Des règles strictes concernant les liquides et les gels dans les bagages à main sont entrés en vigueur dans les aéroports de l’Union européenne (UE). Elles s’imposent aux voyageurs marocains et d’autres nationalités.
Au Maroc, le processus de Barcelone avait suscité un grand enthousiasme. Mais, dix ans après, les résultats de la coopération avec l’Union européenne sont loin des ambitions affichées en 1995
Malika habite un appartement dans la médina de Rabat, caché au bout d’un dédale de couloirs étroits et d’escaliers tortueux aux murs couverts de céramiques anciennes. Dans son minuscule deux-pièces, elle brode à la main des cafetans et des djellabas traditionnels : « Avant je travaillais surtout sur commande. Maintenant, avec le prêt solidaire, je peux acheter les fournitures à l’avance et ainsi faire du « prêt-à-porter ». Et je gagne plus d’argent. » Einissa est une des 210 000 « porteuses de projets » de l’association Zakoura spécialisée dans le microcrédit. Le montant des prêts varie entre 1 000 et 4 000 dirhams (*) remboursables en 23 à 35 semaines. Ils permettent aux nombreuses personnes exclues du système bancaire d’obtenir des financements pour développer un projet d’activité.
Zakoura a distribué près de 2 milliards de dirhams depuis sa création en 1995. Mais son activité s’est considérablement développée depuis que l’Union européenne a décidé d’accorder une première enveloppe de 10 millions d’euros en 2003 aux associations marocaines spécialisées dans cette activité. « Avant 2003, nous ne pouvions financer nos prêts que par les dons que nous recevions, explique le directeur financier d’Alamana, Abdellah Ichouch. Le prêt de la Banque européenne d’investissement (BEI) a augmenté notre capacité à prêter et a en plus provoqué un effet d’entraînement en crédibilisant notre activité. Depuis, les banques commerciales acceptent de nous prêter de l’argent. »
Les inégalités ne diminuent pas
La BEI, au travers de la Femip (département de la BEI qui se consacre exclusivement aux pays méditerranéens), est également partenaire de fonds d’investissement marocains. Parmi eux Sindibad, qui se consacre à l’assistance à la création d’entreprises innovantes. Il a notamment participé à la naissance, en janvier 2004, de Design Electronic qui s’est spécialisé dans la conception de circuits intégrés. Cette entreprise emploie actuellement une trentaine d’ingénieurs, dont dix en France.
Mais, au-delà de ces exemples, les effets du processus de Barcelone au Maroc semblent bien loin des ambitions affichées en 1995. Dans ce pays qui, avec la Tunisie, a été l’un des principaux bénéficiaires de la coopération avec Bruxelles, les déçus sont nombreux. Loin de se réduire, l’écart de revenus entre Marocains et Européens s’est creusé. Les inégalités n’ont pas diminué et l’analphabétisme touche toujours plus de 50% de la population. La disparition progressive des barrières douanières a fragilisé une grande part de l’industrie locale, soumise à la concurrence plus aguerrie des industriels européens. Les aides promises à la mise à niveau des entreprises n’ont eu que peu d’effet. Les auditeurs envoyés par Bruxelles pour une semaine dans les entreprises n’ont pas convaincu. Résultat : beaucoup de sociétés préfèrent faire appel à des audits qu’elles paient, mais qui font un travail de conseil plus efficace. Sans cette mise à niveau, l’ouverture du marché aux produits européens écrase les entreprises marocaines incapables de s’adapter à la nouvelle donne. La dégradation de la balance commerciale en est la démonstration. Cette fragilisation des entreprises serait à l’origine d’un développement de l’économie informelle et de la corruption : un rapport de Transparency International classe le Maroc à la 77e place en 2005, alors qu’il figurait encore à la 45e place en 1999.
Réformes démocratiques
La mise en place d’une zone de libre-échange, un des objectifs définis à Barcelone, se fait de façon sélective puisque les exportations agricoles marocaines vers l’Europe, un secteur où le pays possède de réels avantages comparatifs, restent strictement contingentées. Résultat : seuls l’envoi d’argent par les immigrés et le tourisme permettent de rééquilibrer la balance de paiement. « Au départ nous avons applaudi au processus de Barcelone. Nous espérions moderniser l’économie marocaine dans le cadre européen, explique Hassan Chami, président de la CGEM, l’équivalent marocain du Medef. Nous avions en tête l’exemple de l’Espagne, ou du Portugal. On nous avait promis une contribution massive à la mise à niveau de nos entreprises. Maiss pendant les sept premières années, il ne s’est rien passé. Les Européens avaient la tête tournée vers l’Est. Depuis trois ans, on sent un début de mouvement. Mais les aides sont trop orientées vers l’administration. »
« Certes les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances nées en 1995. Mais le processus a permis de stimuler les réformes démocratiques et administratives au Maroc, explique Fathallah Oualalou, ministre des Finances. Pour avancer, Il faut que tout le monde comprenne que les problèmes de la Méditerranée sont les problèmes de l’Europe, et inversement. »
Un sujet illustre cette interdépendance : l’immigration. Il y a quelques semaines, les « assauts » d’immigrés dans les enclaves espagnoles au Maroc de Sebta et Melilla ont montré l’urgence d’une concertation entre les deux rives de la Méditerranée. Après les mouvements de capitaux et de marchandises, il va bien falloir se pencher sur celui des personnes.
Patrick Bèle - Le Figaro
Ces articles devraient vous intéresser :