Le sujet sous le thème “séparatisme” avait été évoqué publiquement le 18 février 2020, par le Président Emmanuel Macron. Ensuite, certains ministres se sont prononcés sur la question. Ils y voient une façon bien triste de chosifier la femme.« Certains médecins osent encore certifier qu’une femme est vierge pour permettre un mariage religieux, malgré la condamnation de ces pratiques par le Conseil de l’Ordre des médecins. On va non seulement l’interdire formellement, mais proposer la pénalisation », avaient déclarés Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur et Marlène Schiappa, la ministre déléguée à la Citoyenneté, rapporte TV5.
Le certificat de virginité est un document délivré après un examen des organes génitaux de la jeune femme, pour vérifier si l’hymen est intact. L’absence de l’hymen signifie que la fille a déjà perdu virginité. Or, les praticiens le savent, l’hymen peut avoir été rompu pour de multiples raisons comme la pratique d’une activité sportive intense, ou encore parce que la femme est née sans cette membrane. Mais un certificat qui ne prouve pas la présence de cet hymen peut déshonorer la femme aux yeux de ses parents, de sa belle famille.
Compte tenu des tensions que cela créée dans certaines familles et la discrimination envers certaines femmes, le Conseil de l’ordre des médecins français appelait en 2003, les médecins à ne plus délivrer un tel certificat. Pour le Conseil, il « n’a aucune justification médicale et constitue une violation du respect de la personnalité et de l’intimité de la jeune femme contrainte par son entourage à se soumettre à une telle chose ». En Belgique aussi, le Conseil belge de l’Ordre des médecins a tenu le même discours. Il a soutenu que personne ne peut « affirmer avec certitude sur la base d’un examen clinique qu’une personne n’a jamais eu de rapport sexuel », indique TV5.
L’OMS est du même avis. En octobre 2018, elle a produit un rapport qui souligne que cette pratique est « médicalement inutile, humiliante et traumatisante » pour la femme. Selon l’Organisation, cette tradition est répertoriée dans au moins vingt pays du monde, en Europe sont concernés la France, la Belgique, les Pays-Bas, l’Espagne et la Suède. Au Maroc, la loi est restée silencieuse sur la pratique mais le phénomène est très répandu. Mais en 2019, de nombreux médecins ont décidé de ne plus fournir un tel certificat.
En France, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français penche pour cette interdiction et réclame des sanctions pénales contre les médecins impliqués. « Cela fait très longtemps que je demande la pénalisation de ce geste. Ce n’est pas de la médecine, ces certificats assignent les femmes à leur rang d’objet », s’indigne Israël Nisand, le président du Collège. Pour Ghada Hatem, médecin-cheffe de la Maison des femmes de Saint-Denis, le sujet est très délicat pour les gynécologues.
Elle souligne que parfois, elle se voit obligée de délivrer le certificat à des femmes sans même les examiner. « Si elle a besoin d’un papier disant qu’elle est vierge pour lui sauver la vie, pour qu’on arrête de l’emmerder, je le fais », explique-t-elle. Elle ajoute ne pas comprendre la volonté du gouvernement à vouloir trancher sur la question, « comme s’il s’agissait du problème numéro un de la France, de la laïcité et de l’intégration ». Ce sont des mots qui lui ont valu des insultes sur les réseaux sociaux. Certains de ses collègues ont demandé à ce qu’elle soit retirée de l’ordre des médecins.
Face aux critiques, Ghada Hatem reste imperturbable. Elle explique que chaque fois que ces femmes viendront dans son cabinet demander de l’aide, elle se fera le devoir de les aider si cela peut leur sauver la vie.