Maroc : les Amazighs demandent que "Id Yennayer" soit férié
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La normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël en échange de la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara fait le bonheur des militants de la cause amazighe. Ils soutiennent ce rapprochement historique mais ne reçoivent pas en retour le soutien des autorités israéliennes.
Les militants amazighs marocains arborent le sourire du bonheur au point qu’ils proposent d’ériger le 10 décembre en date anniversaire, fait savoir Le Monde. « Le symbolisme historique de l’événement doit être célébré », soutient la Confédération Atlas Transift, une coalition d’associations amazighs du Haut Atlas marocain. Certains militants berbères perçoivent l’État hébreu comme un modèle de réussite de réappropriation d’une terre ancestrale. « Depuis l’époque de la colonisation, les amazighs ont vu leur culture et leur histoire rejetées et réprimées, note Mohamed El Ouazguiti, coordinateur de la Confédération Atlas Transift et créateur du site d’information AmazighWorld. Parallèlement, au Moyen-Orient, les Hébreux, victimes du même sort, sont arrivés à faire revivre leur identité et même leur langue. »
En 2000, la décision du Maroc de fermer son bureau de liaison à Tel Aviv suite à la deuxième intifida n’était pas du goût de certains militants amazighs. En 2005, un projet de groupe d’amitié entre Berbères et Israéliens est créé. Face à la polémique, l’initiative ne prospère pas. Facebook et WhatsApp leur servent désormais de moyens de communication. Mais avant cet épisode, il existait déjà une structure de coordination des associations amazighes créée en 1995 à l’échelle internationale. Il s’agit du Congrès mondial amazigh (CMA). Selon Mohand Tilmatine, l’un des fondateurs de cette organisation et chercheur sur la question berbère, cette organisation s’est même inspirée du modèle du Congrès juif mondial (CJM) fondé en 1936 pour devenir le « bras diplomatique du peuple juif » mais surtout de défendre l’établissement d’un foyer juif en Palestine.
« Le modèle israélien est très apprécié par un pan de la société militante amazigh, mais cette comparaison a ses limites, précise-t-il. Les amazighs ont été discriminés sur une terre qu’ils n’ont jamais quittée. » En 2016, ils font encore bouger les lignes. Certains militants berbères marocains se sont rendus à Tel Aviv où ils ont discuté avec des membres de la communauté juive marocaine ainsi qu’avec des députés de la Knesset. Cette visite avait provoqué la colère des associations propalestiniennes qui avaient demandé avec insistance aux autorités marocaines de poursuivre en justice toute personne se rendant en Israël pour « intelligence avec l’ennemi ».
L’eau a coulé sous les ponts. Personne ne s’en est pris aux associations amazighes qui ont manifesté leur joie suite au rétablissement des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël. Pour autant, cette sympathie proisraélienne n’a littéralement entamé la solidarité avec la Palestine. Selon bon nombre de militants amazighs, celle-ci s’identifie à un panarabisme – mouvement politique et culturel visant à unifier les peuples arabes dans les années postindépendance –, ce qu’ils désapprouvent. Ils considèrent le panarabisme comme une idéologie exclusive menaçant l’identité religieuse et ethnique plurielle de l’Afrique du Nord.
Alors que les militants berbères s’enthousiasment pour le rapprochement entre le royaume et l’État hébreu, les autorités israéliennes semblent ne pas soutenir publiquement le mouvement amazigh. « Je ne dispose d’aucun lien avec le mouvement amazigh. C’est un mouvement politique. En tant que représentant de l’État israélien auprès du Maroc, je ne souhaite aucunement commenter les affaires marocaines », a d’ailleurs déclaré à Hespress David Govrin, chargé d’affaires d’Israël à Rabat.
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