Le prix des lentilles a considérablement augmenté au Maroc, atteignant 32 dirhams le kilo chez les détaillants, contre 25 dirhams pour les lentilles importées.
On savait que 2008 allait être une année de hausse considérable des prix de nombreux produits de base. Les chiffres officiels du Haut commissariat au plan (HCP), arrêtés à fin décembre, viennent de le confirmer : sur l’ensemble de l’exercice, l’indice du coût de la vie (ICV) aura, en effet, progressé de 3,9%.
C’est beaucoup, même si les consommateurs, raisonnant à l’aune de leurs propres dépenses, peuvent estimer le chiffre en dessous de ce qu’ils croient être la réalité ou qu’ils perçoivent comme telle. Ils n’auront pas d’ailleurs tout à fait tort, car ce chiffre n’est qu’une moyenne, qui plus est intégrant les produits à prix volatils et les tarifs publics (l’inflation sous-jacente). En ne tenant compte que de l’inflation sous-jacente, la hausse est en effet plus importante puisqu’elle atteint les 4,5%. Et c’est cet indicateur qui reflète le mieux ce qui est fondamental dans les mouvements de prix, en laissant de côté les fluctuations temporaires qui n’ont pas d’impact à long terme sur le niveau des prix.
Autre motif pour relativiser le niveau de l’ICV, celui-ci s’applique à un panier de la ménagère très largement dépassé, donc ne reflétant pas complètement l’évolution des habitudes de consommation des Marocains. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le HCP a mis au point un nouvel indice, non plus du coût de la vie, mais des prix à la consommation. Cet indice concernera de nouveaux produits et affectera de nouvelles pondérations à chaque produit et groupe de produits. Sa publication devrait intervenir incessamment.
La croissance hors agricole pourrait pâtir de la crise internationale au premier trimestre 2009
Comme chacun a pu le constater, et surtout le ressentir, l’essentiel de l’inflation vient des produits alimentaires. L’indice de ces derniers a, en effet, progressé de 6,8% entre 2007 et 2008, alors que celui des produits non alimentaires n’a augmenté « que » de 1,4%. La situation aurait, toutefois, pu être beaucoup plus préoccupante n’eût été l’intervention des pouvoirs publics, à travers la Caisse de compensation, pour soutenir les prix des produits dont les cours sur le marché mondial avaient atteint au premier semestre 2008 un niveau jamais égalé : pétrole, gaz, blé et sucre, notamment. Sur les onze mois de 2008, ce sont quelque 30 milliards de dirhams qui ont été alloués au soutien des prix.
C’est d’ailleurs grâce à ce soutien massif des principaux produits de base, mais aussi à l’amélioration partielle des salaires, intervenue en juillet dernier dans le cadre du dialogue social, et à l’évolution favorable du marché de l’emploi sur les neuf premiers mois de 2008 (145.000 postes créés contre 112.000 un an auparavant), que la consommation des ménages a connu une hausse considérable : + 7,8% contre 3,8% en 2007. Et ceci, en dépit de la régression des transferts des Marocains résidents à l’étranger (MRE), consécutivement au choc financier et économique qui a affecté leurs pays d’accueil. Il faut rappeler, malgré tout, que, depuis juillet dernier, une nette décélération des prix à l’international est intervenue qui a quelque peu apaisé les tensions inflationnistes qui commençaient à se faire jour.
Comme nous l’avions indiqué ici même, c’est donc cette consommation des ménages qui a tiré la croissance économique à la hausse en 2008 (5,8% selon les estimations du HCP).
Cette tendance devrait se poursuivre au moins sur le premier trimestre de 2009, bénéficiant de l’allègement de la fiscalité sur les salaires (baisse de l’IR) et l’amélioration des revenus agricoles, en liaison avec les perspectives d’une campagne céréalière au-dessus de la moyenne des cinq dernières années (environ 70 millions de quintaux). C’est d’ailleurs la hausse de l’activité du secteur primaire qui devrait soutenir la croissance économique globale sur la moitié de 2009 sinon sur l’ensemble de l’année, sachant que l’activité non agricole commence à montrer des signes d’essoufflement évidents.
D’ores et déjà, le HCP prévoit, en effet, un tassement de la croissance non agricole au premier trimestre de 2009 (3,9%), en comparaison avec le même trimestre de 2008 (6,2%). Ceci aura-t-il des répercussions sur l’emploi et donc la consommation ? Oui, selon les prévisions du HCP qui met en avant les incertitudes qui pèsent sur l’économie mondiale et, par ricochet, sur la demande étrangère adressée au Maroc.
Source : La vie éco - S. A.
Ces articles devraient vous intéresser :