Il faut rendre sa dignité à la langue arabe en France

4 octobre 2020 - 21h20 - France - Ecrit par : J.K

Pour la France, l’arabe n’est pas une langue comme les autres. Le sort fait à cette langue préoccupe Nabil Wakim qui, dans L’Arabe pour tous. Pourquoi ma langue est taboue en France, explore ce statut particulier.

Nabil Wakim, journaliste au Monde, d’origine libanaise, ne parlant que quelques mots de « la langue du Coran », évoque les relations qu’entretient la France avec l’arabe, en parallèle avec les siennes, lui qui a baigné dans cette langue qui a bercé ses quatre premières années au Liban, mais qui lui est devenue étrangère en France.

Des annonces en anglais, en espagnol, voire en chinois, l’auteur dit en voir tous les jours dans le métro parisien, où, il ne note la moindre ébauche d’inscription en arabe. Sauf, jusqu’il y a peu, le tableau est le même dans les aéroports français, à l’exception de celui de Nice, où débarquent, les riches Golfiens venus se prélasser sur la côte.

Et pourtant, on sait que plusieurs millions de personnes (dont la majorité de nationalité française) sont des « Arabes », perçus comme tels.

Il a fait le tour de la question avec de grands noms de la culture en France, citant le cas du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer,(que l’on sait bien à droite de la majorité) qui a été la cible de tant de flèches, pour avoir commis le péché d’envisager l’enseignement de l’arabe en maternelle. Quatorze mille élèves étudient l’arabe, deux fois moins qu’il y a trente ans, et 178 enseignants l’enseignent, soit 20 % de moins qu’il y a dix ans.

Incontestablement, la langue arabe fait peur, se préoccupe l’auteur et le bon Arabe, c’est celui qui s’intègre au prix de l’effacement.
Rendre sa dignité à la langue arabe en France serait sûrement un des moyens de combattre ce que nos autorités dénoncent comme « le séparatisme » et qui n’est rien d’autre que le rejet, par la République, d’une partie de ses enfants, de leur histoire, de leur culture, conclut l’auteur.

Nabil Wakim, L’Arabe pour tous. Pourquoi ma langue est taboue en France, Seuil, Paris, 2020. — 199 pages ; 17 euros

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Racisme - Livres - Intégration - Education - Alerte

Aller plus loin

Apprentissage de l’arabe : des nouveautés pour e-madrassa

Depuis le jeudi 15 octobre, la plateforme e-madrassa.ma, conçue pour faciliter l’apprentissage de la langue arabe est disponible en anglais et en espagnol. La Fondation Hassan...

Quand Emmanuel Macron fait l’éloge de l’arabe

Le président Emmanuel Macron a fait l’éloge de l’arabe dont l’enseignement dans les écoles françaises contribuerait à lutter contre le «  séparatisme de certaines associations...

Tahar Ben Jelloun pour l’apprentissage de l’arabe à l’école

L’écrivain franco-marocain Tahar Ben Jelloun s’invite dans le débat sur l’apprentissage de l’arabe à l’école. Il a déclaré sur Europe 1 que l’intégration de l’arabe dans...

À Montréal, Leila Gouchi a enflammé la scène du festival du monde arabe

« Ivresses andalouses », c’est le nom du concert présenté vendredi soir par l’artiste marocaine Leila Gouchi, dans le cadre du festival du monde arabe de Montréal. Un mélange de...

Ces articles devraient vous intéresser :

Après le séisme, le défi éducatif du Maroc sous les tentes

Après le puissant et dévastateur tremblement de terre du 8 septembre, les enfants marocains se rendent à l’école et reçoivent les cours sous des tentes. Certains ont du mal à s’adapter, tandis que d’autres tentent d’« oublier la tragédie ».

Agression sauvage d’une femme voilée dans un magasin LiDL à Marignane

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) réagit à « l’agression raciste et antimusulmane dont a été victime une femme de 42 ans en situation de handicap, portant un voile et récemment affaiblie par un traitement de chimiothérapie. » L’organisation...

Maroc : une école mise en vente avec ses élèves ?

Au Maroc, un agent immobilier se retrouve malgré lui au cœur d’une polémique après avoir publié une annonce de vente d’une école privée en incluant les élèves.

Agression de MRE en Europe : le parlement marocain interpellé

Un parlementaire du parti de l’Istiqlal vient d’appeler Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération africaine, à agir pour combattre les attaques racistes répétées ciblant les Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Maroc : Vent debout contre le français à l’école

Au Maroc, un regroupement d’enseignants, d’étudiants et d’élèves s’oppose à l’enseignement des matières scientifiques en français dans les écoles publiques, dénonçant une violation de la Constitution et des textes régissant le secteur de l’éducation.

Maîtrise de l’anglais : le Maroc à la traîne

Alors que les Marocains délaissent de plus en plus le français pour l’anglais, le Maroc est encore à la traîne quant à la maitrise de langue de Shakespeare.

France : le port du voile, un frein majeur à l’emploi

Une étude de l’Observatoire national des discriminations et de l’égalité dans le Supérieur (Ondes), parue cette semaine, met en évidence un obstacle majeur à l’emploi en France : le port du voile.

Quand la rentrée scolaire pousse les Marocains à l’endettement

L’approche de la rentrée scolaire et la fin des vacances d’été riment souvent avec le recours aux prêts bancaires devant permettre aux parents marocains de subvenir aux besoins de leurs enfants. Et, les banques se livrent une concurrence très forte.

Maroc : cette violence qui interpelle

La parlementaire Nadia Bouzendoufa, du Parti de l’Authenticité et de la Modernité, interpelle Mohamed Saad Berrada, ministre de l’Éducation nationale sur sa stratégie visant à réviser la circulaire ministérielle n° 14/867 et à adopter des mesures...

Une bonne nouvelle pour les enseignants marocains

La Fondation Mohammed VI de promotion des œuvres sociales de l’éducation-formation a augmenté le montant des crédits immobiliers accordé aux enseignants dans le cadre de son programme d’aide au logement IMTILAK, lancé en 2019.