Le 28 mars dernier fut une journée cauchemardesque pour Hajar E., enseignante de langue française à l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT). Muni d’un « chakour », une hache rudimentaire, un élève de 21 ans, mécontent d’une remarque disciplinaire à son encontre, agresse violemment l’enseignante, en pleine journée et en pleine rue à Erfoud, rapporte Le Matin. Transportée d’urgence dans un état critique à l’hôpital universitaire Hassan II de Fès, celle qui est en poste depuis 2021 à Erfoud, succombe à ses blessures le dimanche 13 avril à l’aube. Elle sera enterrée le lendemain, jour de son anniversaire, dans sa ville natale de Khémisset.
Le drame a provoqué un vif émoi chez les habitants de Fès, les collègues de la défunte et le monde syndical. « Hajar était exemplaire, passionnée par son métier et très engagée auprès de ses élèves. Elle ne méritait absolument pas ce sort injuste », témoigne l’une des collègues de celle qui s’était engagée dans une région difficile, marquée par la précarité et les difficultés sociales, mais était convaincue que l’éducation pouvait changer des vies. « Cet événement tragique démontre une fois de plus le manque de volonté des autorités ou leur incapacité à garantir la sécurité et la dignité des enseignants », s’agace la FNE dans un communiqué.
À lire :Réaction du ministère de l’Éducation après l’agression d’un enseignant à Berrechid
Une colère justifiée, car le cas de Hajar n’est pas isolé. 69 % des violences scolaires se déroulent à l’intérieur même des établissements, précise une étude conjointe de l’Unicef et du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS). Les élèves mais aussi les enseignants en sont victimes. À Fqih Ben Salah, un professeur de mathématiques a été violemment agressé en pleine salle de classe, le 8 avril dernier, par l’un de ses élèves, et a dû être admis d’urgence à l’hôpital. Après avoir exprimé sa solidarité avec le professeur agressé, le syndicat de l’enseignement affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT) a dénoncé une « montée inquiétante des violences contre les enseignants » et a réclamé des mesures de protection immédiates.
L’Union nationale du travail au Maroc (UNTM) a, dans un courrier adressé au ministre de l’Éducation nationale, appelé à revoir la circulaire n°867/14, accusée de fragiliser l’autorité des enseignants en laissant trop de latitude aux conseils de classe pour statuer sur les questions disciplinaires, sans réelle protection pour les professeurs.
À lire :Beni-Mellal : frappé par une enseignante, un élève dans un état critique
La FNE a appelé à observer des veillées de protestation durant les journées des 14 et 15 avril dans toutes les institutions de formation, ainsi qu’une grève générale le mercredi 16 avril dans la région Draâ-Tafilalet. Sur la toile, le hashtag (#NousSommesTousHajar) est devenu rapidement viral. Les internautes exigent une réforme urgente du cadre légal protégeant les enseignants. Aussi, réclament-ils davantage de moyens pour assurer leur sécurité physique et morale.