Accusé d’avoir tué Issa Camara, le 10 juillet 2016, dans la cité compiégnoise de l’Écharde, Amine Mahama, 26 ans, a comparu devant la cour d’assises de l’Oise, à Beauvais, cette semaine. L’absence de son père aura été pour beaucoup dans la transformation de ce jeune Marocain qui voulait avoir une seconde famille.
À l’âge de 8 ans, Amine Mahama avait quitté le Maroc pour rejoindre son père Mohamed* en France. Les deux n’ont vraiment pas eu de relations familiales. "Il y a eu un fossé entre nous, je l’ai délaissé, il n’a pas eu l’amour qu’un enfant peut avoir de son papa. C’était un étranger", confie le père de l’accusé, qui se dit coupable dans cette affaire. En conséquence, le jeune homme se cherche une seconde famille. La famille Camara l’accueille, particulièrement Ibrahim, le petit frère d’Issa, rapporte Le Parisien.
En juillet 2016, un drame survient dans la famille Camara. Amine Mahama aurait voulu régler un différend qui opposait son vieux copain à Issa. "Amine n’était pas clair ce jour-là. Ça s’est échauffé, il n’y avait pas de terrain d’entente. Alors, je suis remonté chez moi et j’ai dit à Issa : ‘Laisse tomber’, c’est un petit", raconte Ibrahim à la barre. Seulement, Amine était resté sur place. Il ajoutera que lorsqu’il était redescendu, le jeune homme avait deux armes dans les mains. Issa fera le même constat.
"Dans sa tête, il doit se dire : ‘comment un petit que je considère comme mon petit frère, se permet de sortir des armes’. Alors, il avance vers lui et Amine recule, recule encore", poursuit Ibrahim. Selon ses dires, il les avait perdus de vue avant d’entendre deux claquements sourds. Issa venait de s’écrouler.
"Amine, il est arrivé très jeune, ça se voyait qu’il était perdu. Il est vite entré dans ma vie. Il dort chez moi, ma mère lui donne à manger. Vingt mille fois je me suis demandé pourquoi lui, pourquoi il a fait ça ?", s’étonne Ibrahim.
*Les prénoms d’emprunt