
Travailleurs migrants : le Québec durcit les règles du jeu
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Le Maroc figure parmi les premiers pays d’origine des immigrants permanents au Québec. Le plurilinguisme de ceux-ci est-il une menace pour la langue française ?
En 2024, le Québec a accueilli 59 500 immigrants permanents, un chiffre légèrement supérieur à celui de 2023 (52 800). Avec 5 % des admissions, le Maroc occupe la sixième place dans le classement des 10 premiers pays d’origine des immigrants permanents au Québec l’an dernier. Le Cameroun est devenu, pour la première fois, le principal pays d’origine des immigrants permanents au Québec en 2024, avec 7327 admissions (15 % du total). Il est suivi par la France (12 %) et la Chine (8 %). La Tunisie occupe la 4ᵉ place 7 % tandis que l’Algérie prend la 5ᵉ place avec 6 % des admissions.
Le plurilinguisme des immigrés africains – surtout maghrébins – est-il une menace pour la langue française ? « Ce qu’on constate, c’est que ces immigrants arrivent en disant : “Moi, ma langue maternelle, c’est l’arabe et le français. J’ai été socialisé dans les deux langues, avec un univers qui se passait parfois dans l’une, parfois dans l’autre” », explique le professeur en sociologie à l’Université Laval Richard Marcoux. « C’est différent de dire : “J’ai été élevé à Rabat, à Alger ou à Cotonou” », ajoute le professeur qui revient tout juste de Dakar, au Sénégal. L’expérience de Hocine Taleb, un jeune Algérien arrivé au Québec à l’âge de 18 ans, en est la parfaite illustration.
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Durant son enfance, il a été scolarisé en arabe à l’école publique. Il est exposé au français partout dans l’espace public, surtout à la télévision, et il parle kabyle avec sa famille et ses amis, fait savoir Le Devoir. « Techniquement, ma langue maternelle est le kabyle, mais aujourd’hui, je pense davantage en français que dans les autres langues », explique celui qui a atteint la trentaine. Il a un emploi en informatique où il utilise majoritairement le français et, à l’occasion, l’anglais. Malgré une décennie déjà passée au Québec, il a un accent « de Français de France », un pays où il n’a pas vécu.
À l’opposé de ses détracteurs, Marcoux affirme : « On part du consensus que le français est fragile et il a besoin d’une attention particulière. Mais on ne voit pas le plurilinguisme comme une menace à la langue. On dit seulement qu’il faut prendre la réalité en compte, et cette réalité est le plurilinguisme. » Le chercheur insiste sur l’importance de faire avancer les politiques déjà en place, surtout sur l’obligation d’envoyer ses enfants à l’école en français. Son souhait, c’est qu’on cesse de voir la langue plurielle comme un facteur d’anglicisation ou de déclin du français.
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Et de conclure : « On veut, nous aussi, que nos institutions continuent à fonctionner en français, mais on ne s’inquiète pas quand les gens échangent entre eux dans des conversations privées en arabe ou en espagnol. Ce n’est pas ça la menace à mes yeux ».
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