Immobilier au Maroc : ces transactions « au noir » qui échappent à l’Etat

4 février 2025 - 11h00 - Economie - Ecrit par : S.A

Le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville a certes renforcé la transparence et la clarté des transactions immobilières à travers la numérisation du processus d’octroi d’aide au logement, mais il a échoué à éradiquer complètement certains phénomènes négatifs, notamment la prolifération des transactions informelles.

Le programme d’aide au logement a connu du succès. D’après les chiffres communiqués par le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, plus de 36 000 citoyens dont 25 % de Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont bénéficié de ce programme lancé par le gouvernement en janvier 2024 pour répondre aux besoins de la classe moyenne et des personnes à revenus limités. Les demandes ont dépassé le seuil de 114 365. 32 % des bénéficiaires sont des jeunes. 63 % d’entre eux ont bénéficié d’une aide financière de 70 000 dirhams, tandis que 37 % ont reçu un montant de 100 000 dirhams. Pour 57 % des demandes acceptées, le prix du logement se situe entre 300 000 et 700 000 dirhams.

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Les statistiques officielles indiquent une production annuelle de 113 000 unités de logement destinées aux classes à revenu limité et moyen, y compris l’auto-construction, mais cette offre reste loin de satisfaire la demande réelle du marché. Cette « situation dépasse les seuls effets du programme d’aide au logement, qui a toutefois entraîné une hausse de 9,45 % des ventes de ciment, une augmentation de 1,7 % du volume des crédits immobiliers, et une croissance de 7,2 % des prêts accordés aux promoteurs immobiliers », explique-t-on. Toutefois, la dynamique de la production immobilière est confrontée à plusieurs défis, notamment la prolifération des ventes informelles. Des difficultés se cachent donc derrière le programme d’aide au logement.

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« Le secteur du logement est confronté à des défis structurels qui affectent directement sa capacité à répondre à la demande croissante, notamment celle des classes moyennes et des ménages à revenu limité. […] malgré les efforts déployés pour soutenir ce secteur, plusieurs facteurs entravent sa dynamique, au premier rang desquels figure la prolifération des transactions informelles (‘Noir’), qui nuit à la transparence et fausse les prix réels des biens immobiliers, tout en privant l’État de revenus fiscaux importants », a expliqué à Hespress un consultant immobilier et spécialiste des lois d’urbanisme. Il pointe également « les obstacles administratifs liés à l’obtention des permis de construire, qui ralentissent le rythme des projets immobiliers et augmentent leur coût, ce qui se répercute sur les prix finaux des unités de logement ».

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Autre défi majeur à relever : la rareté du foncier et les stocks de logements invendus en attente de liquidation. « La rareté du foncier, notamment dans les grandes villes, a conduit à une hausse des prix des terrains, compliquant davantage l’accès à un logement abordable », a averti le professionnel.

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