Claire Peretti est arrivée le 13 février au Maroc pour des vacances paisibles, sans savoir que le 20 mars, elle se retrouvera confinée, à faire maintes démarches pour pouvoir rentrer en France. "Je me suis rendue au Consulat de France à Marrakech. Il était fermé. Vous n’avez qu’un numéro de téléphone et un mail ; quand on appelle, c’est tout le temps occupé", dit-elle, agacée.
Avec la fermeture des espaces aériens depuis mi-mars, seuls des vols spéciaux à 280€ pouvaient transporter les Français bloqués au Maroc. "En un mois, 150 vols spéciaux ont ramené 30 000 personnes vers la France. Au moins 5 000 Français de passage attendaient toujours fin avril de pouvoir rentrer chez eux par les vols spéciaux hebdomadaires", rapporte francetvinfo.
Au Maroc, Claire Peretti dit vivre un confinement plus strict qu’en France. "Pour entrer au supermarché, il faut une autorisation, une carte d’identité et ils prennent la température à l’entrée. Le SAMU vient pour les cas suspects et c’est directement hôpital, test, chloroquine. » Elle avait espéré que le 20 mai comme annoncé, le Maroc mettrait fin au confinement et à l’état d’urgence sanitaire pour que la vie reprenne son cours normal. Mais déception, le 18 mai, le gouvernement a annoncé la prorogation du confinement jusqu’au 10 juin.
En attendant, elle voit les vols spéciaux passer sans pouvoir réserver une place. "Vous êtes stressée, vous attendez en permanence qu’on vous appelle, vous allez à la douche avec le téléphone", relate-t-elle. "C’est inhumain ; j’ai eu le consulat trois fois en deux mois et demi. Quand ils vous envoient un message, c’est un message de robot. "
À défaut d’avoir les informations qu’il faut de l’ambassade, elle s’accroche aux réseaux sociaux pour suivre l’actualité des milliers de Français bloqués comme elle au Maroc, et qui se disent abandonnés par les pouvoirs publics. "Le 14 et 15 mai, il y a eu beaucoup de souffrance ; on a demandé à des personnes de venir pour prendre l’avion. Certaines ont fait 500, 600 km, et on leur a refusé l’accès". La raison évoquée est que les normes sanitaires avaient changé, contraignant la compagnie à prendre moins de passagers, indique France Info.
En plus de l’angoisse et du stress d’être bloquée au Maroc, Claire a des problèmes de thyroïde, et le médicament qu’elle prend n’est pas disponible au Maroc. Mais au milieu de tout ce chaos, elle a une date de retour en France : le 22 mai. "Après, c’est démerde-toi", explique-t-elle. Car une fois à Paris, les vols pour la Corse restent limités. Mais elle est soulagée : "J’étais dans ma voiture quand je l’ai appris. Je me suis immédiatement garée et j’en ai pleuré."
Loin des déboires de Claire, il y a Rachida, une Marocaine d’origine. Restée à Bastia, elle s’inquiète pour sa famille. Son mari, son fils et sa belle-fille enceinte, sont coincés au Maroc. Le premier vit à Bastia, les deux autres à Paris. Le 24 avril, ils devaient retourner en France dans un vol spécial. Ils ont reçu juste avant le départ, un message d’annulation. Depuis, c’est le silence total. Le mari de Rachida a des problèmes de santé. Ses médicaments sont indisponibles au Maroc. Il a fallu les faire envoyer depuis la France, mais malheureusement, le colis est resté bloqué. Et les exemples de ce genre sont légion venant des Français bloqués au Maroc.
Face à la mobilisation menée sur les réseaux sociaux, le ministre des Affaires Étrangères a tenté de fournir des explications à l’Assemblée nationale, la semaine dernière. "Il reste des Français, résidant en France mais passant du temps au Maroc, en Algérie et en Tunisie au cours de l’année. Ceux-là sont aujourd’hui effectivement en difficulté et nous avons décidé d’augmenter le nombre de vols de la compagne nationale Air France pour permettre leur retour", a-t-il déclaré.