Le Maroc, royaume de l’aéronautique low-cost

8 décembre 2007 - 01h12 - Economie - Ecrit par : L.A

« Il faut savoir ne pas être franchouillard et suivre le mouvement. » Dans un restaurant chic de Casablanca, Jean-Paul Remezy, vingt ans de sous-traitance aéronautique derrière lui, fête avec deux proches collaborateurs la création de sa société marocaine. Lundi 3 décembre, Mohican est né.

Evident. Opérationnelle dans six mois, l’entreprise de matériel industriel en composite fabriquera des boîtiers pour les câbles électriques d’Airbus au Maroc. Pour ce président d’une grosse PME bordelaise, le choix semblait évident. « A la demande de notre client, Labinal, [principal fournisseur d’Airbus en câble électriques, ndlr], nous avions repris, il y a trois ans, l’activité d’une petite entreprise du sud-ouest de la France qui fabriquait ces boîtiers. Aujourd’hui, Labinal, qui produit une grande partie de ses câbles au Maroc, nous a demandé de nous rapprocher de son site de production, analyse Jean-Paul Remezy. Si nous ne venons pas, d’autres le feront et nous perdrons un marché. »

Depuis quatre ans, des PME françaises, pour une grande partie sous-traitantes d’Airbus et de ses grands équipementiers, il s’en implante en moyenne une dizaine par année. Installé dans le pôle industriel aéronautique à une quinzaine de kilomètres de Casablanca, Thomas Corbel, fabriquant de pièces pour les moteurs d’avion A320 et A340, ne s’en étonne pas. « Une pièce qui sort de nos ateliers est 30 % moins cher que si nous l’avions fabriqué en France. » Avec une main-d’œuvre 3 à 4 fois moins cher, et une proximité géographique limitant les frais logistiques, les sous-traitants aéronautiques ont ici de quoi faire face à la pression sur les coûts.

Mais pas seulement. Allégement des procédures fiscales et exonération d’impôt pendant une durée de cinq ans ou mobilisation du foncier, le gouvernement marocain s’emploie, depuis 2004, à faire du royaume une plateforme de production aéronautique low-cost. Résultat : quasi inexistant en 2000, le secteur compte aujourd’hui 60 entreprises, 6 000 salariés et affiche un taux de croissance à 2 chiffres. « La forte pression sur les coûts, la bonne santé des carnets de commande nous a plutôt réussies », avoue Thomas Corbel dont le chiffre d’affaires réalisé avec Airbus a augmenté de 30 % cette année .

« En réseau ». Mais à terme, la parité du dirham indexée à un panier de devises où prédomine l’euro ne risque-t-elle pas de compromettre cette success story ? « Il faut ouvrir l’œil mais il est encore trop tôt pour avoir des inquiétudes », explique ce dirigeant d’entreprise. « La force du secteur aéronautique marocain est de s’être développé en réseau où clients et fournisseurs se retrouvent côte à côte. Difficile de transférer tout cela en zone dollar ! » Et avec l’implantation régulière de PME françaises, le réseau se renforce un peu plus chaque année.

Libération.fr - Nadia Hachimi Alaoui

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Croissance économique - Sous-traitance - Aéronautique

Ces articles devraient vous intéresser :

Royal Air Maroc à nouveau critiquée pour la perte de bagages

Abdessamad Kayouh, ministre du Transport et de la Logistique, s’explique sur les retards observés dans la remise des bagages et la perte des bagages dans les aéroports marocains, surtout l’aéroport Mohammed V de Casablanca.

L’aéroport de Tanger fait peau neuve

Le projet de développement et d’expansion de l’aéroport Ibn Batouta, vise à contribuer au développement touristique et économique de la ville de Tanger. La commune apporte une contribution financière.

Un coup de pouce bienvenu pour les commerçants marocains

Suite à la directive de Bank Al-Maghrib (BAM) publiée le 25 septembre 2024, qui plafonne désormais le taux d’interchange domestique à 0,65%, le Centre monétique interbancaire (CMI) a été contraint de s’aligner.

Trafic aérien : record historique pour les aéroports marocains

Selon les statistiques de l’Office national des Aéroports (ONDA), le nombre de passagers a continué de monter en flèche dans les aéroports marocains. Ceux-ci ont accueilli un nouveau record de passagers.

Les aéroports marocains reliés par train

L’aéroport international Ibn Battouta de Tanger sera bientôt relié au réseau ferroviaire, dans le cadre d’un projet qui inclut 15 aéroports internationaux.

Maroc : la croissance économique s’accélère

Le Maroc a enregistré une croissance économique de 4,1 % au quatrième trimestre 2023, contre 0,7 % au cours de la même période de 2022, révèle le Haut-commissariat au plan (HCP).

Le Maroc propulse l’Afrique dans le top 5 mondial de l’aéronautique

Le Maroc s’impose sur la scène aéronautique internationale. C’est ce qu’a déclaré Afaf Saidi, Directrice des industries aéronautiques, ferroviaires, navales et des énergies renouvelables au ministère de l’Industrie et du Commerce. Selon elle, le...

À l’aéroport de Casablanca, un terminal conçu comme un chef-d’œuvre marocain

L’Office national des aéroports (ONDA) dévoile le design du nouveau terminal en mode hub qui sera construit à l’aéroport Mohammed V de Casablanca. La touche marocaine y est bien présente.

Aéronautique : le Maroc décolle et concurrence les géants européens

À l’heure où les constructeurs aéronautiques de l’Europe peinent à répondre à la demande, le Maroc travaille à devenir une plaque tournante de l’aérospatiale.

Royal Air Maroc : Airbus et Boeing en compétition pour une commande historique

La compagnie aérienne nationale Royal Air Maroc (RAM) entend offrir à l’Européen Airbus l’opportunité de bénéficier d’une part de l’appel d’offres qu’elle a lancé en avril dernier pour l’acquisition de 200 nouveaux avions.