Sahara : l’Algérie suspend les échanges commerciaux avec l’Espagne

8 juin 2022 - 21h20 - Espagne - Ecrit par : P. A

Après l’interdiction de l’importation des bœufs espagnols en avril, l’Algérie veut étendre la mesure à tous les produits commerciaux en provenance d’Espagne. Cette décision viole l’accord d’association avec l’Union européenne de 2005.

Des commerçants algériens se sont réunis mardi devant le ministère du Commerce pour dénoncer les restrictions à l’importation des produits en provenance d’Espagne. L’un des manifestants, Ashour Yahyaoui, a expliqué que les autorités douanières l’avaient informé de l’interdiction d’importer des produits espagnols. L’information lui a été ensuite confirmée par le ministère du Commerce qui l’a exhorté à ne plus acheter les produits espagnols.

Les autorités algériennes n’ont pas réagi officiellement à ce boycott du marché espagnol qui aurait causé des pertes de 5 millions d’euros par mois en ce qui concerne la viande bovine, selon un responsable du secteur. La semaine dernière, l’Algérie a donné le coup de grâce aux opérateurs économiques qui font des transactions avec l’Espagne. « Ceux qui font affaire avec des entreprises espagnoles sont appelés à chercher des solutions alternatives », a expliqué une source algérienne qui a requis l’anonymat.

À lire : L’Algérie ferme son marché à l’Espagne

Cette décision des autorités algériennes viole l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne de 2005, lequel interdit les restrictions non tarifaires et les discriminations comme celles pratiquées par l’Algérie concernant les produits espagnols. En 2019, l’Espagne était le quatrième fournisseur de l’Algérie, derrière l’Italie et devant l’Allemagne, avec des exportations de 2,929 milliards de dollars (2,735 milliards d’euros), selon les données de la Direction algérienne du commerce extérieur.

L’exécutif espagnol pourrait dénoncer l’Algérie devant le comité d’association UE-Algérie, mais elle aurait du mal à prouver cette discrimination envers les produits espagnols qui n’est basée sur aucune déclaration ni ordonnance. « L’Algérie pourrait admettre qu’elle ne respecte pas l’accord avec l’UE, mais elle pourrait également alléguer qu’elle agit ainsi parce que le gouvernement espagnol a violé le droit international en reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara », commente un avocat conseil des autorités algériennes.

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