Un million d’enfants non scolarisés

8 septembre 2008 - 17h32 - Maroc - Ecrit par : L.A

34% des Marocains sont totalement illettrés ! La célébration de la journée mondiale de l’alphabétisation est l’occasion de le rappeler encore une fois. Ces statistiques sont en deçà de la réalité. Depuis longtemps déjà, on a appris à considérer les chiffres avec précaution. Cependant et en comparaison avec les années précédentes, le taux d’alphabétisation semble connaître une amélioration certaine. Pour rappel, il était de 38,5% à fin 2006 contre 43% à fin 2004.

Pour El Habib Nadir, directeur de la lutte contre l’analphabétisme, ces résultats sont encourageants, « la baisse significative du taux d’analphabétisme correspond à un recul de 4,5 points en deux ans, alors que le recul ne dépassait pas un point par an auparavant ». Pour réaliser cette baisse, il a fallu l’implication d’intervenants locaux et internationaux. Les ONG ont participé à hauteur de 43,7% au recul de l’analphabétisme et l’Education nationale de 16,2%. Les départements publics, englobant Habous, Entraide nationale, Jeunesse... se sont aussi engagés dans la lutte contre ce fléau. Leur part a été estimée à 39,8%.

Seulement, éradiquer l’analphabétisme d’ici 2015, comme semblent le croire certains utopistes, n’est qu’un vœu pieux à l’heure où « le budget alloué à l’alphabétisation ne dépasse pas 0,5% du budget de l’éducation nationale, alors qu’il est préconisé (par l’Unesco notamment) de réserver au minimum 3% de ce budget à l’alphabétisation et l’éducation des adultes », ajoute le directeur.

Les parents pauvres de l’éducation sont tout d’abord les femmes. Elles représentent 46,8% d’analphabètes contre 31,4 % d’hommes. Les filles sont toujours les premières à être retirées de l’école. Mais l’obscurantisme n’est pas seulement une histoire de sexe. C’est aussi et surtout une question de milieu social. La population illettrée est à forte composante rurale. 54,4% contre 27,2% en milieu urbain.

Au Maroc, ils sont près d’un million d’enfants de moins de 15 ans non scolarisés, dont 65% de filles. Un plan d’urgence a été déployé au ministère de l’Education nationale visant à freiner la déperdition scolaire.

Pour Hssain Oujour, directeur de l’éducation non formelle, beaucoup d’efforts ont été consentis, « depuis 1998, près de 350.000 enfants ont bénéficié de programmes d’alphabétisation et près de 35.000 enfants sont retournés à l’école ». Ce programme porte le nom de « l’école de la seconde chance », mais le pari de l’insertion reste difficile à tenir. La pauvreté en est la principale cause. Aussi, pour y remédier, « 420 millions de DH ont été débloqués pour aider les familles à supporter financièrement la charge de l’école ».

En effet, un projet pilote a été adopté au niveau de 240 écoles pour tester « l’octroi des bourses aux familles dans le besoins ». Malgré les efforts consentis, le taux d’abandon scolaire demeure élevé. Il a été évalué à 5,7%, ce qui correspond à « 250.000 enfants annuellement ». Une véritable hémorragie pour le Maroc. Les solutions semblent évidentes pour El Habib, qui souhaiterait « l’implication plus forte de départements gouvernementaux en relation avec les populations à fort taux d’analphabétisme. L’implication du secteur privé pour l’alphabétisation des employés est également nécessaire », conclut-il.

Retard

Le nombre de bénéficiaires des programmes d’alphabétisation est passé de 180.000 en 1998/99 à 286.000 en 2002/03 pour atteindre plus de 650.000 en 2007/08. Le cumul des bénéficiaires pendant les 6 dernières années a atteint 3,2 millions de personnes, chiffre qui est largement supérieur au cumul des bénéficiaires pendant près de 20 ans entre 1982 et 2002, estimé à 2 millions de personnes seulement.

Source : L’Economiste - A. K.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Education - Enfant - Alphabétisation

Ces articles devraient vous intéresser :

Un enfant né d’un viol ouvre une brèche dans le droit marocain

Saisie par une jeune maman qui cherche à obtenir une indemnisation pour son fils issu d’un viol, la cour de cassation marocaine a rendu une décision qui va faire date.

Des conditions strictes pour enseigner dans le privé au Maroc

Le ministère de l’Éducation nationale a récemment autorisé les enseignants du public à donner des cours supplémentaires dans le privé, sous certaines conditions. Pour arrondir leurs fins de mois, ces professeurs devront obtenir une autorisation...

Maroc : une sortie en voiture vire au drame

Une sortie en famille qui finit en tragédie. Deux sœurs de 19 et 10 ans sont mortes noyées samedi dans le barrage de Smir près de la ville de M’diq, après que l’aînée, qui venait d’avoir son permis de conduire, a demandé à ses parents à faire un tour...

Maroc : du nouveau pour la kafala (adoption)

Présenté par le Groupe socialiste-opposition Ittihadie, le projet de loi N°5.171.22 modifiant l’article 19 de la loi N°15.01 relative à la kafala (adoption) des enfants abandonnés a été adopté à l’unanimité lundi par la Chambre des représentants.

Samira Saïd : la retraite ?

La chanteuse marocaine Samira Saïd, dans une récente déclaration, a fait des confidences sur sa vie privée et professionnelle, révélant ne pas avoir peur de vieillir et avoir pensé à prendre sa retraite.

L’arabe obligatoire dans une école en Belgique

Un établissement catholique flamand propose un cours d’arabe obligatoire à ses élèves de dernière année, une initiative inédite en Belgique.

Booder : « cet enfant ne passera pas l’hiver »

L’humoriste franco-marocain Booder dont le troisième épisode de sa série Le Nounou est actuellement diffusé sur TF1 se confie sur son début de vie pas facile.

Alerte sur les erreurs d’enregistrement des nouveaux-nés au Maroc

L’Organisation marocaine des droits de l’homme (OMDH) a alerté le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, au sujet du non-enregistrement des nouveau-nés à leur lieu de naissance, l’invitant à trouver une solution définitive à ce problème.

Au Maroc, les hommes font du baby-sitting, et ça ne plaît pas à tout le monde

Outre les femmes, les hommes proposent eux aussi des services de baby-sitting via des applications. De quoi inquiéter bon nombre d’internautes marocains qui s’interrogent sur la protection de l’enfance et la légitimité de ces services.

Maroc : un « passeport » pour les nouveaux mariés

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) appelle à la mise en place d’un « passeport » ou « guide » pour le mariage, dans lequel seront mentionnées les données personnelles des futurs mariés, ainsi que toutes les informations sur leurs...