Maroc, pays de l’absurdité et de l’impunité

28 mai 2012 - 22h46 - Maroc - Ecrit par :

On ne cessera jamais de le répéter assez, notre pays est une exception. Nous savons nous détacher du lot quand il s’agit du ridicule et de paradoxes flagrants. Notre quotidien est constamment ponctué par des faits plus surprenants les uns que les autres, où chacun de nous peine à trouver de la cohérence et de la logique pour en expliquer les péripéties.

J’avais écrit un billet l’année dernière portant sur la cérémonie d’allégeance et ses fameux rites. Depuis, on a eu droit à une perfection de ces pratiques : Durant la récente nomination des walis, on a eu droit à des prouesses dignes des plus souples des colonnes vertébrales. Ces actes de soumission et de sujétion datant du moyen-âge ont lieu dans le pays du TGV et du Morocco Mall … Mais si l’acte de se prosterner peut étonner, attendez-vous aux réponses qui s’ensuivirent !

Notre cher Zemzemi, mufti spécialiste en sexologie et perversion a profité de l’occasion pour défendre ces actes et affirmer qu’ils expriment un certain « respect historique à la monarchie » … et que toute personne critiquant cela devrait se mêler de ses propres affaires à l’instar de Rissouni. Cher Zemzemi, on est bien obligés de supporter vos inepties sous le couvert de la liberté d’expression, mais vos propos commencent à sérieusement nous agacer tellement le taux de leur débilité est élevé. Ce qui fait plus mal que l’absurdité, c’est la justification de l’absurde.

Mais si l’absurde peut prendre la forme de propos, rien ne l’empêche de revêtir celle de mutisme. Mutisme que l’on retrouve chez notre cher gouvernement. Selon les préceptes de l’Islam, la prosternation n’est autorisée que pour le divin et reste prohibée pour l’humain. Où en est alors la langue de Benkirane et ses compagnons ? Où est la commanderie des croyants et la sage gouvernance qu’ils ne cessent de nous crier au parlement ? Le PJD se déclare comme parti à référence islamique, et maintenant qu’ils sont aux rênes leurs principes se sont soudainement évaporés ! À titre d’exemple, je me rappelle du monologue de Hakkaoui à propos de Mawazine l’année dernière où elle traitait un des spectacles programmés de « pornographie » durant sa diatribe. Tout cela s’est évaporé apparemment pour laisser place à Benkirane affirmant que « Mawazine a son public ».

Continuons de parler de Mawazine tant qu’on y est, j’étais contre l’annulation du festival et je le reste encore. Cependant, ce dernier a connu un fait bien surprenant qui met en exergue l’impunité marocaine : le préfet de la police de rabat a été tabassé par deux jeunes spectateurs devant le public, après des coups de fils, nos deux « fils à papa » ont retrouvé leur liberté.

La police, organe censé faire régner l’ordre et la sûreté retrouve son préfet tabassé et les coupables s’en tirent indemnes, cela ne peut se produire qu’au Maroc. Mais quand il s’agit d’un rappeur, fils du peuple nommé El Haqed, il suffit de lui coller un an de prison ferme pour avoir « manqué de respect » à la police via ses paroles et ses chansons ! Entre des paroles de rap et une raclée encaissée par le préfet en plein public, où se situe le manque de respect ?

Comble de l’ironie encore une fois : lors d’un sit-in de solidarité avec le préfet Moufid, des activistes ont été violemment dispersés … par des policiers. Allez comprendre !

Le constat est clair encore une fois : le Maroc reste le pays de l’absurdité et de l’impunité, l’état de droit et d’équité ne reste qu’un rêve dans le plus beau pays du monde.

Mahdi Zahraoui

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Festival Mawazine 2023 - Parti de la Justice et du Développement (PJD) - Criminalité - Mouad Belghouat - Bassima Hakkaoui

Ces articles devraient vous intéresser :

Le PJD évoque un lien entre le séisme et les péchés collectifs du Maroc

Le Parti de la Justice et du Développement (PJD) s’est exprimé sur le puissant et dévastateur tremblement de terre du 8 septembre qui a endeuillé le Maroc et a lancé un appel aux Marocains. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela ne devrait...

Maroc : Abdelali Hamieddine, ancien parlementaire, condamné pour meurtre

La Cour d’appel de Fès a rendu son verdict dans l’affaire de l’ex-parlementaire Abdelali Hamieddine, qui vient d’être condamné à une peine de 3 ans de prison ferme.

Maroc : la fumée de la chicha empoisonne l’école

Touria Afif, membre du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement (PJD), a interpellé le ministre de l’Intérieur et celui de l’Éducation nationale sur la prolifération des cafés à chicha à proximité des écoles au Maroc et plus...

Le PJD en colère contre le nouveau Code de la famille

Le parti de la justice et du développement (PJD) dirigé par Abdelilah Benkirane, affiche son opposition à la réforme du Code de la famille. Du moins, pour certaines propositions.

Jamaa Mouatassim démissionne du PJD, crise au sein de la formation islamiste

Le secrétaire général du Parti de la Justice et du développement (PJD), Jamaa Mouatassim, a démissionné vendredi du bureau du parti, après les rumeurs affirmant qu’il serait le conseiller politique d’Aziz Akhannouch, le chef du gouvernement.

Maroc : appel à l’arrêt immédiat des opérations d’abattage de chiens

Un collectif des associations marocaines de protection animale dénonce « des opérations brutales et inhumaines, de capture et d’abattage des animaux à travers tout le pays, incluant ceux déjà stérilisés, vaccinés et identifiés ».

Abdelilah Benkirane met en garde contre le capitalisme occidental

Le secrétaire général du Parti Justice et développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a dénoncé le capitalisme occidental qui, à terme, nuira au peuple et à l’économie marocaine.

Maroc : les réformes des lois sur les libertés individuelles passent mal

Les réformes des lois sur les libertés individuelles initiées par le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi sont loin de faire l’unanimité. Après le parti de la justice et du développement (PJD), parti de l’opposition, c’est au tour du parti de la...

Maroc : les tribunaux submergés après la levée des mesures restrictives

Depuis que l’amélioration de la situation épidémiologique au Maroc a entraîné l’assouplissement des mesures restrictives, la vie a repris dans les tribunaux avec une hausse considérable du nombre de plaintes, procès et affaires pénales.

Rappel à l’ordre du cabinet royal : quelle sera la réaction du PJD ?

Jusqu’à présent, le Parti Justice et développement (PJD), dirigé par Abdelilah Benkirane, s’est gardé de tout commentaire après la mise en garde du cabinet royal, mais il pourrait réagir dans les tout prochains jours.