
Maroc : une deuxième usine géante de dessalement en projet à Nador
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Face à la sécheresse persistante et au stress hydrique, le Maroc a opté pour une solution inédite, mais coûteuse : l’irrigation avec l’eau dessalée.
Sans l’eau dessalée, « on ne serait plus là », affirme auprès de BFMTV, Abir Lemseffer, directrice générale adjointe du groupe Azura, géant de la production de tomates cerises dans le sud du Maroc. Dans la plaine de Chtouka, à une soixantaine de kilomètres d’Agadir, le groupe franco-marocain irrigue près de 800 hectares de cultures avec l’eau dessalée. Depuis 2022, la station de dessalement de la région fournit 125 000 m³ d’eau par jour pour l’irrigation de 12 000 hectares de primeurs et 150 000 m³ par jour pour l’eau potable destinée à 1,6 million d’habitants de la ville et ses environs, explique Ayoub Ramdi, responsable au sein de l’Office régional de mise en valeur agricole. La station ambitionne de fournir 400 000 m³ par jour d’ici 2026, dont la moitié destinée à l’irrigation.
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Le Maroc compte 16 stations de dessalement d’une capacité totale de 270 millions de m³ par an et prévoit d’atteindre 1,7 milliard de m³ par an d’ici 2030. Quelque 1 500 agriculteurs ont adopté l’irrigation avec l’eau dessalée dans la région du Souss-Massa dont relève Agadir. En revanche, de nombreux autres n’ont pas les moyens d’opter pour cette solution en raison de son coût élevé. L’eau dessalée est vendue à 0,48 euro le m³ (5 dirhams hors taxe) contre en moyenne 0,096 euro par m³ (1 dirham) pour des eaux conventionnelles. « Je ne peux pas me permettre d’utiliser cette eau, car elle est chère », confie un agriculteur qui irrigue son demi-hectare de courgette et de poivron avec l’eau d’un puits partagé par soixante agriculteurs.
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L’eau dessalée coûte encore plus cher à la sortie de l’usine : 1,05 euro par m³ (11 dirhams). « Le coût de l’eau dessalée réduit considérablement le nombre des cultures pouvant être irriguées, car elle n’est amortie que par des cultures à très haute valeur ajoutée », explique pour sa part l’agronome Ali Hatimy. Abondant dans le même sens, Rqia Bourziza confirme que l’irrigation à l’eau dessalée est une « très bonne alternative », surtout « lorsqu’elle est utilisée dans des cultures à haute valeur comme les tomates ou l’arboriculture ». Toutefois, relève Hatimy, « la production de l’eau dessalée demande énormément d’énergie électrique et les rejets de saumure ont un impact sur les écosystèmes marins ».
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La région du Souss-Massa fournit 85 % des produits maraîchers marocains destinés à l’exportation. La région produit près de deux millions de tonnes par an sur 29 000 hectares, réalisant un chiffre d’affaires de près de 940 millions d’euros, selon le ministère de l’Agriculture. Selon Ayoub Ramdi, un agriculteur de 38 ans, la station de dessalement a permis d’éviter une perte de plus de 860 millions d’euros en valeur ajoutée, et de préserver plus d’un million d’emplois par an. « Avant, je ne cultivais que cinq hectares, car j’étais conditionné par la quantité d’eau que j’avais. L’eau de nappe n’était pas suffisante », assure-t-il. « Soit on accepte de sacrifier une partie de la marge en utilisant de l’eau dessalée, soit on met la clef sous la porte », conclut Abir Lemseffer.
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