Dans la ville marocaine, chaque porte est unique et raconte une histoire. Ornée de gravures et de décorations, elle reflète un savoir-faire artisanal et la richesse culturelle du royaume. Le chercheur en architecture Mohamed Jamal Eddine Benaatiyya y voit une diversité comparable à celle de la pensée humaine et de sa créativité. « Selon le tracé de la ligne de référence, qui sert à déterminer les centres de dessin des arcs lors de leur construction, l’observateur attentif doit distinguer entre l’arc en plein centre, et l’arc brisé à deux points, dit « pointé à quatre centres » », explique-t-il auprès d’Al Jazeera.
Plusieurs types d’arcs se retrouvent sur les portes traditionnelles marocaines. On distingue l’arc Khayt (arc bas en forme de poignée de panier), le Mukhawsar (une forme géométrique composée de quatre parties d’un cercle disposées en forme de lettre « S »), l’arc avec rokhwi (orné de motifs suspendus appelés rokhwi), et l’arc avec kharsana (arc à multiples lobes orné de décorations appelées kharsana). Pour Benaatiyya, la porte de l’école Ben Youssef à Marrakech est l’une des plus imposantes, témoignant d’un savoir-faire artisanal exceptionnel. Outre Marrakech, on retrouve aussi ces portes dans des villes historiques comme Meknès, Rabat, Fès et d’autres.
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Le chercheur en histoire marocaine Hicham Al-Ahrash fait observer pour sa part que les portes des maisons au Maroc comportent une « couronne » et non des tours, ainsi que des décorations végétales au-dessus de l’arc en fer à cheval, et un porteur (ou linteau) qui soutient les parties supérieures, généralement de forme carrée. La porte principale des maisons est réalisée en bois, sans ornement particulier sauf des clous en fer et un encadrement en pierre sculptée, détaille le chercheur marocain, soulignant qu’elle s’ouvre à droite et donne sur un ou plusieurs couloirs menant à la cour intérieure. Un plan conçu pour préserver l’intimité de la maison.
Quant aux portes intérieures des maisons, elles sont constituées de deux battants identiques qui reflètent la richesse et le statut social des propriétaires. On y trouve des portes de taille moyenne ou basse, mais aussi de grandes portes semblables à celles de l’école historique Ben Youssef. Al-Ahrash précise qu’il est fréquent de voir la date de construction inscrite sur les portes des maisons, mais aussi des mosquées, écoles et autres monuments. La plupart de ces maisons traditionnelles à Marrakech sont devenues des sites touristiques et des centres culturels, et ont été restaurés par l’architecte belge Quentin Wilbaux, assisté par le chercheur en patrimoine Abdellatif Aït Ben Abdellah.