Ce qu’il faut savoir sur les prérogatives du CSCME

12 juin 2007 - 10h45 - Maroc - Ecrit par : L.A

Abdelhamid El Jamri, membre du Comité d’experts nommé par leCCDH, nous livre les premières tendances lourdes qui se dégagent des quatre consultations de la diaspora marocaine.

Quel premier bilan dressez-vous des 4 consultations qui se sont déroulées à Rabat ?

Ces différentes consultations nous ont confirmé un certain nombre d’idées et d’hypothèses et elles nous ont permis de découvrir de nouveaux aspects, notamment positifs, de la migration marocaine. D’abord, nous avons fait le constat de l’adhésion totale, sans aucune exception rencontrée, des marocains de l’étranger à la dynamique lancée par le CCDH suite la demande royale. Tous les marocains rencontrés ont exprimé leur souhait de voir aboutir ce processus sur la construction d’une politique migratoire qui permettra une meilleure prise en charge de leurs situations, leurs difficultés, les problèmes qu’ils rencontrent à la fois dans les pays de résidence ou dans le pays d’origine.

Il faut savoir que ces communautés ne sont plus ouvrières, elles sont à l’image de la société marocaine et à l’image des pays d’accueil, allant du simple ouvrier au scientifique de haut niveau en passant par l’élu ou le responsable politique.

Et sur le sujet « sensible » de l’exercice de la double citoyenneté ?

L’une des questions qui ont été soulevées et qui nécessite le plus d’examen, c’est celle liée à la citoyenneté. Citoyenneté ici et là bas, citoyenneté de résidence, double citoyenneté, citoyenneté des enfants d’immigrés qui ne sont plus des immigrés mais des nationaux dans leurs pays respectifs, la relation de la citoyenneté avec l’allégeance et la loyauté au Maroc et au pays de résidence,...

Et bien entendu, dans le cadre de la citoyenneté, se pose la question de la reconnaissance et de la participation des marocains de l’étranger à la gestion de la chose publique, notamment par le biais de la participation politique, par le droit de vote et à l’éligibilité.

Quant aux consultations à l’étranger, elles nous ont permis de rencontrer plusieurs acteurs et personnes ressources qui ont exprimé leur point de vue sur les principaux problèmes comme le rôle de l’Etat marocain dans le règlement de ces problèmes ou sur leur vision du prochain Conseil Supérieur des Marocains du monde. Les échanges, même s’ils ont été parfois agités, ont été riches et ils ont créé une dynamique certaine.

A ce jour, le Comité d’experts va s’attaquer à la synthèse de ces réunions consultatives. Comment ces travaux seront-ils conduits ?

Effectivement, bien que les consultations dans les pays vont continué encore pendant une semaine ou deux, le comité a commencé à synthétiser les conclusions à partir de tout ce qu’il a vu, ce qu’il a entendu, analysé et constaté. Notre travail avance et se fait de façon collégial, en réunion de groupe, en sous groupes. En dehors des réunions, bien que nous résidions dans des pays différents, nous utilisons les NTIC pour rester en contact pratiquement en permanence.

La concertation est donc permanente. Le résultat de nos travaux montrera cette concertation et reflètera aussi les différents points de vue des membres du groupe. Mais cela reste quand même une charge de travail importante qui nécessite beaucoup de disponibilité, de patience et de résistance devant les différentes pressions que nous pourrions subir car tout le monde souhaite être partie prenante de la dynamique. Notre rapport sera présenté au CCDH avant la fin du mois courant.

N’est-ce pas un peu court comme délai ?

C’est court mais nous nous déployons pour que ce délai soit respecté. En outre, le CCDH doit examiner et valider nos travaux avant de les remettre à Sa Majesté et de passer à la phase opérationnelle.

Doit-on s’attendre à une modification du paysage institutionnel ? Rôle des Fondations, du ministère de tutelle,...avec la création du Conseil Supérieur ?

L’objectif du Conseil Supérieur des Marocains du monde (CSCME) n’est pas de remplacer l’administration marocaine. Selon moi, son rôle sera politique. De plus, il aura certainement la charge d’être consulté sur un certain nombre de sujets qui concernent la migration marocaine et il sera une force de propositions quant à la vie des institutions publiques.

