Dissolution annoncée du CCIF, les raisons de l’incompréhension

24 novembre 2020 - 07h00 - France - Ecrit par : S.A

Le ministère de l’Intérieur a notifié au Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF)sa dissolution. Cette volonté incomprise et «  injuste  » soulève des contestations.

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, désigne le CCIF comme une «  officine islamiste œuvrant contre la République  ». La notification de la dissolution a été envoyée jeudi dernier, et les responsables du CCIF ont «  huit jours pour faire valoir leurs observations  ». En réponse, ils affirment que le projet de dissolution est «  sans objet  » puisque l’organisation a «  déjà déployé une large partie de ses activités à l’étranger  » ainsi que «  son siège social  », indique Saphirnews.

Le collectif assure n’avoir pas donné de suite au parent d’élève à l’origine de la vidéo polémique dénonçant le professeur Samuel Paty, décapité pour avoir montré les caricatures du prophète Mohammad à ses élèves. Mieux, il lui a demandé de retirer la vidéo. «  La mise en cause du CCIF ne correspond ni à une réalité factuelle, ni à une réalité juridique, mais à une volonté politique : criminaliser la lutte contre l’islamophobie  », dénoncent ses responsables, relevant que beaucoup d’éléments qui fondent l’argumentaire de la dissolution du CCIF sont soit biaisés, soit totalement mensongers.

«  Bien que notre association soit déjà passée à une autre étape de son histoire, nous répondrons à chacune de ces accusations, car nous le devons à nos adhérents, nos soutiens et nos partenaires  », ajoutent-ils. Aux yeux d’Amnesty International, «  rien ne montre que le CCIF représente un danger manifeste et imminent pour la sécurité nationale ou l’ordre public, qui pourrait justifier sa dissolution  ».

«  La dissolution administrative des associations par décret en Conseil des ministres, mesure qui existe en droit français depuis 1936, ne peut intervenir que lorsque de strictes conditions sont remplies, des conditions que le CCIF ne remplit pas  », a affirmé pour sa part un collectif d’avocats et d’associations dont La Quadrature du Net.

Ceux-ci dénoncent une «  posture autoritaire (qui) bat en brèche des principes essentiels de l’État de droit, qui protègent contre les accusations collectives, les procédures abusives et non fondées sur des faits précis  ». Pour ce collectif, la dissolution arbitraire d’associations n’est une manière ni juste, ni efficace de défendre la liberté d’expression ou la sécurité collective.

Contrairement à bon nombre de partis politiques comme le Rassemblement national (RN) qui soutiennent cette entreprise du gouvernement, le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) dénonce une «  volonté de faire taire le CCIF et, à travers lui, celles et ceux qui se dressent face à la stigmatisation et aux discriminations contre les musulmans, est révoltante  ». «  En s’en prenant de la sorte à une organisation dont le rôle est de combattre les violences et discriminations islamophobes, […] le pouvoir franchit un cap supplémentaire dans sa politique autoritaire  », a indiqué le parti dans un communiqué.

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