Pufa, la « cocaïne des pauvres » s’est installée progressivement dans toutes les régions du Maroc, menaçant la santé et la sécurité des jeunes. Le sujet est arrivé au Parlement.
Les radios privées marocaines, qui viennent de souffler leur première bougie, ont redonné une nouvelle jeunesse à ce média longtemps sclérosé, mais elles paient parfois cher leur liberté de ton. "L’ouverture des ondes a permis de libérer la parole et aujourd’hui les auditeurs peuvent choisir les sujets et la langue qu’ils désirent", assure Younès Boumehdi, directeur de Hit Radio, une station musicale très en vogue chez les moins de 30 ans avec 600.000 auditeurs quotidiens.
Si à Atlantic c’est l’économie qui prime, le constat est le même. "Le dialogue avec nos auditeurs a réconcilié le public avec beaucoup de décideurs mais pour les plus incompétents c’est une épreuve sans appel", note Nadia Salah, directrice de la rédaction de cette radio et du quotidien L’Economiste.
"Les Marocains veulent débattre, nous devons leur donner la parole et réinstaurer la confiance dans ce médium", explique Hassan Nadir, directeur de l’information à Chada FM, faisant allusion à la radio d’Etat qui fut longtemps réduite à n’être qu’un porte-voix du pouvoir.
Pari gagné si l’on en croit une étude récente : 92% des urbains de plus de 15 ans écoutent la radio.
En plus de délier les langues, la libéralisation a favorisé l’usage de l’arabe marocain, longtemps délaissé au profit de l’arabe standard, et de nombreux animateurs s’expriment désormais en darija.
En tête des radios privées, Chada FM alterne la musique populaire chaâbi avec le hip hop marocain. "Notre concept se résume en trois mots : proximité, interactivité et divertissement", explique Rachid Hayeg, son directeur.
Chaque radio vante sa prouesse journalistique : Chada FM assure avoir posé le premier micro sur les lieux d’un attentat en avril, quand Casa FM s’enorgueillit d’avoir retransmis en direct l’explosion du second kamikaze.
Toutefois cette ouverture est contrôlée par la Haute autorité pour la communication audiovisuelle, créée en 2002 et composée de neuf membres nommés par le roi, le Premier ministre et le Parlement. Elle a infligé en novembre à Hit Radio un avertissement assorti d’une amende de 9.000 euros pour légèreté inadmissible sur des questions socialement et culturellement sensibles, à savoir le viol et l’homosexualité.
Il s’agit de la première sanction depuis l’adoption à l’unanimité de la loi libéralisant les ondes en mars 2005 et l’octroi en mai 2006 de 11 licences à des radio privées.
"Au Maroc, où les pédopsychiatres se comptent sur le doigts d’une main, notre émission ’Libre Antenne’ permet aux auditeurs de discuter de sujets plus ou moins légers", assure Younès Boumehdi. Hit Radio est financée pour moitié par des fonds propres et le reste par des crédits bancaires. Atlantic l’est entièrement par des fonds privés.
Cette éclosion a révélé la pénurie de journalistes qualifiés. Atlantic a consacré 2 millions de dirhams à la formation et des experts étrangers ont été appelés en renfort par plusieurs groupes.
Toutefois en terme de technologie, beaucoup diffusent en numérique, "alors qu’en France, certains en sont encore à l’analogique", note avec fierté Rachid Hayeg.
AFP
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