France : les musulmans accepteront-ils des imams femmes ?

3 décembre 2020 - 22h00 - France - Ecrit par : S.A

L’imamat féminin est loin d’être accepté au sein de la communauté musulmane française. Et pour cause, les positions divergent.

En France, la question des femmes imames refait surface à un moment où le gouvernement s’évertue à organiser l’islam avec l’appui du Conseil français du culte musulman (CFCM) chargé de créer un Conseil national des imams (CNI). Cette question divise la communauté musulmane en raison de sa complexité et de son caractère politique. Selon certains savants, la doctrine musulmane n’interdit pas formellement l’imamat des femmes.

«  Une tradition, qui remonte aux VIᵉ et VIIᵉ siècles, permet même à des femmes de mener la prière au Pakistan ou en Inde. Il n’y a aucune opposition théologique à cela  », fait savoir Ghaleb Bencheick, président de la Fondation de l’islam de France. «  En dehors de la direction de la prière collective, elles peuvent déjà remplir toutes les fonctions exercées par les imams. Elles intégreront à terme le Conseil national des imams  », confirme à L’Opinion Mohammed Moussaoui, le président du CFCM.

On observe une hostilité de principe. À l’évocation du sujet des «  mourchidates  » (guides religieuses) – une dizaine exerce par exemple en France après avoir été formées à l’Institut Mohammed-VI de Rabat–, des tensions émergent. Il est reproché au CFCM d’être impliqué dans la labellisation des imams et à l’État français de s’ingérer de près ou de loin dans le culte musulman. Or, la France s’abstient d’entrer dans les controverses sur les femmes prêtres ou rabbins.

Tareq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux, lui, souligne que, dans les rites malékite (suivi au Maghreb et en Afrique subsaharienne) et hanafite (majoritaire en Turquie), l’imamat des femmes n’est pas admis. «  Je crains que cela ne soit qu’un objet de communication cosmétique  », conclut-il, estimant que la communauté musulmane n’est pas prête.

«  On peut toujours se plonger dans les traditions prophétiques, on n’y trouvera pas de consensus chez les savants sur cette question. Le vrai obstacle à ce qu’une femme dirige la prière, c’est son corps, la visibilité qu’elle lui donne à cette occasion. Pour les conservateurs, c’est un tabou. Cela risque de déconcentrer les hommes, disent-ils. Il n’y a pas d’autre raison à cette opposition  », commente Eva Janadin, une enseignante convertie, qui dirige depuis plus d’un an une prière mixte dans un lieu parisien.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Religion - Islam

Aller plus loin

Touria El Asri, la première femme électromécanicienne à la STIB (vidéo)

L’électromécanique est un métier peu connu mais qui reste très utile dans le monde des transports. A Bruxelles, Touria El Asri excelle dans ce domaine et occupe le poste...

France : les imams vent debout contre le projet de « labellisation »

La création d’un Conseil national des imams (CNI) en France confiée au Conseil français du culte musulman (CFCM) n’est pas du goût de bon nombre d’imams indépendants et de...

Création d’un Conseil national des imams en France : déjà des contestations

La création d’un Conseil national des imams en France suscite des réactions. Tarek Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux, martèle qu’il ne revient pas à des laïcs de...

France : report du congrès fondateur du Conseil national des imams

Initialement prévu le 12 décembre prochain, le congrès du conseil fondateur du Conseil national des imams (CNI) a été reporté en 2022, a annoncé le Conseil français du culte...

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc propose un nouveau programme religieux aux MRE

En raison du contexte politique négatif en Europe, le ministère des Habous et des Affaires islamiques entend réviser sa politique d’encadrement religieux des Marocains résidant à l’étranger (MRE).

« Tu mourras dans la douleur » : des féministes marocaines menacées de mort

Au Maroc, plusieurs féministes, dont des journalistes et des artistes, font l’objet d’intimidations et de menaces de mort sur les réseaux sociaux, après avoir appelé à plus d’égalité entre l’homme et la femme dans le cadre de la réforme du Code de la...

L’Aïd al-Adha 2025 au Maroc en péril

Au Maroc, le cheptel local a été fortement impacté par sept années de sécheresse au point où la célébration de l’Aïd al-adha 2025 est menacée.

Voici le montant de la Zakat al fitr cette année au Maroc

Le Conseil Supérieur des Oulémas a fixé le montant de la Zakat Al-Fitr pour l’année 1446 de l’Hégire (2025) à 23 dirhams par personne. Ce montant représente une augmentation par rapport aux 20 dirhams des années précédentes.

Ramadan 2025 au Maroc : quand débutera le mois sacré ?

Le mois de Ramadan 2025 devrait débuter le 1ᵉʳ ou le 2 mars, selon les prévisions. L’Aïd al-Fitr, qui marque la fin du mois sacré, est quant à lui attendu pour le lundi 31 mars 2025.

Le Magazine Marianne censuré au Maroc

L’hebdomadaire français Marianne (numéro 1407) a été interdit de distribution au Maroc, en raison d’un dessin caricatural jugé offensant pour le prophète Mohammad.

Aid Al Fitr au Maroc : mercredi ou jeudi ?

Les calculs astronomiques prévoient la célébration de l’Aïd Al fitr au Maroc le mercredi 10 avril 2024, comme de nombreux pays arabes et européens, mais l’observation de la lune reste pour l’instant l’option privilégiée par les autorités religieuses...

Officiel : l’Aid al fitr en France, mercredi 10 avril

La commission religieuse de la Grande Mosquée de Paris, avec plusieurs fédérations musulmanes nationales, s’est réunie pour la Nuit du Doute, ce lundi 8 avril 2024, 29ᵉ jour du mois béni de Ramadan 2024-1445/H, indique la Grande Mosquée de Paris dans...

La Nuit du destin ou laylat al qadr : la nuit sacrée qui dépasse mille mois

La nuit du destin est citée par le Coran comme étant meilleure que mille mois (83 ans et 4 mois). D’après le prophète Mohammed, cette nuit est l’une des nuits impaires des dix derniers jours du mois de Ramadan, soit celles du 21, 23, 25, 27 ou celle du...

Ramadan 2024 au Maroc : voici le montant de la Zakat

Le Conseil supérieur des Oulémas a fixé, il y a quelques jours, le montant minimum de la Zakat Al Fitr au titre de l’année 2024/1445.