisage la mise en place au cours des 20 prochaines années d’un réseau de 1 500 km. A 70 MDH en moyenne le km (prix d’aujourd’hui), le compte est vite fait : le chantier nécessitera pas moins de 100 milliards de DH d’investissements, auxquels il faudra, bien entendu, ajouter le coût des rames.

Un projet conçu autour de l’idée de la liaison Maghreb-Europe

Mais le Maroc y tient. De hauts responsables marocains ont effectué ces derniers mois des visites de consultation en France pour s’entretenir aussi bien avec leurs homologues au sein de l’administration que pour avoir le point de vue des constructeurs. Il y a quelques jours, le dossier a fait l’objet de consultations avec les responsables de la Commission européenne, lors de la présentation conjointe maroco-espagnole du projet de liaison fixe à travers le détroit de Gibraltar « et de ses prolongements pour relier les réseaux ferroviaires marocain et espagnol », lit-on dans un communiqué du ministère du transport et de l’équipement.

Le même texte conclut sur une annonce : « Dans la partie sud (de la Méditerranée : NDLR), les axes ferroviaires comportent l’axe Tanger-Casablanca-Agadir et Casablanca-Oujda, qui s’inscrivent dans le cadre du schéma directeur des lignes ferroviaires à grande vitesse planifié par le Maroc, visant à doter le pays, à l’horizon 2030, d’un réseau d’une longueur de 1 500 kilomètres ». On ne peut être plus clair. En fait, l’idée de trains à grande vitesse (TGV) ne date pas d’aujourd’hui. Déjà dans les années quatre-vingt, des études avaient été réalisées pour l’axe Marrakech-Agadir. Des études qui ont coûté beaucoup de temps et d’argent, mais qui sont restées, faute de moyens, dans les tiroirs de l’administration.

En 2003 une étude plus poussée a démontré que si de nouvelles lignes ferroviaires devaient être construites, c’est l’option TGV qui resterait la plus rentable, car c’est la plus intéressante en termes de trafic et de rentabilité financière et socio-économique. En d’autres termes, pourquoi construire des lignes ferroviaires classiques qui n’apporteraient aucun gain de temps ? C’est là que réside la pertinence du projet. Et ce sont donc les couloirs Tanger-Casablanca- Agadir, via Essaouira, et Casablanca-Oujda qui ont été retenus.

On l’aura compris, c’est la liaison entre le Maroc et l’Europe, d’une part, et entre le Maroc et les autres pays du Maghreb, de l’autre, qui préside à cette vision globale, même si les deux options restent tributaires des aléas politiques. Aujourd’hui, les voisins ibériques soutiennent bec et ongles la liaison fixe à travers le détroit, mais qu’en sera-t-il demain si la majorité politique change en Espagne ? L’Etat marocain mise sur l’avenir et entend réaliser son projet. Les études semblent bien avancées. L’étude de faisabilité pour le tronçon de la ligne Tanger-Casablanca-Agadir via Essaouira est, de source proche du ministère de l’équipement, quasiment achevée.

Cette étude est menée par un groupement dirigé par Systra qui est aussi impliqué dans les projets de tramway de Rabat et Casablanca. Les tracés qui seraient adoptés aussi bien pour cette ligne que pour Casablanca-Oujda, n’épouseraient pas les lignes existantes dont les tracés sont inadaptés aux trains à grande vitesse. Mais ce n’est pas une déperdition, car les lignes actuelles continueront d’être exploitées pour le transport de marchandises et de voyageurs pour les petites distances ou les navettes. En effet, explique un ingénieur au fait de ces dossiers, ce qui fait la différence entre un train conventionnel et un TGV, ce n’est pas la technologie qui est pratiquement la même, mais l’alignement des voies.

Les lignes TGV ne souffriraient pas de contournement d’obstacles ou de courbes, mais doivent être droites autant que possible. Par conséquent, la construction d’une voie pour TGV nécessite obligatoirement le creusement de tunnels ou l’édification de ponts dans les reliefs accidentés et, par ailleurs, une signalisation spéciale. Autrement, les matériaux de construction sont strictement les mêmes.

