L’accord de libre-échange avec les USA : un moteur pour le développement ?

4 mars 2004 - 22h29 - Economie - Ecrit par :

RABAT (AP) - L’accord de libre-échange conclu mardi à Washington est "un moteur d’accompagnement du développement du Maroc", a déclaré jeudi le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères, Tayeb Fassi-Fihri.

Conclu après 13 mois de négociations "intenses et parfois difficiles", cet accord, le premier du genre conclu entre les Etats-Unis et un pays africain, le deuxième avec un pays arabo-musulman après la Jordanie, s’inscrit "dans une stratégie nationale de développement dans le respect de nos bonnes et anciennes relations avec l’Union européenne", a affirmé le ministre.

"Nous sommes parvenus à un point d’équilibre" a-t-il ajouté en présentant à Rabat les grandes lignes de cet accord de démantèlement des tarifs douaniers. Le ministre, qui a dirigé l’équipe de négociateurs marocains, a insisté sur la "progressivité" du traité qui doit encore être ratifié par les Parlements marocain et américain avant d’entrer en vigueur en 2005.

Plusieurs périodes transitoires, s’échelonnant de 10 à 20 ans ont ainsi été négociées pour préserver les intérêts des producteurs nationaux, notamment dans le secteur vital de l’agriculture qui emploie près d’un Marocain sur deux.

Des quotas, liés au niveau de la production nationale, ont été fixés pour les importations en franchise douanière de céréales. "Il ne s’agit pas d’une ouverture totale du marché marocain", a précisé M. Fassi Fihri. Les produits agricoles marocains auront en revanche "un accès immédiat et sans limite" au marché américain.

Qualifié de "révolutionnaire" par le représentant américain au commerce, Robert Zoellick, cet accord comporte par ailleurs des clauses de sauvegarde "pour le respect de la diversité culturelle".

Rappelant "l’engagement pionnier du Maroc au sein de la francophonie", le ministre a voulu apaiser les inquiétudes du secteur culturel et audiovisuel. "Les subventions publiques seront maintenues" a-t-il déclaré.

Autre secteur sensible, celui des médicaments génériques. La durée de vie des brevets ne dépassera pas 20 ans, "conformément aux engagements pris par le Maroc dans le cadre de l’OMC" (Organisation mondiale du commerce). "En cas d’épidémie ou d’urgence nationale, le Maroc gardera la liberté totale de produire ou d’importer ce qu’il veut, comme il veut", a assuré M. Fassi-Fihri.

Avec un volume d’échanges de près d’un milliard de dollars, les Etats-Unis sont le sixième partenaire commercial du royaume. Depuis mars 2000, le Maroc est déjà lié à l’Union européenne par "un accord d’association" prévoyant un démantèlement douanier progressif d’ici 2010. L’UE, avec qui le Maroc réalise 70% de ses échanges commerciaux, a déjà accordé plus de 300 millions d’euros de crédit pour accompagner la mise à niveau de l’économie marocaine. Aucun financement n’est en revanche prévu par l’accord conclu avec les Etats-Unis.

La presse marocaine jeudi commentait largement ce traité. "Le loup est dans la bergerie", titrait "Aujourd’hui" qui tempérait : "Le management américain agressif et peu sentimental semble, à notre avis, le mieux indiqué pour réveiller notre économie de son hibernation". Le quotidien "L’Economiste" saluait quant à lui "une formidable opportunité" pour le Maroc. AP

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