Hotline : plus de 27.000 cas de violence envers les femmes au Maroc

10 avril 2007 - 01h46 - Maroc - Ecrit par : L.A

Le Gouvernement marocain, avec l’aide des Nations-Unies, a publié un rapport sur la violence contre les femmes. Ce rapport montre que la violence est essentiellement domestique et est le fait de membres de la famille.

Le Secrétariat d’Etat marocain à la Famille, à l’Enfance et aux Personnes Handicapées a publié ses premiers chiffres concernant la violence envers les femmes. Avec le soutien du Fonds des Nations-Unies pour la Population, le Secrétariat suit ce phénomène depuis 2005 par le biais d’une ligne téléphonique gratuite destinée à fournir aux femmes victimes de la violence une aide juridique et psychologique. Entre le 26 décembre 2005 et le 13 octobre 2006, cette hotline a documenté un total de 27 795 actes de violence commis par 15 075 auteurs, dont 77,8 pour cent étaient les maris des victimes.

Les statistiques ont été compilées par 26 centres d’appel nationaux, hébergés par diverses associations de femmes en partenariat avec le Secrétariat. En retour du soutien institutionnel, matériel et technique que fournit le gouvernement, ces centres s’engagent à améliorer et à réguler les services aux femmes et aux jeunes filles victimes de violences.

En présentant ce rapport, la Secrétaire d’Etat à la Famille, Yasmina Badou, a affirmé que les coûts associés à cette lutte contre la violence au Maroc s’étaient montés à 5,5 millions de dirhams en 2006. Ce chiffre inclut non seulement le soutien du Secrétariat aux associations de femmes, mais aussi les coûts de l’extension du réseau des centres d’écoute et des conseils donnés aux femmes dans les hôpitaux sous les auspices du Ministère de la Santé, et les fonds réservés pour la mise en place de représentants légaux publics auprès des tribunaux pour traiter les cas de ces femmes de manière circonstanciée.

Le rapport montre que 94,2 pour cent des appelants sont elles-mêmes des victimes, avec une moyenne d’environ 1 600 appels par mois, soit 54 appels par jour. Le rapport montre que 94 pour cent des appelants habitent en ville, et que 33 pour cent de tous les appels proviennent de Casablanca, Agadir, Marrakech et Fez.

Le Secrétariat présentera ce rapport aux associations luttant pour les droits des femmes, pour les aider à évaluer les modes d’enquête concernant les causes de cette violence, et sur la manière de réduire sa fréquence. Le rapport définit cinq catégories différentes de violence : la violence légale – non paiement des dépenses et négligence envers la famille ; la violence physique – coups et brûlures ; la violence psychologique – humiliation et menace ; la violence sexuelle – harcèlement sexuel et viol ; et la violence économique – saisie de salaire et de biens.

Les chiffres tirés de ce rapport montrent que 7 cas de violence sur 10 sont perpétrés à l’encontre de femmes âgées de 19 à 34 ans. L’âge des auteurs s’échelonne typiquement de 25 à 34 ans.

Huit appelant sur dix sont des femmes mariées, et à peine plus d’une sur dix est célibataire et salariée. Quatre pour cent des femmes qui ont appelé ont eu une relation avec l’auteur des violences en-dehors du mariage, 3,5 pour cent sont des femmes divorcées, et 0,3 pour cent sont des veuves.

Au vu de l’ampleur du phénomène constaté par ce rapport, de nombreuses associations de femmes ont demandé une politique gouvernementale claire pour fournir aux femmes un accès rapide aux tribunaux. Les associations ont exprimé leur dédain envers la violence non discriminatoire envers les femmes dans toutes les circonstances de la vie, souvent au sein même de leur propre famille, typiquement perçue comme devant être un lieu sûr.

Conscientes que les cas rapportés ne fournissent que peu d’informations complètes sur l’étendue véritable de la violence envers les femmes, les associations de femmes considèrent néanmoins que les cas identifiés par le biais de cette hotline sont le résultat direct de la meilleure prise de conscience des femmes de leurs droits.

Magharebia - Imane Belhaj

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