Le spectre des visas plane sur le milieu estudiantin

5 décembre 2003 - 12h16 - Maroc - Ecrit par :

La durée d’obtention est indéterminée, ainsi toutes les retombées d’une telle réforme de centralisation ont été fatales pour l’ensemble des étudiants. Les responsables marocains doivent analyser de telles conséquences pour dénoncer ce constat alarmant.

Il est toujours essentiel, en cette période de turbulence, que certains étudiants marocains qui vivent dans l’angoisse, soient défendus par notre organisme représentatif (C.U.A.P.L.M.F.) reconnu sur le plan institutionnel, aussi bien en France qu’au Maroc, pour dénoncer cette décision ou la dérision du centralisme exacerbé. Une décision mal étudiée, coûteuse pour les étudiants marocains (1.059 dirhams de frais de visa + 800 dirhams de frais de tests). C’est une décision qui nous semble aventureuse, sans consultation avec les autorités marocaines. Elle est unilatérale et arbitraire, imposée par certains responsables du ministère des Affaires étrangères français.

Toutefois, il semble opportun et juste, avant d’entreprendre cette réforme, de pouvoir instiller au sein d’une commission mixte des représentants associatifs, étudiants qui travaillent depuis plus de 3 décennies avec les étudiants marocains désireux de venir en France afin d’explorer ensemble et d’une façon efficace tous les moyens sérieux d’une gestion de visas étudiants au service de ces Marocains.

Impact désastreux

Ce centralisme et de son dysfonctionnement qui aura pour conséquence un impact désastreux sur la lisibilité par l’étudiant marocain du service consulaire. L’étudiant marocain se livre ainsi à des exercices périlleux et parfois inhumains :
• la majorité de ces étudiants se déplace à Casablanca, issue des contrées et de villes marocaines de plus de 800 km, pour déposer un dossier.
• payer un droit abusif de 1.059 dirhams pour frais de visa.
• attendre d’une façon lancinante qu’il soit convoqué pour subir des tests en français, qui ne représentent en rien les capacités intellectuelles de l’étudiant et,
• devoir répondre à des critères drastiques sur le plan financier, ce qui est tout à fait normal d’avoir des ressources suffisantes et des garanties pour permettre au futur étudiant de poursuivre ses études dans les meilleures conditions et atteindre ses objectifs.

Il faut exiger des garanties réciproques aussi bien en France qu’au Maroc. Ce sont les critères les plus importants qui pourraient déterminer l’option rationnelle et le choix d’acceptation ou de rejet d’un dossier. Nous n’omettons pas d’oublier que certains critères de refus nous semblent fantoches, et ne tiennent pas compte de l’environnement macropédagogique de certains étudiants marocains.

• L’âge moyen de l’obtention du baccalauréat en France est de 19 ans et ce serait injuste d’exiger d’un jeune Marocain un âge similaire, en raison de la précarité de ses études antérieures et du degré de formation qui lui est dispensé.
• Plus de 75 % des étudiants marocains s’inscrivent dans un cycle d’enseignement supérieur généralisé, se trouvent parfois désorientés et perdent ainsi un an ou 2 ans pour mieux s’orienter vers une option spécifique, soit du secteur tertiaire ou industriel et les réponses souvent dramatiques qui leur sont adressées : « ne répondent pas au profil des études escomptées » , ce qui est antinomique et paradoxal avec notre système d’orientation.

Or, nos étudiants français se trouvent dans la même situation et s’inscrivent dans une section spécialisée après 2 années d’échec au 1er cycle universitaire.

Il n’incombe pas au Conseiller culturel ou au chef de service de visas de lutter en amont contre cet échec. Il doit s’interroger sur les conditions d’étude que ces derniers ont reçues, il doit évaluer et diagnostiquer leur potentiel intellectuel dans les matières soit scientifiques, mathématiques, de gestion, etc.. et ne pas se cantonner à résoudre les problèmes d’obtention de visas et de répondre avec béatitude que ces formations existent sur le territoire marocain en considérant, en outre, que l’étudiant ne maîtrise pas complètement la langue française.

Dans ces conditions, il ne faut plus homologuer ni le Baccalauréat marocain ni certaines licences ès sciences économiques qui ont leurs validités globales sur le territoire français et auprès de nos écoles et de nos universités et que paradoxa-lement ce service central consulaire de Casablanca s’évertue à ne plus accepter.

