Une nouvelle enquête révèle que la corruption ne cesse de meurtrir le Maroc

12 février 2009 - 22h19 - Maroc - Ecrit par : L.A

A l’occasion de sa treizième assemblée générale tenue la semaine dernière (1er février) à Rabat, Transparency Maroc a salué le travail mené par certaines instances publiques et par la société civile contre la corruption, tout en le qualifiant toutefois de très insuffisant. Selon l’organisation, la corruption reste profondément ancrée dans le pays, et le phénomène ne cesse de croître.

Rachid Filali Meknassi, Secrétaire Général de Transparency Maroc, a dit lors de la présentation du rapport 2008 : "En fait, si le pays a maintenu sa note de 3,5 sur 10, obtenue en 2007, selon l’Indice de Perception de la Corruption (IPC), il a, par contre, dégringolé de la 72ème à la 80ème place".

Filali Meknassi explique que la corruption endémique continue de s’étendre, et prospère à l’abri "d’une impunité entretenue par les pouvoirs publics".

Le dernier rapport de Transparency Maroc avait fait état également état d’un résultat similaire concernant l’Indice de Corruption des Pays Exportateurs 2008 (ICPE) qui a englobé le Maroc pour la première fois.

Le constat sur ce plan est alarmant.

Selon les résultats de l’enquête, 46% des hommes d’affaires marocains interrogés ont recours à la corruption pour faciliter ou accélérer les procédures administratives et douanières. Ces mêmes personnes reconnaissent également le recours aux relations amicales et familiales pour les mêmes motifs.

Un homme d’affaires, qui a tenu à préserver son anonymat, déclare à Magharebia qu’il est souvent obligé de recourir à des pratiques pareilles car "on est en face d’une administration archaïque, bureaucratique et des fonctionnaires habitués aux chantages qui font fi des intérêts publics".

33% des interrogés ont recours aux relationnels pour influencer les décisions relatives aux marchés publics. Ces mêmes chefs d’entreprises expriment toutefois un jugement critique sur l’action du gouvernement dans la lutte contre la corruption : 67% la considèrent très (ou tout à fait) inefficace, 27% la jugent efficace et à peine 3% très efficace.

Le rapport 2008 de TM démontre toutefois que le système judiciaire reste englouti par le phénomène de la corruption. Il vient en tête des institutions étatiques corrompues avec une note de 3,6, suivi de l’appareil sécuritaire (3,4), des activités relatives aux délivrances des permis et autorisations (3,1) et des services de la Santé.

D’ailleurs, ce sont ces mêmes instances étatiques qui ont été pointées le plus du doigt par le Baromètre Mondial de la Corruption en 2006.

Transparency Maroc continue de déplorer le peu de progrès réalisés dans la lutte contre la corruption, malgré certains efforts de modernisation entrepris par les Ministères gouvernementaux.

Durant la réunion générale, Transparency Maroc a présenté ses projets actuels et futurs, en particulier le travail de contrôle et de documentation entrepris par l’Observatoire National de la Corruption, et le lancement du Centre d’Assistance Juridique et d’Action Citoyenne (CAJAC) destiné à fournir l’assistance et le conseil aux victimes de la corruption.

"Que cette gangrène soit aussi développée indique bien qu’il y a, à la base, un profond dérèglement dans les mécanismes de désignation et d’affectation d’individus portant l’uniforme ou de citoyens briguant des mandats électifs", ainsi a commenté, M. Fahd Yata, l’éditorialiste de l’hebdomadaire La Nouvelle Tribune, suite à l’implication ces temps-si de plus de 100 agents d’Etat et élus dans des affaires de corruption et d’abus de pouvoir.

Source : Magharebia - Hassan Benmehdi

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