La société britannique Chariot Oil & Gas a récemment annoncé avoir fait une importante découverte de gaz naturel au Maroc, dans la licence « Loukos Onshore ».
La nouvelle est annoncée le soir, à quelques heures de son entrée en vigueur : Les prix d’essence et du gasoil connaîtront une augmentation. Vous devrez désormais débourser deux dirhams de plus pour le litre d’essence et un dirham de plus pour le gasoil.
Jusqu’à présent, la caisse de compensation a joué le rôle de garde-fou pour la grogne sociale en subventionnant le sucre, la farine, le carburant et le butane. Cependant, le coût de ces subventions est bien trop élevé, surtout dans un contexte mondial de crise. L’année dernière, ladite caisse a dévoré la coquette somme de 52 milliards de dirhams. De par sa situation, ce gouffre a toujours sollicité une réforme urgente afin de calibrer ses dépenses, chose que le gouvernement Benkirane affirme entamer dans les prochaines semaines.
La couleur de cette réforme vient donc d’être annoncée : l’augmentation des prix en sera le pilier apparemment. Najib Boulif, ministre des affaires générales et de la gouvernance a récemment affirmé que la taxe sur la richesse ne sera pas adoptée. Le prétexte est une « anxiété » vis-à-vis de la fuite des capitaux et des investissements … Argument qui cache l’incapacité totale du gouvernement Benkirane à instaurer cette taxe. Encore faut-il qu’il ait l’autorisation et la bénédiction du vrai centre du pouvoir : la monarchie et ses conseillers.
Mais si l’on ne peut pas taxer le riche à cause de son pouvoir et de son lobby, si l’on ne peut pas stopper les mastodontes de la rente et qu’on vient de consommer 80% des 32 milliards alloués à la caisse de compensation au titre de cette année, qu’allons-nous faire ?
La solution est facile, tournons-nous vers l’ « homo pauvrilus », le pauvre. Augmentons les prix et laissons le payer, lui au moins il est impuissant. S’il lance ses griefs, il n’aura qu’à tendre ses bras vers le ciel et prier le divin. C’est la formule conseillée par l’honorable chef du gouvernement en personne.
Sérieusement, sachant que 90% des subventions du gasoil vont au transport en commun ou des marchandises, cela induira une hausse des prix des denrées nécessaires au citoyen marocain. Son pouvoir d’achat se verra encore réduit à la quelques semaines du Ramadan, mois où les fluctuations du prix des tomates deviennent le premier souci de millions de marocains. Les chauffeurs des petits et grands taxis se verront eux aussi contraints d’encaisser cette augmentation.
Délaissons cela et jetons un regard plus profond sur les dédales de cette caisse. L’un des exemples les plus flagrants de son dysfonctionnement est la subvention réservée au butane. Avec la subvention, le marocain débourse 10 dirhams et 41 dirhams pour les bonbonnes de gaz au lieu de 31 et de 123 dirhams. Cela est parfait me diriez-vous, mais seulement jusqu’à ce qu’on sache que 82% de ces subventions vont nécessairement aux entreprises et aux riches. Certains ont délaissé l’usage du propane non subventionné au profit du butane. Avec le montant énorme de la subvention, vous pouvez imaginer l’augmentation qui résulte sur la marge du gain.
Bref, ne nous étonnons guère. Car comment pourrait-on demander à un gouvernement qui échoue lamentablement dans l’affaire des cahiers des charges et qui se rétracte à publier la liste des grands rentiers du Maroc d’instaurer une taxe sur la richesse et de réformer courageusement ce système de compensation ? D’ici-là, l’ « homo pauvrilus » continuera à encaisser … jusqu’à un jour.
Mahdi Zahraoui
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