5.000 dossiers en attente

• Réformer, c’est créer des conditions d’environnement agréables, simplifiées, afin de rendre le service plus proche des citoyens et ce service doit être de qualité à ce besoin de proximité.
• Créer ce centralisme qui s’assimile trop souvent à un parcours du combattant, ce pauvre étudiant marocain est ballotté entre sa circonscription consulaire et Casablanca où l’attente reste traumatisante et les délais d’obtention restent indéterminés. Au 16 septembre dernier, on nous indiquait que 16.000 dossiers étaient parvenus à Casablanca et qu’au 30 octobre dernier à 12 h 30, un responsable des visas s’est exclamé ainsi « 5000 dossiers sont dans l’attente et l’expectative », qu’aucune réponse n’est parvenue par écrit et ceux qui ont la chance d’obtenir des informations par téléphone, après plusieurs tentatives, s’entendent répondre que leur visa n’est pas accordé.

Ils ont perdu une année universitaire, ils ont perdu leur droit d’inscription, ils sont acculés à devenir des chômeurs nés, bien qu’ils aient toutes les possibilités aussi bien financières que pédagogiques de pouvoir entreprendre des études sérieuses en France.

On leur a enlevé cet espoir, on les a marginalisés et on a commencé à créer une sorte de rancœur, de hargne et de passion négative contre notre système éducatif, contre notre système inique d’attribution des visas et ainsi favoriser d’une façon successive l’émigration des étudiants vers les pays anglophones, tels que l’Angleterre et le Canada. Donc, on commence à « brader » l’amitié pérenne franco-marocaine qui est plus que séculaire et qui en sera altérée et ébranlée.

Comment devancer l’Angleterre et ses 240.000 étudiants étrangers contre les 220.000 de l’Hexagone ? C’est un défi qui doit être lancé à tous les responsables afin qu’ils définissent leurs objectifs de fonctionnement, afin qu’ils assurent leurs prestations d’une façon équilibrée et qu’ils coordonnent leurs actions avec tous les responsables politiques. Cela pour mieux informer, communiquer et que la prestation de visas doit être transparente, claire et doit conditionner tous les étudiants à rechercher une participation sous une forme appropriée. De même, l’obtention d’un visa étudiant doit être concrétisée par un engagement de ce dernier de réintégrer son pays après avoir terminé ses études.

Ainsi le visa doit varier dans le temps en fonction de l’évolution des besoins et son adaptabilité doit être reconnue par le personnel consulaire qui se trouve parfois absorbé, englouti par le poids de cette réforme spectaculaire et tentaculaire de ce visa étudiant.

Il est certain qu’à partir de cette lenteur et de cette détérioration, on a banni le professionnalisme de chaque consulat, on s’est enlisé dans un mécanisme obsolète qui n’a aucun sens pour définir l’orientation et le profil réels d’un étudiant marocain qui demeure stéréotypé et devient un prototype anodin qui ne présente aucun intérêt pour entreprendre des études en France.

Si cette grogne silencieuse des étudiants et cette protestation est étouffée et ne peut s’exprimer, elle combattra nos institutions consulaires démocratiques et ces étudiants se détourneront de leur tradition franco-marocaine, de leur légitimité et banniront notre système éducatif qui aura des conséquences fâcheuses à long terme et ainsi nous tomberons dans l’excès et les phases les plus tragiques de l’intégrisme.

Ce décalage entre les étudiants et les responsables consulaires impose à tous les consuls et à tous les partenaires socioéconomiques français d’y porter une grande attention et d’y remédier sans prétendre à une réflexion exhaustive et que le concept de délivrance des visas ne doit pas être galvaudé, ni tronqué, ni foncièrement marginalisé sous des apparences qui justifient des refus incultes et occultes. Ainsi, il faut s’atteler à cette mission et revoir cette expérimentation qui n’ouvre aucune voie d’une nouvelle étape de décentralisation.

Il faut relancer un nouveau programme de délivrance de visas de façon à ce que tous nos consuls généraux sur le territoire marocain soient mieux en situation de répondre aux attentes et aux besoins de tous les étudiants marocains.

L’économiste

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