Les lunettes chinoises, un "problème de santé publique au Maroc"

21 janvier 2013 - 18h10 - Maroc - Ecrit par : J.L

Les lunettes chinoises constituent un réel problème de santé publique au Maroc. Fabriquées à base de déchets plastiques et ferreux recyclés en Chine, ils envahissent "impunément" le marché marocain. C’est ce qu’affirme Mohamed Bettoula, président du Syndicat professionnel national des opticiens du Maroc dans un entretien accordé à Bladi.net.

Bladi.net : Quelle est la situation du métier d’opticien au Maroc aujourd’hui et quelles sont vos revendications ?

Mohamed Bettoula : De toutes les professions réglementées au Maroc, la profession d’opticien est la moins protégée. Rien n’est fait pour que ce métier soit exercé dans le strict respect de la loi. Les faux opticiens continuent à proliférer sans aucune impunité, voire même avec la complicité des autorités qui sont censés nous protéger, d’où le ras-le-bol actuel des professionnels.

Bladi.net : Est-ce que, selon vous, les lunettes importées de Chine sont un réel problème de santé publique, ou simplement une concurrence que vous estimez déloyale ?

Mohamed Bettoula : Figurez-vous, que même de hauts responsables nous ont posé cette question pour justifier leur passivité à faire respecter la loi. Parmi les produits chinois importés, on trouve du bas au haut de gamme. Donc, c’est plutôt aux pays d’imposer leurs normes, de les contrôler et de sanctionner durement les importateurs qui ne les respectent pas. Au Maroc, où ces produits sont en majorité un réel problème de santé publique, ces standards ne sont pas pris en considération. C’est pour cela que l’on voit partout des lunettes, lentilles et verres de corrections faits à base de déchets plastiques et ferreux recyclés, circuler sous le regard passif des autorités.

Quant à la concurrence, on ne peut en parler qu’à produit et service égaux fournis conformément aux lois en vigueur, ce qui n’est malheureusement pas le cas au Maroc.

Bladi.net : Existe-t-il des cas de victimes de lunettes chinoises au Maroc ?

Mohamed Bettoula : A part les cas rencontrés dans nos officines, ou ceux cités dans des reportages télévisés parlant de personnes ayant perdu la vue, il n y a pas de statistiques officielles sur les victimes de lunettes chinoises, comme c’est le cas en Europe, ou l’on a la preuve irréfutable que certains produits chinois tuent.

Bladi.net : On parle également de diplômes au rabais ou achetés à l’étranger, est-ce vraiment le cas aujourd’hui au Maroc ?

Mohamed Bettoula : Au Maroc, les diplômes d’opticien peuvent désormais être achetés sur place et à moindre prix. Depuis sa création, le syndicat a œuvré pour la création d’une formation universitaire d’opticien à Marrakech et à l’élaboration d’un référentiel national de formation. Toutefois les autorités de tutelle condamnent ce processus, en autorisant l’ouverture d’écoles privées de formation professionnelle, qui proposent une pseudo formation à des étudiants inscrits de bonne foi, et vendent aussi des diplômes à des individus qui n’assistent à aucun cours, ou à des cadres et secrétaires qui travaillaient à temps plein dans des sociétés de distribution de produit d’optique, ainsi qu’à des personnes sans aucun niveau d’étude.

Serait-ce trop demander pour la bonne santé visuelle de nos concitoyens, qu’un référentiel et un examen national soient obligatoires ?

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Importations - Chine - Lois - Santé - Syndicat - Mohamed Bettoula

Ces articles devraient vous intéresser :

Aïd Al-Adha : le Maroc va importer un million de têtes de bétail

À quelques semaines de la célébration de l’Aïd Al-Adha, le gouvernement s’active pour satisfaire les besoins de la population. En tout, un million de têtes sera bientôt importé.

Maroc : forte augmentation des salaires des médecins

À compter de janvier 2023, les médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes verront leurs salaires augmenter de plus de 3 000 DH. Une augmentation qui entre dans le cadre des réformes opérées par le gouvernement et portant statut particulier de ce...

Le Maroc dispose d’un stock de blé de six mois

Le stock de blé du Maroc s’élève à six mois, selon le gouvernement, en réponse aux craintes de coupures d’approvisionnement et de hausses de prix liés au conflit russo-ukrainienne associé à la sécheresse qui touche le pays.

Engrais : l’Europe mise sur le Maroc

Face à la flambée des prix des matières premières liée à la crise à la guerre en Ukraine, l’Europe envisage d’augmenter ses importations d’engrais au Maroc. 40 % des importations européennes de phosphate provenaient du royaume.

Le Maroc va importer 2,5 millions de tonnes de blé

Le Maroc veut importer 2,5 millions de tonnes de blé entre le 1ᵉʳ juillet et le 30 septembre 2023, a annoncé l’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL).

Une maladie menace les enfants marocains

La propagation de la maladie de leishmaniose dans plusieurs provinces marocaines préoccupe le Parlement. Une députée a interpellé le ministre de la Santé et de la Protection sociale Khalid Ait Taleb sur ce sujet.

Au Maroc, la pénurie fait chuter les ventes de voitures

Au Maroc, les ventes de voitures ont chuté à fin août en raison notamment du manque de disponibilité des modèles.

Ces plantes qui empoisonnent les Marocains

L’intoxication par les plantes et les produits de pharmacopée traditionnelle prend des proportions alarmantes au Maroc. Le Centre antipoison du Maroc (CAPM) alerte sur ce problème de santé publique méconnu du grand public.

Tomate marocaine : le nouveau cauchemar des producteurs français

Face à l’augmentation des importations de tomates marocaines, les producteurs français expriment leur inquiétude et pointent du doigt une concurrence déloyale.

Maroc : suspension des droits à l’importation des bovins domestiques

Le gouvernement marocain a adopté mercredi dernier, un projet de décret portant sur la suppression des droits de douane sur les achats de bovins domestiques d’un poids minimal de 550 kg.