En 2022, le Maroc a enregistré un pic historique dans les recettes issues des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE), atteignant 110,7 milliards de DH, soit une progression de 16 % par rapport à 2019, d’après le dernier rapport de...
Là-bas, l’échec scolaire, la marginalisation et le refuge intégriste les guettent. Ici, il n’y a pas de place pour eux ; de toute façon ils n’en veulent pas, toute idée de retour définitif étant écartée.
C’est l’été, le temps du retour pour les vacances. En voiture, par avion ou en bateau, nos MRE rappliquent en masse des quatre points cardinaux, accessoirement des Amériques, mais surtout d’Europe. Plus particulièrement de la rive nord de la Méditerranée, France, Espagne, Italie. Notre population de MRE a changé dans sa structure par âge et dans son mental. Les jeunes, natifs des pays d’accueil, ont un rapport au Maroc qui n’est pas celui de leurs aînés. Ce n’est plus “le bon vieux bled” du “bon vieux temps” qu’ils portent dans leurs têtes. Leur Maroc, ils le savent différent.
Ils l’aiment pour sa différence. Mais ils voudraient tout autant qu’il soit le plus approchant des pays d’où ils viennent, où ils vivent. Sans sacrifier au fameux “choc des civilisations”, disons que c’est le dilemme de la jeune génération de l’émigration.
Leur culture d’origine est du genre plutôt résiduel. Elle s’arrête au couscous, au tagine et à un dialectal avec un fort accent de la banlieue parisienne. Beaucoup pratiquent la religion du père. Certains, vaguement, d’autres ardemment.
À leur débarquement au Maroc, tant qu’ils sont sur une autoroute, le dépaysement n’est pas ressenti. Au-delà, l’impression de safari se précise. Le réflexe de la comparaison s’enclenche. Les stigmates du sous-développement en matière d’équipement et de certains comportements gênent.
Le doute s’incruste, le malaise s’installe. Ces jeunes, culturellement assis entre deux chaises, prennent conscience qu’ils naviguent entre deux mondes. Où se termine celui des autres ; où commence le leur ? C’est toute la quadrature du cercle.
Là-bas, l’échec scolaire, la marginalisation et le refuge intégriste les guettent. Ici, il n’y a pas de place pour eux ; de toute façon ils n’en veulent pas, toute idée de retour définitif étant écartée. Le piège de l’émigration, qu’elle soit réussie ou pas, finit toujours par se refermer.
La seule fenêtre d’aération demeure ce pèlerinage annuel “au pays”.
Dans leurs bagages, nos MRE, particulièrement les jeunes d’entre eux, ne ramènent pas que des fripes. Ils y mettent aussi un référentiel de liberté et d’environnement démocratique. S’ils en trouvent ici toujours un peu plus, année après année, le choc est amorti.
Sinon c’est la grande déception. On souhaite qu’il n’en soit pas ainsi. Car nous les aimons, nos jeunes MRE. Pour la simple raison qu’ils seront toujours les enfants du Maroc.
Ces articles devraient vous intéresser :