La monarchie marocaine "menacée", selon l’ancien homme fort de Hassan II

11 mai 2003 - 12h05 - Maroc - Ecrit par :

La monarchie marocaine est "assurément menacée" et le pays "sorti de la méthodologie démocratique" après des élections législatives "falsifiées", a affirmé samedi dans la presse Driss Basri, ancien ministre de l’Intérieur et homme fort du régime de Hassan II.

Les technocrates qui sont actuellement au gouvernement sont un danger, car ils ne sont pas conscients du fait que ce qu’ils font est un danger pour le trône", écrit Driss Basri, tout-puissant ministre de l’Intérieur du roi Hassan II décédé en 1999, dans un long article publié dans Le Journal Hebdomadaire.

"La monarchie est assurément menacée", ajoute M. Basri, déplorant que le pays ait "dévié du cheminement vers l’Etat de droit et des institutions" et que l’on se trouve aujourd’hui "devant un Premier ministre sans parti".

Après les législatives de septembre 2002, le roi Mohammed VI a nommé Driss Jettou - un gestionnaire sans appartenance politique - au poste de Premier ministre en remplacement du socialiste Abderrahmane Youssoufi. M. Jettou a constitué son gouvernement d’une coalition de partis de gauche et de centre-droit.

M. Basri trouve "révélateur" que les résultats de ces élections n’aient été "rendus publics qu’après cinq jours". "Ce qu’ils ont fait n’est pas dans l’intérêt du Maroc, ni de celui de l’institution monarchique, ni même dans l’intérêt de Sa Majesté (Mohammed VI)", estime-t-il.

"Personne ne peut savoir comment il a été élu", ajoute l’ancien ministre en assurant que, depuis 1960, tous les résultats des législatives ont été publiés au Bulletin officiel sauf ceux de septembre dernier.

"Après les élections de septembre dernier, et je réaffirme qu’elles ont été falsifiées, nous sommes sortis de la méthodologie démocratique", estime-t-il.

"Tout ce que je dis est par amour pour Mohammed VI", ajoute l’ancien ministre qui dénonce sans les nommer des membres de "l’entourage" du roi qui "agissent contre la volonté de Sa Majesté". Il indique qu’il accepterait de participer à nouveau à un gouvernement dont le chef "rendrait compte aux électeurs" en fin de mandat.

Evoquant son limogeage par le roi Mohammed VI quelques mois après son intronisation, Driss Basri estime que le "facteur déterminant" qui a précipité son "éloignement" a été son "opposition franche au projet (James) Baker" sur le conflit du Sahara.

Ce projet, baptisé la "troisième voie", préconisait une large autonomie de cette ancienne colonie espagnole, objet d’un litige territorial de plus d’un quart de siècle entre le Maroc et le front Polisario.

AFP

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