De nombreux fidèles musulmans devront changer leur façon de vivre le mois du Ramadan. Pas de rassemblements pour de grands repas du soir (iftar), pas de prière nocturne à la mosquée (tarawih), pas de réunion entre amis jusque tard dans la nuit, pas de voyage dans les villes saintes de l’islam.
Au Moyen-Orient par exemple, le confinement est généralisé avec des mesures restrictives strictes soutenues dans la plupart des cas par les autorités religieuses. "Nos cœurs pleurent", se désole le muezzin de la Grande mosquée de La Mecque, désertée. En dehors des mesures individuelles à chaque pays, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait déjà suggéré "l’annulation des rassemblements sociaux et religieux", y compris "dans des lieux associés aux activités du Ramadan, tels que les lieux de divertissement, les marchés et les magasins". Elle précise néanmoins que le confinement ne dispense pas les musulmans "en bonne santé", de jeûner "comme les années précédentes".
En Iran, en Turquie comme en Russie, la communauté musulmane est appelée "à éviter tout rassemblement, sans pour autant négliger la prière". Au Kosovo et en Albanie, deux pays qui ont une très forte communauté musulmane, "les fidèles sont priés d’observer les rites religieux à la maison". C’est pareil en France, en Autriche, en Allemagne et en Bulgarie.
En Allemagne, les mosquées resteront fermées, même si "la levée progressive des restrictions est prévue dans les prochaines semaines". En lieu et place des rassemblements et des prières à la mosquée, il est prévu par les lieux de cultes berlinois des "récitations du Coran", des "prières" et des "allocutions en ligne". Aux Pays-Bas, des services de prière du Ramadan seront diffusés en streaming aux fidèles.
L’Afrique subsaharienne n’échappe pas à la vague de confinement et de fermeture des mosquées. Le Sénégal, un pays musulman à plus de 90 %, se prépare à un Ramadan tout autant spécial, avec interdiction des prières collectives et fermeture des mosquées. Si ce n’était pas la pandémie du coronavirus, le Ramadan est "traditionnellement une période de réunions et de déplacements". Mais cela ne pourrait se faire cette année, puisque les mouvements entre les villes sont proscrits par les autorités.
Si dans certains pays, la communauté musulmane facilite la tâche aux autorités, dans d’autres pays comme ceux d’Asie, les mesures de sécurité sanitaires sont plus difficiles à mettre en place. "La foi l’emporte parfois sur toute autre considération". C’est le cas au Pakistan où "les imams ont convaincu les autorités de ne pas fermer les lieux de culte".
Au Bangladesh, les dignitaires religieux ont balayé d’un revers de la main les recommandations sanitaires des autorités, qui ont appelé à réduire la fréquentation des mosquées. "L’islam ne soutient pas l’imposition d’un quelconque quota de fidèles", a déclaré un imam appartenant à l’un des principaux groupes d’imams du pays.