La contrebande est en pleine expansion entre les deux enclaves espagnoles de Ceuta et de Melilla. Les “femmes mules” sont en première ligne du commerce illicite au niveau de ces deux frontières. Elles se pressent, elles se bousculent avec leurs marchandises, dans le couloir métallique du Barrio chino, qui relie Melilla à Beni Enzar, au Maroc, traversent la frontière, autant de fois que possible, dans une même matinée, pour, au total, gagner, en fin de journée, l’équivalent de quelques dizaines d’euros, rapporte orientxxi.info.
D’après la même source, la contrebande s’effectue également en véhicules particuliers. Selon l’estimation de Guillermo Martínez, un ancien Conseiller municipal aux Finances, Ceuta exporte annuellement pour 700 millions d’euros de marchandises au Maroc. Quant à Melilla, ses exportations seraient de l’ordre de 450 millions d’euros, selon le seul calcul, réalisé, il y a une douzaine d’années, par la Délégation du Gouvernement (préfecture) dans la ville.
Nabil Lajdar, Directeur général des Douanes du Maroc, a, de son côté, donné une fourchette qui oscille entre 1,1 et 1,4 milliard, lorsqu’il s’est expliqué, en février, devant le Parlement, précise la même source. Même si cette situation, qui génère des emplois parfois précaires, profite à l’économie locale et à plusieurs catégories de personnes, il n’en demeure pas moins que ce commerce illicite produit une onde de choc au Maroc.
Nabil Lajdar a expliqué que le fisc marocain perd annuellement entre 360 et 540 millions d’euros en droits de douane, à cause de la contrebande. De leur côté, les experts espagnols ne partagent pas littéralement cet avis car ils estiment que ce chiffre est excessif. Fort de ce constat non reluisant, le Royaume chérifien a opté pour la lutte contre la contrebande entre Ceuta et Melilla, et pour la suspension du commerce légal avec l’Espagne.
Celle-ci ne tardera pas à se faire entendre. L’opposition de droite est en colère. Fernando Gutiérrez Díaz de Otazu, Député du Parti populaire de la ville, a encore dénoncé, en août 2019, l’attitude “inamicale” du Maroc dont il se demande s’il cherche à rendre la vie “insoutenable” à sa population majoritairement musulmane, mais espagnole, d’après l’Observatorio Andalusi, un centre d’études qui dépend de la Conférence islamique d’Espagne.
Nombre de leaders politiques entendent mener des actions musclées contre le Maroc. C’est le début d’un bras de fer à distance dont seul le temps déterminera le dénouement.