Rabat : loyers exorbitants, logements délabrés, étudiants en détresse

19 août 2024 - 08h30 - Economie - Ecrit par : S.A

Alors que la rentrée scolaire approche à grands pas, les étudiants, les stagiaires et certains salariés ont du mal à trouver un logement ou une chambre à louer dans les plus grandes villes, surtout à Rabat, en raison de la flambée des prix en immobilier. Les « plus chanceux » qui en trouvent sont victimes de l’« avidité » des courtiers.

À Rabat, des prix exorbitants sont demandés pour des logements « délabrés » et « inhabitables » par des intermédiaires opérant de manière « anarchique » et en dehors de la loi. Tel est constat fait par le site Madar 21 lors d’une tournée dans le quartier de Yacoub Al Mansour, connu pour attirer les étudiants, les stagiaires et certains employés en raison de sa proximité avec divers services essentiels. « Cette flambée des prix est principalement due à la forte demande de logements dans les quartiers de la capitale. […] Auparavant, la plupart des citoyens à la recherche d’un logement se tournaient vers les quartiers populaires en raison de leurs prix plus bas et de leur proximité avec les services essentiels. Malheureusement, même ces quartiers populaires ont désormais des loyers élevés », a expliqué au média en ligne Abdelali Errami, président de l’Association nationale pour le développement social et culturel à Rabat. Il justifie « cette forte demande par la présence dans la capitale d’universités, de centres hospitaliers et d’administrations centrales, ce qui fait que la demande de logements dépasse largement l’offre, entraînant ainsi une augmentation anarchique des loyers. » Cet acteur de la société civile n’a pas manqué de fustiger « l’exploitation abusive du besoin des citoyens et l’augmentation des loyers à des niveaux exorbitants sans aucun contrôle ». Pour inverser la tendance, il insiste sur l’importance de « fixer un plafond pour les loyers afin de mettre fin aux abus de ceux qui profitent du besoin de logement pour réaliser un gain non éthique ». Il suggère aux citoyens de faire appel aux agences immobilières opérant dans le cadre légal afin d’échapper à l’« avidité » des courtiers et demande à ces agences d’« aider les demandeurs de location au lieu d’augmenter les prix de leurs services ».

À lire :Immobilier au Maroc : l’Etat veut vous obliger à payer les taxes

« Les propriétaires de logements locatifs exploitent la forte demande pour imposer des prix qui leur rapportent de gros bénéfices, notamment ceux situés à proximité des universités ou des centres-villes en raison de leur forte attractivité. […] À certains endroits, cette exploitation devient inacceptable avec des loyers atteignant des niveaux astronomiques », s’offusque Wadie Madih, président de la Fédération nationale des associations de consommateurs, pointant l’inadéquation entre la qualité de ces logements loués et les prix demandés. « Parfois, ces appartements ou chambres ne respectent même pas les normes minimales d’habitabilité en termes de propreté ou de ventilation », déplore-t-il. Selon lui, cette crise s’explique par le « modèle qui se base sur la loi de l’offre et de la demande sans prévoir de moyens pour contrôler la qualité de ces logements ». Alors que « la loi de l’offre et de la demande exige une surveillance des pratiques des intermédiaires et des propriétaires qui mettent leurs logements en location », « son exploitation anarchique est ce qui empêche son application correcte et conduit les citoyens ordinaires à subir les conséquences de ce chaos », explique-t-il. Il a fait savoir que ce chaos touche tous les secteurs, pas seulement celui du logement ou de la location. « Nous ne ressentons pas que la loi nous protège, en tant que consommateurs, des griffes de ces profiteurs et extorqueurs », fustige Madih, déplorant « l’absence d’organismes pour écouter les citoyens lorsqu’ils sont victimes d’arnaques de la part d’une agence ou d’un courtier immobilier ». Il tient en outre le demandeur de logement pour responsable de cette crise : « […] Le citoyen porte une part de responsabilité dans cette crise. […] Il est impossible de rechercher des prix bas et une qualité élevée, d’éviter de traiter avec des intermédiaires sans statut légal, et de se plaindre ensuite de l’exploitation, de l’extorsion et des arnaques ».

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - Rabat - Etudiants - Prix

Aller plus loin

A Marrakech, le calvaire des transports en commun

Les habitants de Tamansourt, en particulier les étudiants et des stagiaires qui poursuivent leur formation à l’Institut de Formation professionnelle rencontrent d’énormes...

Immobilier au Maroc : l’Etat veut vous obliger à payer les taxes

L’administration des impôts a mis en place une nouvelle mesure pour lutter contre la fraude fiscale dans l’immobilier.

Les dessous peu reluisants de la location saisonnière au Maroc

Quels sont les problèmes rencontrés par les propriétaires d’appartements destinés à la location temporaire durant l’été, notamment dans les zones touristiques dans le domaine du...

Fin du rêve français pour les étudiants marocains ?

La France est de moins en moins la destination préférée des étudiants marocains qui lui préfèrent désormais l’Allemagne, l’Espagne et même la Chine.

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : une école mise en vente avec ses élèves ?

Au Maroc, un agent immobilier se retrouve malgré lui au cœur d’une polémique après avoir publié une annonce de vente d’une école privée en incluant les élèves.

Le rêve immobilier qui tourne au cauchemar pour de nombreux Marocains

Au Maroc, l’acquisition d’un bien immobilier est un long chemin parsemé d’embûches pour de nombreuses familles en raison des problèmes récurrents auxquels est confronté le secteur.

Aide au logement : Un vrai succès chez les MRE

Fatima Zahra Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, confirme l’intérêt des Marocains résidant à l’étranger (MRE) pour le nouveau programme d’aide directe au logement.

Immobilier au Maroc : ces transactions « au noir » qui échappent à l’Etat

Le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville a certes renforcé la transparence et la clarté des transactions immobilières à travers la numérisation du processus d’octroi d’aide au...

Litige en copropriété au Maroc : la justice donne raison au résident

La justice marocaine a débouté un syndic de propriétaires qui demandait d’enjoindre un résident à s’acquitter de la somme de 5 700 dirhams correspondant aux cotisations mensuelles.

Maroc : du changement pour les transactions immobilières

Au Maroc, des modifications ont été apportées à certaines dispositions du Code des droits réels, notamment l’article 4. Voici ce qui va changer pour les transactions immobilières.

Vente d’un bien au Maroc : ce que permet l’avis préalable pour les MRE

Vendre un bien immobilier en tant que Marocain résidant à l’étranger peut entraîner un impôt sur les profits fonciers, sauf dans certains cas d’exonération. Pour éviter toute incertitude ou contestation future, les contribuables ont la possibilité de...

BTP : Le Maroc en mode « chantier permanent »

Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) marocain est en plein essor. En 2024, l’investissement public dans ce domaine a connu une augmentation fulgurante de 56 % par rapport à l’année précédente, atteignant un montant de 64 milliards de...

Maroc : l’aide au logement booste le marché de l’immobilier

Au Maroc, le nouveau programme d’aide à l’acquisition de logements est susceptible d’apporter une bouffée d’oxygène au marché immobilier.

Immobilier : le Maroc traque les fraudeurs

Le Maroc serre la vis face aux fraudeurs dans l’immobilier. Face aux importants préjudices causés à l’économie nationale par les paiements au noir, le gouvernement a décidé de passer à l’action, prévient Nadia Fettah Alaoui, ministre de l’Économie et...