« Ces terres appartiennent aux tribus de Ksar Ouled Slimane. Ils ont des documents datant de 1930. On hérite ici d’une malfaçon de la France sur les frontières entre le Maroc et l’Algérie. Des familles ont investi toutes leurs vies là-bas. C’est scandaleux !", a déclaré au magazine Le Courrier de l’Atlas Mostafa Serhir, membre fondateur de la Fédération des associations de Figuig en France, également président de l’association Hassaniya pour la Culture et le Développement en France est choqué par la soudaineté de la décision.
Mostafa Serhir fait comprendre la genèse des problèmes de terres entre le Maroc et l’Algérie. « Au départ, la “vraie” frontière suivait le tracé de la ligne de chemin de fer entre Béchar, Beni Ounif et Figuig, explique-t-il. Mais, en 1962, la France a fait du troc. Les frontières ont ensuite été définies par les montagnes. Puis, peu à peu, on crée une zone tampon entre les montagnes et l’oued et entre les deux pays. Il était difficile de distinguer qui était marocain ou algérien. Jusqu’à maintenant, il y a toujours des Marocains en Algérie et le contraire est vrai aussi. »
En 1972, le Maroc et l’Algérie signent enfin une convention relative au tracé frontalier selon laquelle il a été clairement précisé que la frontière se situe entre les territoires des deux pays, notamment de « l’oued sans nom ». « Cette zone est à 4 kilomètres de Figuig. Au Sud de cette région, la frontière est déterminée par la crête des montagnes entre Beni ounif et Figuig. Dans le Nord de Figuig, la délimitation est l’oued Al Arja. Chaque bord de l’oued appartient à un pays. Historiquement, ces terres appartiennent aux ancêtres des habitants de Figuig », fait savoir Mohammed Jebbouri, un citoyen de Figuig et président de l’association AFAQ.
Très vite, le tracé frontalier devient source de confusion. Après l’accord, les Algériens ont récupéré des terres à proximité de Ksar Zenaga et à Ksar Loudaghir. Aujourd’hui, les agriculteurs marocains se retrouvent dans la même situation. « C’est déjà arrivé par le passé, précise Mohammed Jebbouri. Les propriétaires n’ont jamais été rétribués. À l’époque, c’était en réaction de la Marche Verte. Aujourd’hui, nous payons les tensions à Guerguerat. »
Pour Mostafa Serhir, la France a sa part de responsabilités dans la situation. « Il faut qu’elle ne se désiste pas. C’est une table à trois qu’il nous faut pour sortir de ce dossier. Notre cas pourra être le même au Mali, en Tunisie ou ailleurs. Sans un traçage clair, il n’y aura pas de paix réel », prévient-il.