À l’ouverture de la session parlementaire le Roi appelle les élus à « faire preuve de sérieux et de responsabilité », à mieux expliquer l’action publique et à ancrer la justice sociale au cœur d’une nouvelle génération de programmes territoriaux.
Dans son discours à l’occasion de l’ouverture de la dernière année du mandat parlementaire, le roi Mohammed VI a fixé un cap sans ambiguïté : achever, expliquer, rendre des comptes. Saluant le travail législatif, le contrôle de l’action gouvernementale et la diplomatie parlementaire, il a exhorté les élus à élever le niveau d’exigence :
« Nous vous invitons à vous employer avec sérieux et responsabilité à mener à bonne fin les processus législatifs […] et à demeurer alertes et engagés à plaider la cause des citoyens. »
Achever, expliquer, associer
Le Souverain refuse l’opposition stérile entre infrastructures et protection sociale :
• « Il ne devrait y avoir ni antinomie ni rivalité entre les grands projets nationaux et les programmes sociaux. »
• Il insiste sur la pédagogie des réformes : la communication autour des lois et des décisions, « notamment celles ayant trait directement aux droits et aux libertés des citoyens », n’est pas l’apanage du gouvernement.
• « Cette mission n’est pas du seul ressort du gouvernement. Elle est l’affaire de tous, et vous, les parlementaires, êtes en première ligne. »
• Partis, élus locaux, médias, société civile : toutes les forces vives sont appelées à relayer, expliquer et encadrer.
Justice sociale et égalité spatiale, cap stratégique
Reprenant l’esprit du dernier Discours du Trône, Mohammed VI ancre le diptyque justice sociale / réduction des inégalités territoriales comme axe cardinal et durable des politiques publiques :
« Le diptyque “justice sociale et lutte contre les inégalités territoriales” est loin d’être un slogan creux. »
Le véritable thermomètre du progrès, souligne-t-il, se lit au niveau local, là où les citoyens éprouvent concrètement la présence de l’État.
Une nouvelle génération de programmes territoriaux
Le Roi attend des programmes « plus rapides, à plus fort impact », fondés sur des données de terrain précises et « l’utilisation des technologies numériques ». Changement de paradigme :
« La transformation (…) requiert un changement significatif des mentalités et des méthodes de travail, ainsi qu’un véritable enracinement de la culture du résultat. »
La relation gagnant-gagnant entre zones urbaines et rurales est érigée en principe d’action, avec quatre leviers prioritaires : initiatives économiques locales, emploi des jeunes, éducation, santé, adossés à la mise à niveau territoriale.
Trois priorités d’aménagement clairement ciblées
• Montagnes et oasis : reconsidérer ces territoires (30 % du pays) via « une politique publique intégrée » qui valorise leurs spécificités et potentiels.
• Littoral : opérationnaliser la loi et le Plan national du littoral pour concilier essor économique et préservation des ressources marines :
« Le but est d’assurer l’équilibre nécessaire entre le développement accéléré de ces espaces et les exigences de leur protection. »
• Centres ruraux émergents : étendre le programme national pour proximiser les services administratifs, sociaux et économiques et encadrer l’urbanisation.
Tolérance zéro pour l’inefficacité
Face aux lenteurs, doublons et gaspillages, le ton se durcit :
« Toute négligence affectant l’efficacité et la rentabilité des investissements publics est inadmissible. »
Mot d’ordre : désencombrer les procédures, traquer les pratiques « chronophages, énergivores et avides de ressources », et rendre des résultats mesurables.
Un appel final à l’unité et à l’éthique publique
Le Roi invite majorité et opposition à « mobiliser toutes les énergies » et à faire primer l’intérêt supérieur de la Nation. Il conclut sur un rappel spirituel qui donne une portée morale à l’action publique :
« Quiconque fait un bien fût-ce du poids d’un atome, le verra, et quiconque fait un mal fût-ce du poids d’un atome, le verra. »