« J’étais très impressionnée par leur style : elles avaient des sacs Hervé Chapelier, beaux et propres, portaient un joli bracelet, souvent de famille. J’étais différente. J’avais rapporté du Maroc certains vêtements de ma mère et j’achetais des trucs vintage. J’adorais qu’on me voie, alors je portais des choses excentriques », s’est souvenue Leïla Slimani dans une interview accordée au magazine Elle à l’occasion de la sortie de « J’emporterai le feu », dernier tome de sa trilogie entamée avec « Le pays des autres ».
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Elle a tenu à préciser que ce style étrange était accentué par son physique. « À l’époque, ce n’était pas si commun de voir à Paris une fille avec un physique maghrébin, les sourcils épais, les cheveux frisés. C’était vécu comme une provocation. Je n’ai jamais lissé mes cheveux. Je m’identifiais à des beautés métisses, au style ’Black Is Beautiful’". Une règle à laquelle elle a dérogé lors du dernier Festival de Cannes. Elle est apparue méconnaissable lors de la montée des marches pour The Phoenician Scheme de Wes Anderson en arborant une coiffure radicalement différente de son style habituel : un brushing ultra-lisse, plaqué, et subtilement cranté, qui évoquait les icônes hollywoodiennes des années 30.
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La figure de Farida Khelfa a été sa source d’inspiration à l’époque. « Elle fut importante pour moi. Elle m’a apaisée dans mon rapport à la beauté. C’est une femme arabe, maghrébine, avec un physique fort. Il tranchait avec les clichés associés à la femme orientale – lascive, aux formes généreuses. Farida a un physique sec, branché. Elle m’a ouvert des perspectives », a avoué Slimani.