Structuration de l’islam de France : la volte-face d’Emmanuel Macron

10 février 2020 - 16h00 - France - Ecrit par : I.L

Le chef de l’État français, Emmanuel Macron, avait promis mettre sur pied le plan de lutte contre le communautarisme et la structuration de l’Islam de France. Mais plusieurs semaines après cette promesse, les concepts semblent changer.

Selon Le Monde, le plan de lutte contre le communautarisme devrait finalement comporter un volet sur la structuration de l’islam de France, même si au départ, le président de la République avait toujours refusé de mélanger les deux sujets. Le chef de l’État estime que cela pouvait provoquer des amalgames dangereux, précise le même média.

Pour ce plan, il est également prévu un renforcement des relations entre l’État et le Conseil français du culte musulman (CFCM), une instance créée en 2003 par Nicolas Sarkozy pour – déjà – régler les questions de pratique religieuse des musulmans en France. D’après la même source, il s’agit "d’une institutionnalisation du CFCM et de ses chapitres départementaux dans un plan de lutte conte l’islam politique".

Sur le sujet, le chef de l’État avait invité à ne pas faire d’amalgame. Pas question d’établir un parallèle entre le communautarisme, aujourd’hui en pleine expansion dans certains quartiers, et la pratique de leur religion par les musulmans, avait souhaité le chef de l’État. Le président de la République française avait tenu le même discours en octobre dernier, après l’attaque au couteau à la Préfecture. Dans son allocution, Emmanuel Macron avait précisé, dans un esprit d’apaisement, qu’il ne fallait "en aucun cas" y voir "un combat contre une religion mais bien contre son dévoiement et ce qui conduit au terrorisme".

Les proches du président attribuent le changement de discours au fait qu’il se serait laissé convaincre sur la non-dissociation des trois termes à savoir la radicalisation, le communautarisme et l’Islam. À en croire un proche du président français, Emmanuel Macron s’est rendu compte que les notions sont entremêlées. "Si on veut lutter contre l’islam politique, il faut s’agréger les musulmans, qui demandent à en être protégés. Le plan a donc été réagencé.", soutient-on.

Même si ce virage était attendu par certains députés de la majorité, très remontés sur le sujet, l’Élysée a décidé de ne plus parler de "communautarisme", mais plutôt de "séparatisme" pour justifier son plan. "Le but n’est pas de mettre la société sous tension, mais bien au contraire, d’apaiser", explique-t-on à l’Élysée.

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