Le roi Mohammed VI devrait prononcer un discours ce vendredi 10 octobre à Rabat, à l’occasion de l’ouverture des travaux du Parlement. Un discours très attendu par le collectif GenZ 212, à l’origine des manifestations organisées dans plusieurs villes marocaines depuis le 27 septembre dernier, pour réclamer des réformes dans les secteurs de la santé et de l’éducation.
« Nous tenons à vous informer que le mouvement de protestation sera temporairement suspendu jusqu’à jeudi, […] afin de se réorganiser pour garantir une plus grande efficacité », a annoncé le collectif de la jeunesse marocaine GenZ 212 dans un communiqué publié sur Facebook. Une pause annoncée avant le discours que le roi Mohammed VI devrait prononcer ce vendredi 10 octobre à Rabat, à l’occasion de l’ouverture des travaux du Parlement. « Surnommé il y a plusieurs décennies le « roi des pauvres » du Maroc, il doit aujourd’hui faire face à une opinion publique déçue par la lenteur des progrès et l’aggravation des inégalités économiques », fait observer Associated Press.
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« Gen Z 212 » organise, depuis le 27 septembre, des manifestations dans de nombreuses villes marocaines. Les revendications de ce mouvement portent principalement sur les questions de l’éducation, de la santé, de l’emploi – le chômage des jeunes a atteint 36,7 % en 2024, avec 492 000 jeunes de 15 à 24 ans sans emploi – et de la justice sociale. À l’origine de ces manifestations sociales, la mort à l’hôpital public d’Agadir de huit femmes enceintes admises pour césariennes. Les troubles ont fait 3 morts et 400 blessés à travers le pays. Des incidents isolés de pillage et d’incendie ont été signalés dans certaines villes. Ces troubles sont les plus importants depuis les manifestations du Printemps arabe de 2011, qui ont incité le roi Mohammed VI à déléguer certains pouvoirs au Parlement. Ils sont également les plus violents depuis les manifestations de 2016 dans la région du Rif.
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Jeudi soir, de nombreux manifestants disaient attendre avec impatience le discours du roi Mohammed VI, et qu’ils espèrent qu’il répondra à leurs demandes et apaisera leur colère envers des hommes politiques comme le chef de gouvernement Aziz Akhannouch, dont ils ont réclamé la démission. « Le peuple veut que le roi intervienne », ont scandé les manifestants. Le souverain devrait revenir sur des thèmes qu’il a déjà abordés lors de moments de troubles passés et dans un discours prononcé plus tôt cette année, croit savoir la même source. Dans ce discours, il avait déclaré qu’il n’accepterait pas un « pays à deux vitesses » rempli d’inégalités. « Quelles que soient les infrastructures construites et le niveau de développement économique atteint, je ne serai satisfait que si nos réalisations contribuent, de manière tangible, à l’amélioration des conditions de vie des citoyens de toutes les classes sociales, et dans tous les domaines et régions », déclarait-il dans un discours prononcé en juillet à Tétouan, la ville côtière où il passe une grande partie de l’été.
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Dans une correspondance adressée au palais royal il y a plus d’une semaine, les manifestants ont appelé à la destitution d’Aziz Akhannouch et de son gouvernement, à la libération des détenus politiques et à la création d’une instance chargée de demander des comptes aux responsables politiques corrompus. « Nous, la jeunesse du Maroc, demandons à votre majesté d’intervenir pour une réforme profonde et juste qui rétablisse les droits et punisse les corrompus », écrit le groupe dans la lettre. Une action commentée par Abdeslam Maghraoui, politologue à l’Université Duke : « Les gens disent “Vive le roi”, mais ils montrent aussi qu’ils savent qu’il est responsable et que le pouvoir est entre ses mains ».