Pendant trois décennies, la famille est restée silencieuse sur la mort de la fillette. Il a fallu des prélèvements ADN réalisés sur l’un de ses frères interpellé dans le cadre d’une autre affaire il y a deux ans pour que l’identité du corps de l’enfant découvert dans un fossé de l’autoroute A10 près de Blois (Loir-et-Cher) soit révélée. Les enquêteurs peuvent désormais mettre un nom sur le corps de l’enfant martyre de l’A10. La police se met aux trousses de ses parents.
En juin 2018, Ahmed Touloub et son ex-épouse avaient été interpellés à Villers-Cotterêts (Aisne) et mis en examen pour meurtre, violences habituelles sur mineur de 15 ans et recel de cadavre puis incarcérés. Les conclusions des médecins légistes sont sans appel : brûlures, morsures profondes au niveau du thorax et des joues, des « violences habituelles et anciennes », fait savoir Le Parisien.
En juin 2019, le père d’Inass, 66 ans, bénéfice d’une relaxe après avoir plaidé non coupable. "La mère est seule à l’origine des faits", insistait son avocat, Frank Berton. Halima El Bakhti est à son tour sortie de prison le 12 juin et assignée à résidence sous surveillance électronique. "Ce n’est pas une libération, martèle le magistrat, mais une assignation à résidence avec surveillance électronique (ARSE), liée à son état de santé et la capacité de l’un de ses fils de l’héberger chez lui".
Les faits remontent au 10 août 1987. Ce jour-là, la famille d’Ahmed s’apprêtait à se rendre au Maroc. La nuit, Halima aurait poussé Inass dans les escaliers. La petite ne bougeait plus. Le père de famille est entre-temps rentré à la maison. Son épouse lui raconte que l’enfant était tombé dans l’escalier qui mène de sa chambre aux toilettes. Sauf que les deux grandes sœurs d’Inass, âgées de 8 et 6 ans, auraient confié à leur père que c’est leur maman qui a poussé Inass dans l’escalier "en disant qu’elle ne savait pas descendre toute seule aux toilettes".
La mère confessera avoir frappé sa fille lorsqu’elle avait des crises "mais pas à ce point-là". La famille prend un départ "précipité" et "rapide" tard dans la nuit. Le père, la mère qui porte Inass, une autre sœur et les trois frères dont le plus petit avait moins de deux semaines montent dans la Citroën BX beige dorée. Ils font une pause puis continuent leur route. À la barre, la mère de famille déclarait en 2018 que l’enfant de 4 ans vivait encore en montant dans la BX. Selon elle, la petite était décédée plus tard au cours du trajet. "Elle a dit maman et après elle ne parlait plus, elle respirait plus", confiait-elle.
À ce jour, les enquêteurs ne savent pas qui de la maman ou du père a déposé le corps d’Inass, à Suèvres (Loir-et-Cher), dans un fossé de l’A10, 33 ans plus tôt. Le mystère reste entier.