Le CSCME ne sera ni un ministère ni une fondation. Ce sera un Conseil qui représentera et défendra les intérêts des marocains de l’étranger par une participation à la gouvernance publique. Ces membres viendront majoritairement d’ailleurs et apporteront beaucoup de richesse, notamment celles des bonnes pratiques de la démocratie, de la rigueur et du bon sens. Ils sauront faire les propositions idoines, notamment pour un meilleur fonctionnement de l’administration marocaine qui sera bénéfique pour tous les citoyens marocains. Les marocains de l’étranger veulent être considérés comme tous les marocains avec l’ambition affichée de tirer les pratiques vers le haut.

Et enfin, que retenez-vous de cette expérience unique en son genre ?

Je retiens d’abord qu’elle est unique dans le monde ! Lors des différentes consultations, nous avons rencontré beaucoup de nouveaux visages, des compétences que nous n’avions pas l’habitude de rencontrer et qui n’étaient pas présentes dans les débats habituels. Aussi, ces consultations on cassé les clivages droite/gauche et nous avons pu réunir des personnes de tous horizons de pensée.

L’image forte que je garde de ces rencontres, c’est que les marocains de l’étranger savent ce qu’ils veulent. Ils sont conscients de leur situation, sont prêts à s’investir encore plus pour le développement du Maroc. Beaucoup d’entre eux sont prêts à assumer pleinement leur citoyenneté marocaine et ils attendent qu’une nouvelle politique le leur permette. Beaucoup d’entre eux sauront assurer un équilibre entre la citoyenneté de résidence et celle du pays d’origine, à l’image d’un participant parisien aux consultations qui déclarait « moi je n’ai pas de problème de citoyenneté, quand je suis en France, j’ai ma République et quand je suis au Maroc, j’ai mon Commandant des croyants ».

L’évènement majeur qui aura marqué ces consultations, restera la disparition du regretté Driss Benzekri et je profite de votre tribune pour présenter à nouveau mes condoléances à sa famille, aux membres du CCDH, et à l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme.

La Nouvelle Tribune - Rachid Hallaouy

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Conseil consultatif des droits de l’homme - Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) - Abdelhamid El Jamri - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

Cri d’alarme des enseignants marocains en France

Des professeurs de langue arabe et de culture marocaine, officiant à la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger, dénoncent le retard dans le traitement de leurs demandes de « mise en disponibilité administrative ».

Le Maroc veut séduire les MRE avec un programme logement sur mesure

Le ministère de l’Aménagement du territoire national a lancé une vaste campagne d’information à l’intention des Marocains du monde. Intitulée « L’Urbanisme et l’Habitat au service des Marocains du Monde », cette initiative vise à faciliter l’accès des...

Les MRE ont boudé les locations de voiture cette année

Les professionnels du secteur de la location de voitures au Maroc se plaignent de la faible demande notée au cours de cette saison estivale par rapport aux années précédentes.

De nouvelles mesures pour simplifier la vie des MRE

Le Maroc a pris de nouvelles mesures pour simplifier la vie des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Il s’agit de la généralisation des systèmes de « Rendez-vous » et du « eTimbre » à l’ensemble des Missions diplomatiques et des Postes consulaires du...

Agression de MRE en Europe : le parlement marocain interpellé

Un parlementaire du parti de l’Istiqlal vient d’appeler Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération africaine, à agir pour combattre les attaques racistes répétées ciblant les Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Le Maroc s’attend à un retour massif de MRE

Le Maroc règle les derniers détails pour l’accueil des Marocains résidant à l’étranger (MRE) dans le cadre de l’Opération Marhaba 2024. Cette année, les préparatifs ont démarré plus tôt que prévu, la célébration de l’Aïd al-adha oblige.

Le Maroc propose un nouveau programme religieux aux MRE

En raison du contexte politique négatif en Europe, le ministère des Habous et des Affaires islamiques entend réviser sa politique d’encadrement religieux des Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Immobilier au Maroc : les MRE surveillés ?

Des promoteurs immobiliers sont accusés de ne pas avoir déclaré d’importantes sommes reçues auprès de Marocains résidant à l’étranger (MRE) en vue de l’achat d’appartements au Maroc.

Marhaba 2025 : message important aux MRE

Le ministère du Transport et de la Logistique informe l’ensemble des Marocains résidant à l’étranger (MRE) souhaitant rentrer au Maroc via les ports du royaume dans le cadre de l’opération Marhaba 2025 des mesures préventives nécessaires à prendre pour...

Mohammed VI : un discours centré sur les MRE

Dans son discours à l’occasion du 49ᵉ anniversaire de la Marche verte, le roi Mohammed VI a annoncé une réforme dans le mode de gestion des affaires des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Ceci, en vue de mieux répondre aux besoins de cette communauté.