La dure réalité des Marocains des Pays-Bas
Qu’il s’agisse de la première ou de la deuxième génération, les Marocains résidant aux Pays-Bas font face à d’énormes difficultés sur les plans social et économique.
Les Marocains et Turcs âgés aux Pays-Bas font face à des défis spécifiques qui contribuent à leur sentiment de solitude. Des facteurs tels qu’une santé plus fragile, un statut socio-économique inférieur et un sentiment de contrôle limité sur leur vie peuvent intensifier cette solitude. De plus, des barrières linguistiques, la discrimination et des attentes filiales non satisfaites jouent également un rôle, selon une étude qui vient d’être publiée.
Les premiers travailleurs migrants marocains et turcs sont arrivés aux Pays-Bas dans les années 1960 et 1970, principalement en tant que jeunes hommes peu instruits cherchant à échapper à la pauvreté dans leur pays d’origine, relate Weekly IUSSP magazine. Mais, contrairement aux attentes, ils ne sont pas retournés massivement dans leur pays d’origine, et de nombreux migrants ont fait venir leurs familles via le regroupement familial. Au fil des ans, la population âgée d’origine marocaine et turque aux Pays-Bas a considérablement augmenté,
Entre 1990 et 2020, le nombre de personnes âgées marocaines a été multiplié par dix, tandis que le nombre de personnes âgées turques a été multiplié par près de huit. Au 1ᵉʳ janvier 2022, il y avait 62 700 personnes âgées marocaines et 68 500 personnes âgées turques vivant aux Pays-Bas. Ces chiffres devraient continuer à augmenter à l’avenir, ce qui soulève des questions sur le bien-être et la solitude de ces populations âgées.
Un sentiment d’appartenance qui limite la solitude
La solitude est plus répandue chez les migrants marocains et turcs âgés que chez les adultes néerlandais. Des études ont montré que plus de la moitié des migrants marocains et turcs âgés de 55 à 64 ans se sentent modérément seuls, et un quart des migrants turcs âgés se sentent gravement seuls. Ces taux sont beaucoup plus élevés que ceux observés chez les adultes néerlandais. La solitude n’est pas nécessairement liée au fait de vivre seul ou d’avoir peu de contacts sociaux, car les migrants marocains et turcs âgés ont souvent un partenaire et vivent avec leurs enfants, estiment les auteurs.
En fait, les migrants marocains et turcs âgés ont en moyenne plus d’enfants que les adultes néerlandais plus âgés, et ils vivent plus souvent avec un ou plusieurs de leurs enfants. De plus, ils vivent souvent plus près de l’un de leurs enfants adultes que les adultes néerlandais. Ces différences peuvent être attribuées à leurs caractéristiques socio-démographiques et économiques, ainsi qu’aux normes de solidarité familiale plus fortes au sein des communautés marocaines et turques.
De même, les migrants marocains et turcs âgés résident principalement dans les grandes municipalités, où ils sont entourés de personnes de même origine ethnique. Ces liens communautaires peuvent offrir une protection contre la solitude sévère et contribuer à leur bien-être social. Cela crée un sentiment d’appartenance à leur propre groupe ethnique, ce qui peut atténuer leur sentiment de solitude.
Malgré ces facteurs favorables, les migrants marocains et turcs âgés sont plus susceptibles de se sentir seuls que les adultes néerlandais en raison de certains facteurs de risque. Les chercheurs ont identifié trois facteurs de risque importants. Tout d’abord, les migrants marocains et turcs âgés ont souvent des problèmes de santé plus importants, ce qui peut limiter leur participation sociale et augmenter leur sentiment de solitude. Ensuite, le statut socio-économique plus bas des migrants peut réduire leurs possibilités de participer à des activités sociales et de créer des liens. Enfin, les expériences de discrimination, les barrières linguistiques et les attentes filiales non satisfaites peuvent également contribuer au sentiment de solitude chez les migrants âgés.
Aller plus loin
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