Dans l’éditorial de sa revue El Djeïch, le ministère algérien de la Défense a indiqué qu’il poursuit « sans relâche le renforcement et le développement de ses capacités de défense, et la construction d’une armée forte et redoutée », soulignant que ce choix « découle de la conscience de l’Algérie quant à l’ampleur des défis actuels et futurs à relever dans un monde en proie à de nombreuses turbulences et tensions, dans un contexte international et régional marqué par l’instabilité et l’insécurité ».
Le ministère a également mis en avant la « diplomatie algérienne active », visant à « rétablir la stabilité politique et sécuritaire dans son voisinage instable et imprévisible ; et ce, en conformité avec ses principes fondamentaux reposant sur le bon voisinage, le refus de l’ingérence dans les affaires intérieures des États, le respect de leur souveraineté nationale et de leur intégrité territoriale, ainsi que la résolution pacifique des conflits et des crises, en privilégiant le dialogue et la négociation, et en rejetant la logique de la force ».
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Dans une déclaration à Hespress, Chawki Benzehra, opposant algérien, a affirmé que « le régime en place en Algérie a intensifié son discours belliqueux ces dernières années, notamment contre le Royaume du Maroc, qu’il accuse de chercher à déstabiliser l’État algérien et à compromettre sa sécurité nationale », soulignant que « le discours des responsables politiques et militaires algériens est empreint d’exagération et de dramatisation, dans le but de susciter un sentiment de patriotisme et de détourner l’attention des citoyens des véritables crises qu’ils subissent ».
Et de poursuivre : « Faire allusion à une éventuelle guerre avec le Maroc, prétendre que cela nécessite un surarmement et une vigilance accrue, ou parler de complots extérieurs supposés, vise à créer un climat de peur à l’intérieur du pays, et à inciter les citoyens à se ranger derrière le pouvoir dans ses choix et ses politiques ; toutefois, cela ne reflète pas nécessairement une volonté réelle d’affrontement, mais sert plutôt à alimenter le sentiment de menace extérieure et à maintenir le contrôle interne par une poigne sécuritaire, sous prétexte d’une conjoncture régionale sensible ».
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Jawad Kassimi, chercheur en relations internationales et en droit international, a déclaré pour sa part que « le discours du ministère algérien de la Défense s’inscrit dans un contexte régional et international tendu, où l’État algérien fait face à une série de défis, notamment dans ses relations avec les pays voisins, comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso, tensions qui ont abouti à une rupture des relations, et tente de renforcer sa position régionale ».
Le chercheur en relations internationales et en droit international a en outre précisé que « ce discours algérien peut s’expliquer par la domination d’une élite militaire algérienne imprégnée d’une vision géopolitique héritée de la guerre froide, qui considère ce discours comme le plus adapté, au lieu de développer une nouvelle approche répondant aux défis contemporains ; ce qui laisse la diplomatie algérienne sans vision stratégique renouvelée, apte à défendre ses intérêts réels ».