Autre argument qui a fait pencher la balance du côté du train à grande vitesse : la saturation en termes de trafic des lignes Rabat-Tanger, et Settat-Marrakech, notamment durant les périodes de pointe. Alors, autant passer à autre chose....

17 milliards de DH à investir dans le rail en 5 ans

L’Office national des chemins de fer (ONCF) est engagé depuis 2005 dans un ambitieux plan de développement quinquennal avec, à la clé, un investissement de 17,2 milliards de DH. Ce montant équivaut à ce qui a été investi par l’office durant plus de 20 ans. Les priorités sont le doublement des voies pour répondre à une hausse du trafic de plus en plus importante, la remise à niveau des voies existantes et certaines extensions comme Taourirt-Nador, qui est aujourd’hui réalisée à 70%.

Par ailleurs, l’office est en train d’acquérir une vingtaine de rames à double étage dont cinq déjà livrées et en circulation. De même, commande a été passée pour plusieurs wagons de marchandises, le programme de rénovation de toutes les gares va bon train, avec le même traitement pour toutes les stations qu’elles soient petites ou grandes. Le constat a été fait par les responsables de l’ONCF que la rénovation des gares a contribué à augmenter le trafic même quand le nombre de dessertes reste inchangé.

Enfin, un effort sérieux est fait pour augmenter les dessertes là où c’est nécessaire. Ainsi, à partir du 25 juin courant, il y aura entre Casablanca et El Jadida, un départ toutes les deux heures, entre
6 heures et 18 heures.

La vie éco - Mohamed Moujahid

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Investissement - Transport ferroviaire - TGV - Maroc - Transport en commun

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : des nouveaux bus dans tout le pays

Le ministère de l’Intérieur a annoncé le lancement d’un vaste plan de modernisation du secteur des transports urbains dans les collectivités du pays. Doté d’une enveloppe de 11 milliards de dirhams, ce programme promet de transformer en profondeur les...

Maroc : 32 villes dotées de 3 500 bus flambant neufs

Le Maroc va mobiliser 10 milliards de dirhams pour l’acquisition d’une flotte de 3 500 bus de transport urbain au profit de 32 villes sur la période 2024-2029, a annoncé lundi Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur.

TGV Kénitra-Marrakech : les entreprises marocaines en force

Une nouvelle entreprise marocaine se voit attribuer un marché de taille dans le cadre du projet de ligne grande vitesse Kénitra-Marrakech.

Maroc : ces logements désertés par les MRE

Le Maroc fait face à un phénomène croissant : celui des « logements fantômes ». Selon les estimations, plus de 2 millions d’appartements seraient inoccupés dans le pays. Un chiffre qui donne le vertige, alors même que l’accès au logement demeure un...

Au Maroc, la voiture d’occasion a la cote

Les Marocains se tournent plus que jamais vers l’occasion pour l’achat de leur véhicule. En témoigne le nombre de mutations enregistrées en 2024.

Le Maroc ambitionne de produire ses propres rames de train

Le Maroc se met sur les rails de la production ferroviaire avec un projet ambitieux d’usine de fabrication de rames de train, a annoncé Abdessamad Kayouh, ministre du Transport et de la Logistique, devant la Chambre des représentants.

Accélération des travaux du futur TGV Kenitra-Marrakech

Le projet d’extension de la Ligne à grande vitesse (LGV) Kenitra-Marrakech est entré dans sa phase active. L’Office national des chemins de fer (ONCF) vient de lancer les travaux d’ouvrage d’art et de rétablissement de communication entre les gares...

Immobilier au Maroc : des changements pour le transfert de propriété

Au Maroc, le transfert de propriété ne se fera plus comme avant, la loi de finances 2025 ayant revisité les conditions applicables à l’inscription des actes et conventions à l’Agence Nationale de la Conservation Foncière, du Cadastre et de la...

Le Maroc séduit les investisseurs étrangers

Le Maroc attire plus que jamais les investissements étrangers. En témoigne le dernier rapport publié par l’Office des Changes.

Transport au Maroc : des milliards injectés pour un réseau modernisé et sécurisé

Le budget du ministère du Transport et de la logistique pour l’année 2025 s’élève à 13 milliards de dirhams, a annoncé mardi Abdessamad Kayouh, en charge de ce département. Ils serviront à moderniser les infrastructures de transport routier, aérien et...