« Je suis désolé pour toutes les victimes, les personnes innocentes tuées dans les quatre coins du monde. […] Pour ce qui est des faits, je ne suis pas capable de vous donner des informations. Dès lors, je ne sais pas si je vais pouvoir être d’une grande utilité dans ce procès », a prévenu d’emblée Yassine Abaaoud, après avoir décliné son identité. L’étudiant de 26 ans témoignait en visioconférence depuis le siège du parquet fédéral belge à Bruxelles, jeudi dernier.
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« Par rapport à mon frère Abdelhamid, je ne sais rien. Notre famille est dans le doute, car on n’a pas vu son corps, ni de photo. Il y a des légendes qui circulent pour dire qu’il serait encore en vie et que ce n’est pas lui qui a commis ces attentats », explique Yassine Abaaoud, ajoutant que sa famille était “sceptique” à propos de son décès. La dernière fois qu’il a eu son frère au téléphone remonte à janvier 2015. « Il a dit qu’il venait d’y avoir les attentats de Charlie Hebdo et que ça n’était que le début », raconte le témoin.
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Interrogé sur la radicalisation de son aîné et de ses projets macabres, Yassine répond : « Mon grand frère a quitté le domicile familial à 16 ans. Je ne connaissais pas ses activités, ses fréquentations ». Abdelhamid était parti en Syrie en janvier 2014, avec leur petit frère Younès alors âgé de 13 ans. Ce départ a mis Yassine en difficulté. La justice marocaine l’avait condamné pour « apologie du terrorisme » et « non-dénonciation de crimes terroristes ». « Je ne comprends pas pourquoi j’ai été détenu au Maroc », dit-il.
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Insatisfaite des réponses de Yassine, une avocate de partie civile, tente de lui tirer les vers du nez. « Vous avez perdu deux frères (Le petit Younès serait, lui aussi, mort en Syrie, NDLR) ça a dû entraîner un choc dans votre famille… ». « Je préfère ne pas en parler », rétorque Yassine Abaaoud. Il accepte de répondre pour les victimes. « Je vais vous répondre. Ma famille s’est brisée, en gros ça n’a pas été facile pour aucune personne. On espère toujours le retour de mon petit frère. Et on en paye encore les pots aujourd’hui. On était des commerçants sans histoire et tout a changé. Vivre ici en Belgique sans mes parents. Mes parents sont séparés. Ça n’a pas été facile et c’est toujours pas facile ».