Expulsés : Au pays, ils n’ont souvent ni maison ni argent

22 décembre 2007 - 10h46 - Maroc - Ecrit par : L.A

Mohamed, 42 ans, expulsé au Maroc il y a trois semaines : « C’est un cauchemar »

" Je vivais en France depuis huit ans, avec ma femme et mes trois enfants qui sont scolarisés. Et puis je me suis fait attraper lors d’un contrôle de papiers en région parisienne, à 16 h. J’ai été emmené à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, et à 21 h, j’étais déjà dans l’avion en direction de Casablanca, au Maroc, menotté, sans argent, sans bagages, avec seulement mon téléphone portable sur moi. Je n’ai même pas eu le temps de dire au revoir à mes enfants ! A Casa, un inconnu m’a acheté un billet de train pour rejoindre le village de ma belle-famille. Là, je me trouve près de la frontière avec l’Algérie. Je vis chez le mari de la soeur de ma femme. Ma soeur m’a donné 50 euros pour m’aider. J’ai acheté une carte de téléphone pour appeler ma famille. En France j’étais ferrailleur, mais ici, je ne peux pas travailler, il n’y a pas d’agence d’intérim. La plupart des gens que je connaissais sont partis en Europe. C’est un cauchemar. Je cherche une solution pour rentrer en France, même clandestinement. Je suis le père d’une famille, quand même ! Quelle image mes enfants vont avoir de la France ? Et puis ma femme ne travaille pas... Rester ici au Maroc, ce n’est pas possible. Je n’ai pas de maison, pas d’argent à la banque. Ici, on vivrait comme des clochards. "

Olga, Ukrainienne, 26 ans, mariée à un clandestin revenu illégalement : « C’est ici qu’on est devenu une famille »

« Mon mari a été expulsé cet été. Il est revenu, en voiture, après une longue route, caché. Je sais que pour ça il a donné 3.000 euros à plusieurs messieurs. C’était une grosse partie de nos économies de nos cinq ans en France. Au début, il avait peur, il n’était pas content de faire ça sans visa. Mais on n’était pas sûrs qu’il en obtienne un, et ça pouvait prendre trois mois, voire plus. Et puis il s’est dit "j’ai toute ma famille là-bas" ! Pour moi, ça aurait été très difficile de vivre toute seule ici avec notre petit garçon. Je travaille mais je gagne peu. En Ukraine, on n’a rien. Il faudrait tout recommencer de zéro. On ne peut pas vivre là-bas. Ici, on peut manger, boire comme des gens normaux. Sergueï* a repris son travail au noir, son patron était très content qu’il soit revenu. Je préfère encore vivre comme ça, au noir, ici que là-bas. Je veux que mon fils ait un futur normal. Jusqu’au bout, on va essayer de rester. Et si on est encore expulsés, eh bien on reviendra. Comment on peut quitter tout ce qu’on a acheté en cinq ans ? On a notre petit appartement, notre fils va à la maternelle, c’est ici qu’on est devenu une famille. Je comprends que la France perde beaucoup en accueillant des gens comme nous, mais je ne suis pas du tout contente qu’elle expulse des gens. »

20 Minutes

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