La réforme du Code du travail qui est une exigence de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) ne reçoit par l’assentiment des syndicats qui estiment qu’il faut d’abord appliquer les dispositions du code du travail tel qu’il est conçu actuellement avant de parler d’une redynamisation. Le secrétaire général de la confédération démocratique du travail, Abdelkader Zair est catégorique sur la question. Il explique que bon nombre d’entreprises ont du mal à appliquer certaines dispositions du code actuel, telles que le remplacement des salariés grévistes par d’autres, l’absence de contrat du travail, le non-respect de la loi en cas d’accidents de travail, rapporte L’Observateur.
Mais pour la CGEM, le Code tel qu’il est, a montré ses limites et la crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus a mis en évidence la nécessité de procéder à une amélioration afin de l’assouplir. « On ne peut pas attendre 20 ans pour changer le code du travail. Le monde a changé autour de nous avec l’apparition de nouveaux modes de travail comme le cas des auto-entrepreneurs, le télétravail… et on ne peut pas rester figé », explique le président de la commission sociale de la CGEM, Hicham Zouanat. Il souligne que la France a changé son code de travail quatre fois durant la dernière décennie, contrairement au Maroc qui a attendu 30 ans pour changer l’ancien code en 2004 et semble suivre le même chemin avec l’actuel code de travail qui a déjà 16 ans.
D’après Hicham Zouanat, la flexibilité au niveau du Code du travail est très faible actuellement et conditionnée par de nombreux facteurs contraignants. « La preuve de ce manque de flexibilité, la mise en place lors de cette pandémie d’un décret de loi qui prévoit la suspension des contrats pendant cette période. L’économie a perdu près de 900 000 emplois lors de cette crise. En l’absence de ce décret de loi qui a protégé les salariés, il y aurait des millions de pertes d’emplois », souligne Zouanat. Pour lui, « une flexibilité responsable ne peut qu’encourager les entreprises à créer de l’emploi de qualité ». Il ajoute que « le Code du travail fait peur aux investisseurs. Il est facile de contractualiser une relation de travail mais difficile et coûteux de se séparer de l’un des salariés. L’idéal est donc de mettre en place un juste milieu et un bon curseur pour que les patrons et salariés ne soient pas lésés ».
Pour Abdelkader Zair, il ne s’agira pas de garder des positions tranchées mais d’être solidaires. « Déjà la généralisation de l’AMO est un grand pas en avant. Pour le reste, il faut arriver à un consensus qui verse dans le sens de la protection des salariés et leurs droits », estime le syndicaliste.