Maroc : Une année exceptionnelle !

12 février 2007 - 00h00 - Economie - Ecrit par : L.A

C’est une baisse du taux de chômage « flatteuse » pour le gouvernement à quelques mois des élections. L’année 2006 s’est en effet terminée sur un taux national de 9,7% en baisse de 1,4 point par rapport à 2005.

Mais à quoi tient ce « petit miracle » ? Un pays comme la France par exemple avait atteint 9,6% de taux de chômage en 2005. Mais la comparaison est très difficile, vu les niveaux des deux économies. En tout cas, les chiffres du Haut-Commissariat au plan risquent de soulever le scepticisme. D’ailleurs, la baisse du taux de chômage du deuxième trimestre (7,7%) avait créé une polémique autour de la méthode statistique utilisée.

Dans tous les cas, cette baisse du taux de chômage s’explique par la bonne conjoncture qui a caractérisé l’année 2006 : un taux de croissance de 8,19% officiellement annoncé par le ministre des Finances, Fathallah Oualalou, et une bonne performance de la majorité des secteurs. Seule exception, l’agriculture qui a bouclé le quatrième trimestre(1) sur une note négative en raison du manque de pluie. Pour 2006, les statistiques du HCP, réalisées selon les normes du Bureau international du travail, parlent de la création de 300.000 emplois nets.

Cette « performance » est attribuée aux services et aux BTP. Les grands chantiers lancés et les programmes d’habitat sont derrière la création de 107.000 postes de travail, soit un accroissement de 15,6% par rapport à 2005. Dans certaines régions, les opérateurs parlent même d’une pénurie de main-d’œuvre.

Mais, si en valeur relative, les BTP détiennent la palme, en valeur absolue les services se retrouvent en tête avec 215.000 emplois, un chiffre en augmentation de 6,4% par rapport à 2005. La restauration, l’hôtellerie, etc. sont les pourvoyeurs de postes. En 2006, le tourisme a enregistré des records en termes d’arrivées, de nuitées et de taux d’occupations. Ce qui s’est traduit par la création d’emplois. Pour sa part l’industrie n’a pas réalisé d’exploits : elle a créé 22.000 postes en augmentation de 1,8% par rapport à l’année dernière.

L’essentiel des postes de travail a été créé dans les villes où le taux de chômage s’est établi à 15,5% contre 18,4% un an plus tôt. Dans le milieu urbain, la population active en chômage est même passée sous le seuil « psychologique » du million. Elle s’est établie à 864.000 personnes contre un million l’année dernière.

Cette « embellie » a profité aux femmes et aux personnes âgées de 24 à 34 ans. Les premières ont vu leur niveau de chômage baisser de 4 points (20,9% en 2006) et les seconds de 5 points (21,2% en 2006).
Le chômage des diplômés est également en baisse de 4,9 points. Il est à 20,8%, un résultat attribué en partie à l’impact des mesures d’aide à l’insertion des jeunes.

Dans les campagnes, le chômage a quasi-stagné. Le manque de pluie enregistré au quatrième trimestre de l’année s’est soldé par une baisse de l’emploi non rémunéré de 191.000 postes. Il s’agit généralement des travaux agricoles effectués par les épouses ou encore les enfants et qui sont comptabilisés comme de l’emploi non rémunéré.

De manière globale, l’emploi agricole a reculé de 67.000 postes alors que les autres secteurs ont fourni 97.000 emplois. C’est le cas des BTP (39.000 postes) et des services (50.000 postes). Mais cela n’a pas empêché le stock de chômeurs dans le rural d’augmenter de 8.000 personnes.

L’Economiste - Khadija Masmoudi

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