Maroc : Corrompre, tricher… c’est normal !

26 mai 2007 - 01h21 - Maroc - Ecrit par : L.A

Le civisme, cette notion universelle, est une valeur en perdition chez nous. Une enquête réalisée par un groupe de 5 chercheurs de l’Université Mohamed-V/Souissi de Rabat, parmi les établissements scolaires de la capitale, révèle des choses surprenantes. Les résultats ont été présentés lors des travaux du colloque national, les 23 et 24 mai, sur le thème : « Ecole et civisme ».

« L’objectif est d’évaluer le degré de conscience chez les acteurs de notre système éducatif en ce qui concerne les valeurs civiques et leur application dans le quotidien », explique Mohamed El Ferrane, enseignant-chercheur. Si des points positifs apparaissent, en revanche des réponses sont très préoccupantes et nécessitent une réflexion approfondie afin de trouver les remèdes utiles.

Sur les aspects positifs, on constate que la majorité des jeunes aiment leur pays et qu’ils affichent un patriotisme de bon aloi. Dans l’ensemble, la population sondée est pour la voie du dialogue, la tolérance et le respect du droit à la différence. Ils sont dans l’ensemble contre l’intégrisme sous ses différentes formes et condamnent le recours à la violence.

La démocratie et la consolidation de l’Etat de droit sont également parmi les souhaits de notre jeunesse. Pour concrétiser ceci sur le terrain, les initiateurs des projets réclament plus de sérieux et de rigueur au niveau du respect de la loi par les différentes composantes de la société.
Les grandes personnalités de la société marocaine doivent aussi donner l’exemple, se comporter en citoyens exemplaires.

Mais tout n’est pas si beau dans le meilleur des mondes. Car la fraude est monnaie courante dans les établissements scolaires. Un phénomène inquiétant dans la mesure où il semble banal. Selon l’étude, ce phénomène est plus courant dans l’enseignement supérieur. Les jeunes justifient ce comportement comme une réponse aux cours de soutien dont bénéficient les étudiants aisés. L’obtention d’un poste dans l’Administration est l’ultime objectif d’une grande partie des interrogés. Ces derniers ne sont pas motivés par le savoir et la consolidation de leur formation générale. Par ailleurs, les jeunes ont été également interrogés sur la question de la corruption. « Un usage normal en cas de nécessité », disent-ils.

Dramatique ! Mais que faire face à cette attitude démissionnaire ? L’école, si elle doit assumer ses responsabilités, ne peut à elle seule porter à bout de bras tous les maux de la société. C’est du moins en partie une des conclusions de l’étude. La famille aussi doit s’impliquer davantage.
Pour la préparation de cette enquête, le groupe de travail a eu recours à un échantillon près de 760 personnes. Il se décompose en 4 catégories.

La majorité concerne les élèves (364), le reste de l’échantillon est constitué des étudiants, des parents et des professeurs. Dans le choix des composantes de l’échantillon en particulier pour les élèves, les initiateurs du projet ont essayé de toucher toutes les couches sociales. La situation sociale des familles des élèves a été un facteur essentiel de la sélection des écoles primaires en milieu urbain ou rural. Pour le secondaire, deux lycées de la capitale ont été choisis. Quant à l’enseignement supérieur, l’enquête a été limitée aux étudiants de l’Université Mohammed-V Souissi du fait que cette dernière est l’initiatrice de cette étude. A noter que les auteurs indiquent que les chiffres seront publiés prochainement. (NDLR) Une procédure qui sera incontournable pour la caution scientifique du sondage.

Les questions ont été axées sur quatre types de valeurs civiques. La première concerne les valeurs sociales. Les valeurs individuelles fait l’objet de la deuxième catégorie. Quant à la troisième partie, elle vise les valeurs politiques et historiques qui ambitionnent de montrer le comportement et l’implication des jeunes dans la vie politique et sociale du pays. Des questions liées à l’histoire du Royaume sont également au menu. Et il s’avère qu’une majorité des jeunes ignorent de grands pans de l’Histoire marocaine et n’en connaissent les principales figures. Enfin, la quatrième partie a été consacrée à l’environnement. Et là aussi, il y a du pain sur la planche.

L’Economiste - Noureddine El Aissi

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Corruption - Education - Enquête - Fraude

Ces articles devraient vous intéresser :

Ce fléau qui fait mal au Maroc

Malgré l’adoption en 2015 de la stratégie nationale de lutte, la corruption ne recule pas au Maroc en raison de principales résistances rencontrées, aussi bien au niveau intra-étatique que dans l’ensemble de la société, et en particulier dans le...

Saïda Fikri règle ses comptes avec les personnalités corrompues

La chanteuse marocaine Saïda Fikri crie haut et fort son aversion pour les personnalités corrompues qui détestent et combattent l’art engagé.

La douane marocaine en alerte

Les services de contrôle central de l’administration générale des douanes et des impôts indirects en coordination avec les banques renforcent les opérations de surveillance aux points de passage frontaliers et des aéroports concernant les transactions...

Maroc : l’Etat traque les fraudeurs

Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a mis en garde les fraudeurs du Registre social unifié qui fournissent de fausses données aux services compétents afin de bénéficier de l’aide directe de 500 dirhams.

Maroc : vers une coupure massive des plateformes IPTV ?

Une opération menée jeudi par les forces de l’ordre italiennes, en collaboration avec leurs homologues chinois et avec le soutien d’Europol, a permis le démantèlement d’un réseau international de streaming illégal dont bénéficiaient 22 millions...

Quand la rentrée scolaire pousse les Marocains à l’endettement

L’approche de la rentrée scolaire et la fin des vacances d’été riment souvent avec le recours aux prêts bancaires devant permettre aux parents marocains de subvenir aux besoins de leurs enfants. Et, les banques se livrent une concurrence très forte.

Maroc : les fraudeurs fiscaux bientôt devant la justice

Au Maroc, les fraudeurs fiscaux présumés vont répondre de leurs actes. Les contrôleurs de l’administration fiscale ont transmis leurs dossiers à la justice aux fins de poursuite.

Corruption au Maroc : des élus et entrepreneurs devant la justice

Au Maroc, plusieurs députés et élus locaux sont poursuivis devant la justice pour les infractions présumées de corruption et d’abus de pouvoir.

Pénurie de médecins au Maroc : Le système de santé à bout de souffle

La pénurie de médecins persiste au Maroc. Par ailleurs, la réduction de la durée de formation en médecine suscite actuellement une vive protestation de la part des étudiants.

Maroc : des notes trop gonflées dans les écoles privées ?

Au Maroc, le phénomène des « notes gonflées » continue de sévir dans des écoles privées. C’est du moins le constat fait suite à la fuite de certains relevés de note sur les réseaux sociaux après la publication des résultats du BAC 2024.