Comment le Maroc compte contourner la taxe carbone européenne

16 juillet 2024 - 07h00 - Maroc - Ecrit par : P. A

Certains pays d’Afrique du Nord, dont le Maroc, mettent en place des infrastructures de transport et de stockage du CO₂ pour échapper à la nouvelle taxe carbone de l’Union européenne.

« Il y a des pays d’Afrique du Nord qui travaillent depuis trois ans à créer des infrastructures de transport et de stockage parce qu’ils ont épuisé leurs gisements de gaz. Le message qu’ils envoient aux pays est d’implanter une usine sur leurs territoires, avec captage du CO₂, et qu’ils enverront ensuite vers le stockage géologique profond dans des zones appauvries en gaz. Tout cela à un prix raisonnable, car la moitié de l’infrastructure est réalisée », indique la Plateforme technologique espagnole de CO₂.

La nouvelle taxe carbone de l’UE oblige les États membres à réduire leurs émissions de CO₂ dans leur production. Ce qui n’est pas le cas au Maroc et en Algérie. En Espagne, il existe une réglementation pour développer des projets comme celui en cours à Alger et à Rabat, conformément à une directive européenne. Mais aucune stratégie n’est mise en place pour promouvoir ces infrastructures, relaie The Objective.

À lire : Taxe carbone : Le tournant vert européen ouvre la voie à Tanger Med

Parmi les nombreuses technologies utilisées pour capter le CO₂, l’une des plus connues est une installation qui absorbe directement le gaz sorti des usines et le sépare du dioxyde de carbone. Ce gaz est ensuite compressé et acheminé via un pipeline jusqu’au site de stockage géologique ou, s’il est proche du rivage, stocké sur un navire. Le ministère espagnol de la Transition écologique estime qu’il « n’est pas encore nécessaire » de développer cette technologie, en raison de la disponibilité de l’hydrogène vert.

Par ailleurs, le paiement de la taxe carbone aura des effets néfastes sur les ports de l’UE. « Un navire qui quitte Shanghai (Chine), s’arrête à Algésiras et débarque enfin à Rotterdam, paiera les émissions de la Chine vers l’Espagne et ensuite de notre pays vers les Pays-Bas. Mais si ce navire fait escale dans un port qui ne figure pas sur la liste de l’UE, comme Nador (Maroc), il ne sera pas compté comme venant de Shanghai, mais du port d’Afrique du Nord. Une situation qui incite à y accoster, car le trajet est plus court », analysent les experts du secteur.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Union européenne - Algérie - Gaz

Aller plus loin

Le Maroc se met à la taxe carbone

Des experts livrent leurs réflexions sur l’impact que la mise en place de la taxe carbone pourrait avoir sur l’économie marocaine ainsi que l’industrie marocaine.

La plus grande ferme d’élimination de CO2 au monde sera au Maroc

Le Maroc va accueillir la plus grande ferme d’algues de 30 hectares visant à éliminer naturellement l’atmosphère du dioxyde de carbone (CO2). Le projet est porté par la société...

Tanger Med menace les ports européens

Malte craint l’avantage fiscal du port Tanger Med à cause de l’introduction d’une taxe environnementale dans les pays de l’Union européenne(UE) à partir de 2024. Les grandes...

Taxe carbone : Le tournant vert européen ouvre la voie à Tanger Med

La mise en place de la taxe verte européenne, ciblant les émissions polluantes des navires dans les ports du vieux continent, soulève des inquiétudes quant à l’avenir des ports...